Durant deux journées, les 28 et 29 août, le Cnesco organise on université d’été avec un thème central : les travaux d’évaluation. Le 28 août N Mons a ouvert au CESE une matinée consacrée aux évaluation des politiques publiques, un thème pas tout à fait choisi au hasard tant l’évaluation revient en leitmotiv dans les déclarations du nouveau ministre de l’Education nationale. Conseil chargé d’évaluer les politiques scolaires, le Cnesco se retrouve au coeur des critiques et des connaissances sur l’Ecole. Une position pas toujours facile.
Evaluations et publicité
« Les réformes ne se gagnent que si l’ensemble des parties prenantes adhèrent », a rappelé Nathalie Mons, présidente du Cnesco en ouvrant la journée consacrée aux rapports entre l’évaluation des politiques publiques et la démocratie. Une affirmation que des exemples récents viennent de démontrer…
Mais elle évoque aussi les nombreux rapports qui finissent par orner les armoire sde la rue de Grenelle , qui restent sans effet. Plus grave, l’évaluation peut être strictement manageriale, destinée aux experts et laissant de coté les citoyens. C’est pourtant seulement en associant les professionnels qu’on peut faire accepter des réformes. Elle rappelle les nombreuses conférences de consensus organisées par le Cnesco dont les résultats sont largement diffusés.
Evaluations et démocratie
« Il ne suffit pas de donner une voix au peuple. Il faut aussi veiller à ce que l’oeil du peuple joue un rôle ». La citation de Bentham est utilisée par Pierre Rosanvallon, du Collège de France, pour montrer l’évolution du rôle de l’évaluation dans notre démocratie.
Il montre une démocratie « en rendement décroissant » par la désociologisation des partis politiques et la pression d’un exécutif d eplus en plus fort sur les assemblées. Dans cette démocratie moderne, l’évaluation des politiques publiques peut etre un outil de controle si elle est plurielle. C’est pour lui un outil de réflexivité.
Bruno Palier, LIEPP Sciences Po, revient sur les difficultés des évaluations. « Tant que l’exécutif sera le commanditaire et le réceptionnaire d’une évaluation on n’en tiendra pas compte », explique-t-il. L’évaluation doit être indépendante, publiée et pluraliste. Autant dire qu’il prèche pour des agences indépendantes.
Quel devenir des évaluations en éducation ?
En quoi tout cela concerne-t-il l’Ecole ? Celle-ci façonne les experts et les dirigeants qui ne tiennent pas compte des évaluations. Grand producteur d’évaluations, le ministère dispose de plusieurs organismes : depp, Inspection générale, Cnesco. On sait qu’une bonne partie des travaux ne sont jamais publiés ou doivent attendre une alternance politique.
Le ministère peut à la fois se commander des travaux d’évaluation couteux et sophistiqués pour finalement ne pas en tenir compte comme nous l’avions montré pour l’évaluation des besoins en postes dans les académies et les circonscriptions du primaire.
Informer les professionnels c’est prendre le risque du changement y compris le changement non voulu. L’obsession du nouveau ministre pour l’évaluation entre dans ces problématiques comme le montre le même jour la communication sur les nouvelles évaluations de CP et de 6ème.
François Jarraud