Comment réduire le déficit public ? En prélevant sur les fonctionnaires, a décidé le gouvernement. Deux mesures ont été décidées en ce sens : le gel du point Fonction publique et le rétablissement de la journée de carence. Cette dernière mesure fait davantage réagir les syndicats que la première. Mais cette réaction est-elle justifiée ?
Les syndicats
« Pour réduire les arrêts maladie, il faut agir sur les conditions de travail, renforcer la médecine de prévention, quasi inexistante pour une majorité de fonctionnaires et développer des mesures pour améliorer la qualité de vie au travail », répond la FSU à l’annonce gouvernementale de rétablissement du jour de carence.
N’empêche, les syndicats qui ont mollement réagi au gel, sont davantage vigoureux sur le jour de carence. Il faut dire que la mesure n’est pas flatteuse pour les fonctionnaires.
Ainsi la FSU » exige des mesures concrètes pour améliorer la qualité de vie au travail dans la Fonction Publique : c’est une question d’intérêt général. »
Du coté du Se-Unsa, on s’adresse directement au ministre. » Monsieur Darmanin, sachez que les enseignants et personnels d’éducation, parce qu’ils sont des professionnels engagés et responsables, n’abusent pas des congés, ne sont pas plus absents que les autres salariés et ne s’absentent pas pour des convenances personnelles. Pour le SE-Unsa, cette mesure sonne comme une nouvelle provocation et un manque de reconnaissance de l’implication des fonctionnaires dans leur mission au service de l’État. »
Que sait-on de « l’absentéisme » enseignant ?
Selon une étude de la Depp, 43% des enseignants ont pris en 2012-2013 un congé maladie ordinaire pour une durée moyenne de 16,2 jours. Si l’on rapporte cette durée en moyenne par enseignant on obtient une absence moyenne de 6,7 jours. Un nombre apparemment tellement considérable qu’en octobre 2014 un rapport de l’Institut Montaigne, un think tank proche du ministre actuel, avait proposé de faire pointer les enseignants pour lutter contre cet « absentéisme ». Pourtant la même étude montre que ces congés sont liés pour àla féminisation du corps enseignant et à la maternité.
Les enseignants sont -ils plus souvent absents que les autres fonctionnaires ? Selon la Depp, la durée moyenne du congé maladie ordinaire (CMO) est de 6,6 jours par enseignant ce qui est inférieur à la moyenne de la fonction publique (7,1 jours). Parmi les ministères au plus fort nombre, signalons les services du premier ministre (10,2), la Justice (8,7), l’Intérieur (8) et… le ministère du travail (8,5).
Les enseignants sont ils plus absents que les salariés du privé ? Une étude de la Dares (ministère du travail) de février 2013 a calculé le taux d’absentéisme par branche professionnelle. Ce taux est de 3,2% pour les enseignants soit moins que la moyenne nationale (3,6%). Les taux les plus élevés se trouvent dans le bâtiment ou la santé. D’une façon générale, le taux varie selon le niveau de souffrance physique ou psychologique au travail et selon la catégorie sociale. Les ouvriers sont trois fois plus absents que les cadres. Des réalités qui résistent aux leçons de morale…
Où faire des économies ?
Mais le vrai motif du rétablissement c’est l’économie que le gouvernement en attend. La mesure est censée rapporter 400 millions (sur 12 mois) selon la Cour des comptes. Le gouvernement souhaite récupérer 5 milliards en 2017. Le gel du point Fonction publique permettra d’économiser, selon la Cour des comptes, 2 milliards sur 12 mois. C’est dire que le gouvernement est bien décidé à faire des économies sur le dos des fonctionnaires.
Et qu’on est encore loin des 5 milliards. La Cour propose encore le gel de l’avancement, les suppressions de postes ou l’augmentation du temps de travail. Affaire à suivre…
François Jarraud