Le Centre Pompidou consacre une importante rétrospective à Hervé Fischer, pionnier de l’art numérique et le théoricien de l’art sociologique. Après 1968, Hervé Fischer utilise l’art pour amener à une conscience de l’absurdité du monde économique, financier, éthique dans une belle analyse du monde en images. L’exposition présente les divers aspects de son activité depuis les œuvres autour de la notion d’art sociologique, réalisées au début des années 1970, jusqu’aux grandes toiles récentes, fruits d’une réflexion économique, philosophique et éthique sur la société. L’exposition « Hervé Fischer et l’art sociologique » se clôt par une démarche interactive avec le public à partir de smartphones, autour du hashtag #conscienceaugmentee.
Le sociologue de l’art
Initié par Hervé Fischer dans les années 1970, l’art sociologique est un questionnement sur une vision du monde, sur des valeurs, sur des engagements. Auteur de nombreux ouvrages théoriques sur l’art sociologique et numérique, Hervé Fischer lie art et philosophie, avec un regard constant sur l’actualité socio-économique et sur les nouvelles technologies. Le public est invité à découvrir une sélection d’œuvres d’Hervé Fischer, réalisées entre 1971 et 2016. L’exposition s’ouvre sur l’œuvre de l’artiste, du début des années 1970 jusqu’au milieu des années 1980, puis explore son travail de la fin des années 1990 à aujourd’hui, pour se consacrer en conclusion aux pratiques numériques et à une réflexion autour de leurs nouveaux usages.
Un parcours en trois étapes thématiques
« Art et société » ouvre l’exposition sur les œuvres produites entre 1971 et 1983, par lesquelles l’artiste franco-canadien questionne le fonctionnement idéologique de l’art, les rapports entre art et société. Il veut que l’art renoue avec la réalité sociale. Après la révolution de 1968, Il utilise l’art pour amener à une conscience de l’absurdité du monde économique, financier, éthique. Ces œuvres qui interrogent le fonctionnement idéologique de l’art, témoignent de ses prises de position contre l’élitisme qui domine alors dans le milieu artistique. Les œuvres de cette période sont traversées d’éléments récurrents comme les panneaux de signalisation, les pilules …elles explorent les clivages culturels, sociaux et politiques en mettant en lumières les obligations, les interdits et les orientations qui sont imposés. Un espace évoque aussi l’école sociologique interrogative qui rassemblait les artistes de l’époque pour des débats et confrontations.
Le peintre de la cyberplanète
La deuxième salle, « Utopies numériques », est consacrée aux technologies numériques auxquelles Hervé Fischer s’intéresse à partir des années 1980. Les visiteurs sont projetés dans un univers rempli de codes-barres, débordant de langages binaires et de diagrammes, figures emblématiques des puissances financières et économiques que l’artiste place avec humour sous les projecteurs, espérant mettre en lumière leur cruauté glaçante. Pour étayer sa démarche artistique, il affirme que Cézanne ne peindrait plus la montagne Sainte-Victoire, mais des actions boursières… car la planète est devenue financière. Il invente une peinture narquoise dans laquelle il jongle avec les graphiques des crises boursières, de la météo, de la pollution…Ainsi le tableau intitulé, « la société de consommation, nature morte » représente un amoncellement de codes barres, symboles des structures numériques qui régissent chaque domaine du quotidien. Sa peinture colorée est joyeuse, ironique, interrogative et critique, un mélange détonnant ! Des toiles qui interpellent le visiteur.
La participation du public
La troisième étape est consacrée à un monde trompeur, celui des réseaux sociaux, aux vérités transformées. La dernière salle, « « ART on air » met l’accent sur la communication active, grande préoccupation de l’artiste, et engage une interactivité avec le public autour des réseaux sociaux. Le public est accueilli par un ballon gonflable affichant le message « #conscienceaugmentee », un mot clé invitant à la contribution des visiteurs. Hervé Fischer leur demande de participer, de prendre en photo les codes barres peints, ceux-ci affichant alors des messages sur les téléphones, pour avertir du danger que peuvent apporter ces moyens de communication.
Pour le public scolaire
Au Centre Pompidou, les professeurs peuvent organiser des visites autonomes. Ils peuvent opter pour des visites commentées, adaptées aux niveaux des élèves, à partir de la 3ème. L’équipe de l’action éducative est à leur disposition pour les accompagner dans la construction de leur visite : action-educative@centrepompidou.fr Pour toutes les visites, la réservation est obligatoire au 01 44 78 12 57.
Béatrice Flammang
L’exposition « Hervé Fischer et l’art sociologique »