Politique
Budget, collège, maternelle, cours préparatoire : les annonces de Blanquer au Sénat
Tout ce qui est vieux est neuf. Et vice versa. Devant les commissions de l’éducation et des finances du Sénat, Jean-Michel Blanquer est longuement revenu sur les décisions prises durant son premier mois de mandat. Le ministre de l’éducation a aussi laissé percer quelques projets pour l’avenir comme une réforme pédagogique du collège, de la maternelle ou du statut des AED. Sciences cognitives, personnalisation, les idées des années Chatel et Darcos sont de retour… Mais c’est surtout l’annonce d’un budget très contraint que l’on retient. A peine revenu, déjà gérer la pénurie ?
Budget : L’Education directement touchée
La protection budgétaire dont bénéficie depuis 2012 l’éducation nationale vit-elle ses derniers jours ? La publication, le 29 juin, de l’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques pointe un déficit public de 8 milliards pour 2017. L’Education nationale fait partie des ministères invités par la Cour à faire des économies. Le gouvernement annonce le gel du point Fonction publique. Rue de Grenelle, c’est l’été mais le temps se couvre…
Blanquer annonce le gel des postes
Dans un entretien publié ce matin dans les journaux régionaux de l’est, comme L’Est républicain, JM Blanquer annonce un budget resserré et le gel des postes d’enseignants.
La chronique de V. Soulé : Et j’ai cherché, cherché, cherché…
C’était en un temps déjà ancien. François Hollande était président. Najat Vallaud-Belkacem était ministre de l’Education nationale et elle encourageait les dispositifs de mixité sociale afin d’en finir avec les collèges-ghettos. Dans le cadre du renouveau en marche, on s’est demandé ce que devenaient ces dispositifs. On a cherché, cherché, cherché…
Collège : Blanquer explique la rentrée aux principaux
Alors que le B.O. du 22 juin publie l’arrêté sur la réforme du collège, le ministre écrit aux principaux pour expliquer ses intentions. Evoquant « une nouvelle étape », il montre comment « consolider la place des langues au collège avec al réaffirmation des classes bilangues » et le « développement du latin et/ou du grec ».
Budget : Le gouvernement prépare 25 milliards d’économie
E Macron a tenu le 27 juin une réunion ministérielle sur la situation des finances publiques avec le premier ministre, celui des Finances, Bruno Le Mare et le ministre des comptes publics, G Darmanin. Selon Reuters, le gouvernement pourrait annoncer un plan d’économies de 9 milliards en 2017 suivi d’un second de 17 milliards en 2018.
Primaire : 600 postes non pourvus aux concours de CRPE
Les résultats aux concours de professeurs des écoles de plusieurs académies sont sortis. A Versailles comme à Créteil, cette année encore tous les postes n’ont pas été pourvus. 600 professeurs manqueront à la rentrée.
Blanquer : CP dédoublés et avenir des maitres +
Dans un entretien accordé à La Voix du Nord le 26 juin, Jean Michel Blanquer détaille son programme pour les CP. Le ministre promet de respecter l’approche « plus de maitres ». Des propos qui semblent bien infirmés sur le terrain.
Pour l’OZP il faut garder le dispositif des maitres +
» L’OZP demande que, malgré la réorganisation en cours, les équipes de terrain en REP+ puissent maintenir le dispositif PDM et que celui-ci il soit évalué qualitativement, de sorte que le mot d’ordre des « Classes de CP à 12 élèves en REP+ » devienne « Un maitre pour 12 élèves en CP en REP+. » Dans un communiqué , l’Observatoire des zone s prioritaires, une association de spécialistes de l’éducation prioritaire, prend position pour le maintien des maitres +.
Blanquer : La rentrée en musique
Dans une lettre du 20 juin adressée aux recteurs , le ministre de l’éducation nationale annonce sa volonté d’organiser une rentrée en musique dans les écoles et établissements secondaires lors de la rentrée 2017. Le ministre avance comme argument la nécessité de « créer un environnement favorable, un cadre bienveillant ». « Il s’agit de proposer aux élèves d’accueillir leurs nouveaux camarades en musique, manière chaleureuse de leur souhaiter la bienvenue ».
Améliorer APB et l’accueil du handicap au programme du médiateur
« Humaniser » : c’est le mot clé du rapport 2016 du médiateur de l’éducation nationale publié le 29 juin. Claude Bisson-Vaivre, dont c’est le dernier mandat, a mis l’accent sur APB, décidément au coeur de l’actualité, et la scolarisation des enfants handicapés. Des thèmes choisis par la cinquantaine de médiateurs mais qui ne représente qu’une petite partie des plaintes. Car c’est toute l’Ecole qui défile dans les bureaux des médiateurs…
L’enseignement catholique en accord avec JM Blanquer
« Convergences de vues » entre l’enseignement catholique et le nouveau ministre de l’Education nationale, c’est ainsi que Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, présente sa première rencontre avec JM Blanquer le 1er juin dans la lettre interne de l’enseignement catholique En correspondance.
Brevet
Brevet : Un examen pour rien ?
C’est le seul examen que tous les jeunes français passent. Pourtant personne ne sait exactement à quoi il sert ni même si c’est encore vraiment un examen. Jeudi 29 une nouvelle session du brevet commence avec une nouvelle formule, encore plus compliquée. Pendant deux jours 833 000 jeunes parcourent le marathon du brevet et ses 9 heures d’épreuves… Mais tout ça pour quoi ?
Brevet : Les sujets d’histoire-géographie et français… avec l’IFRAP !
