Les accords PPCR menacés ? Alors que la question budgétaire devient pour l’Éducation nationale la question prioritaire, deux syndicats, le Sgen Cfdt et l’Unsa Fonction publique, annoncent une éventuel « report » des accords de revalorisation du PPCR. L’interview donnée par G Darmanin, ministre des comptes publics, au Parisien le 11 juillet apporte plus de questions que de réponses. Elle renvoie directement aux silences de JM Blanquer. Et aux sous-entendus du ministre des comptes publics en conseil de la fonction publique.
5 milliards d’économies en 2017
Selon l’entretien donné au Parisien le 11 juillet, Gérald Darmanin confirme l’objectif de 4 à 5 milliards d’euros d’économies en 2017. Selon le ministre, les économies porteront surtout là où on ne les attendait pas : près d’un milliard sur la Défense, 500 millions pour l’intérieur, 100 millions sur l’Aide publique au développement. Pour le reste, le ministre se fait fort de trouver quelques milliards « sur la gestion du parc des voitures » des ministères et « avec des appels d’offres mieux négociés ». On demande à voir…
Le PPCR menac
Dans l’Éducation nationale, où 95% du budget correspond à du salaire, les enseignants sont aux premières loges. En quelques jours ils ont appris le gel du point Fonction publique, puis le rétablissement du jour de carence. D’après le Sgen Cfdt, ce sont maintenant les accords PPCR qui sont menacés. « Le ministre de l’action et des comptes publics a tenu hier des propos inquiétants en conseil commun de la fonction publique concernant le protocole PPCR », a révélé le Sgen Cfdt lors du CTM du 11 juillet. Le Sgen demande « une clarification sur ce point et la continuité des engagements de l’État ». L’Unsa Fonction publique confirme : « Gérald Darmanin envisage une perspective qui porterait un nouveau coup aux agents : le report du calendrier de montée en charge de PPCR ».
Le « report » des accords PPCR c’est une économie de 700 à 800 millions pour l’Éducation nationale. Ça voudrait dire que la revalorisation ferait une « pause » probablement définitive. Pour les enseignants, les deux revalorisation des indices prévues pour le 1er septembre 2017 et le 1er janvier 2018 seraient annulées. Et probablement les suivantes, les 1er janvier 2019 et 2020. Par exemple, un certifié 4ème échelon devait passer à l’indice 529 au 1er septembre puis à 539 au 1er janvier 2018.
L’Himalaya de JM Blanquer
Pour l’Éducation nationale, le ministre se veut relativement rassurant. « Il y a une économie de 75 millions. Mais il n’y aura pas de postes de professeurs supprimés pour la rentrée scolaire », dit-il . Enfin, « nous tiendrons l’intégralité des promesses du président de la République ».
75 millions, dans un budget de plus de 60 milliards, c’est faisable. Mais les propos du ministre sont largement à décrypter. Par exemple, ne pas supprimer des postes pour la rentrée ne veut pas dire grand chose puisque les seuls emplois qui sont supprimables pour la rentrée, les contractuels, ne sont pas des postes. Par contre G Darmanin a bien confirmé que 120 000 postes de fonctionnaires seraient supprimés sur le quinquennat.
Ce qui compte, c’est plutôt ce que ne dit pas G Darmanin. Car le défi budgétaire se renforce chaque jour pour l’Éducation nationale. Pour 2018, c’est un véritable Himalaya que JM Blanquer va devoir gravir.
Pour faire face au doublement des CP et CE1 de Rep et Rep+, une promesse d’E Macron, l’Éducation nationale doit trouver 9500 postes en 2018. Il était prévu que 5000 seraient créés, soit 250 millions. Pour 9500 c’est presque le double. Darmanin n’en parle pas. Et on ne l’imagine pas augmenter le budget du ministère.
L’Éducation nationale doit aussi financer le PPCR (700 millions), les « devoirs faits » (150 millions), le glissement vieillesse technicité (en clair l’avancement) pour 300 millions, la prime Rep+ (200 millions). Au total, les engagements du ministre et du président représentent plus d’un milliard de charges nouvelles pour l’Éducation nationale. Ce qui supposerait une augmentation d’autant du budget.
Or 2018 c’est l’année où le gouvernement doit faire plus de 20 milliards d’économies selon l’audit qu’il a fait connaitre le 4 juillet. Depuis, E Macron a ajouté la réforme de la taxe d’habitation et celle de l’ISF, soit au total 10 milliards supplémentaires à trouver. Quand on demande au ministre des comptes publics comment il va faire, il répond, dans Le Parisien, qu’il réfléchit à « des réformes structurelles ».
Quelle pourrait être la part de l’Éducation nationale ? On ne voit pas comment le gouvernement, qui a déclaré qu’aucun ministère ne sera sanctuarisé, pourrait épargner un ministère qui dépense un quart du budget de L’État et emploie la moitié de ses fonctionnaires.
Alors décryptons un peu. Il n’y aura peut-être pas de baisse très importante du budget de l’Éducation nationale en 2017. Mais, au mieux, tous les engagements annoncés, JM Blanquer devra les financer à budget constant. En 2018 ce sera très probablement pire.
Sortir du non-dit
De Bercy à Grenelle, il va bien falloir à un moment sortir des non-dits ou des petites phrases et présenter un budget. C’est-à-dire se prononcer clairement sur les coupes qui sont probablement déjà décidées. Car des pistes se dessinent notamment avec une réforme du lycée lancée dès 2018 qui pourrait s’accompagner d’une réduction de l’offre scolaire. Il va falloir dire quels postes seront supprimés ou transférés. Les Fables de La Fontaine c’est pour les enfants.
François Jarraud
PPCR : Une revalorisation importante
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