Quand l’IFRAP, un thinktank ultra libéral s’invite au brevet… En français, les candidats ont travaillé sur un texte de Giono. En histoire-géo EMC, ils ont le curieux choix en géographie d’avoir à analyser un texte sur la géographie urbaine. En histoire, ils ont du rédiger sur le sujet « indépendances et construction de nouveaux états » depuis 1945, un sujet qui n’est pas des plus faciles. En EMC ce sont les « grands principes de la défense nationale » qui sont tombés à partir d’un texte de l’IFRAP, un thinktank ultra libéral. Un choix douteux par rapport aux valeurs de l’EMC.
Brevet : Les sujets de langues, maths et sciences
En mathématiques les candidats ont notamment eu un exercice de codage. En sciences le thème de l’énergie est tombé avec des exercices en physique-chimie et SVT. Les candidats non scolarisés ont aussi passé les épreuves de langues en anglais, allemand, espagnol, arabe, portugais, hébreu, italien.
Rythmes
Rythmes : Le décret Blanquer est publié
Le Journal officiel du 28 juin publie le décret Blanquer sur les rythmes scolaires. Quatre ans après le décret Peillon, qui devait marquer un renouveau pour l’Ecole, le texte du nouveau ministre tourne la page d’une tentative d’augmenter le nombre de jours de classe dans l’année scolaire et permet de revenir aux 4 jours par semaine mis en place par Xavier Darcos. Alors même que la plupart des experts juge la semaine d’école française trop courte, on doit s’interroger sur la finalité d’un détricotage si rapide.
Rythmes : Une évaluation pour rien ?
Coïncidence : Le jour même où le Journal officiel publie le décret Blanquer sur les rythmes scolaires, l’évaluation des différents rythmes, attendue depuis si longtemps, est publiée par la DEPP, la division des études du ministère de l’éducation nationale. Et, devant le Sénat, le ministre s’appuie sur elle pour justifier son décret. C’est que l’étude de la Depp se garde bien d’émettre un avis qui éclairerait le débat sur la semaine de 4 ou 5 jours. En ne comparant que des rythmes sur 5 jours avec peu de variation entre les écoles, l’étude trouve finalement peu d’impact des nouveaux rythmes sur les résultats des élèves. Comment s’en étonner ?
Rythmes : Un Munich pédagogique pour Claude Lelièvre
« Le décret que Jean-Michel Blanquer vient de signer sur les rythmes scolaires est digne non pas d’un Salomon mais d’un Ponce Pilate. C’est la «base», à condition d’être unie, qui choisira le retour à la semaine de quatre jours. Et l’irresponsable à la tête du ministère de l’Education nationale s’en lave les mains », écrit Claude Lelièvre dans une tribune très enlevée. « Après la décision prise en 2008 par le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos de permettre la suppression de la classe du samedi et la généralisation de la semaine de quatre jours dans l’enseignement primaire, l’historien Antoine Prost avait dénoncé « une débacle » accompagnée d’ « un lâche soulagement ». Et il avait titré sa tribune parue dans « Le Monde » du 28 mai 2008 : « Un Munich pédagogique !». Bis repetita ? »
Françoise Cartron : La semaine de 4 jours est une hérésie
» La semaine de quatre jours est une hérésie. Les journées sont trop longues, toutes les études le montrent. Cinq heures de classe réparties sur cinq jours, c’est bien plus efficient ». Auteure d’un rapport sur la réforme des rythmes scolaires, Françoise Cartron réagit dans La Provence au décret Blanquer qui permettra le retour de la semaine de 4 jours.
Rythmes : L’Andev déplore le retour des 4 jours
« Cette réforme a constitué pour les villes un travail considérable de concertation, de construction partagée mobilisant un grand nombre d’acteurs éducatifs. Plus de 90 % des collectivités locales se sont impliquées dans l’élaboration et l’animation de projets éducatifs territoriaux ambitieux, espaces d’innovation et d’expérimentations locales. Balayer dans la précipitation les dynamiques engagées sur les territoires risque de démobiliser les acteurs éducatifs investis et impliqués qui commençaient à en percevoir et à en comprendre les enjeux, de déstabiliser les alliances éducatives, souvent novatrices, et également de précariser de nouveau les emplois des temps périscolaires », écrit l’Andev, l’association des directeurs de l’éducation des villes.
Bac
Le Snpden veut un autre bac
Plus question de « remuscler » ou de « simplifier ». Le bac, pour le Snpden Unsa, le premier syndicat des personnels de direction, est « un truc monstrueux qui ne sert à rien ». Alors qu’une nouvelle affaire de fuite au bac venait de tomber, Philippe Tournier, secrétaire général, a dit le 22 juin tout le mal que son syndicat pense d’un examen perçu comme obsolète et néfaste. Le Snpden veut deux examens distinguant d’un coté la certification de fin d’études secondaires et de l’autre l’accès au supérieur.
Bac : De mauvaises réponses à de fausses questions
De N. Vallaud-Belkacem à JM Blanquer, des Républicains à Terra Nova, la réforme du bac semble faire l’unanimité. Le projet présidentiel a été clairement annoncé durant la campagne. Et le Snpden, le 22 juin, a peut-être avec raison fait allusion à un consensus « entre syndicats antagonistes » sur ce terrain. Pourtant les projets avancés semblent pressés d’apporter des réponses à de mauvaises questions. Et on ne voit pas en quoi ils apportent des solutions pour permettre une véritable démocratisation des études supérieures. Alors que le gouvernement vante la modernisation économique et l’innovation technologique, c’est un grand retour en arrière dans l’accès aux formations supérieures qui semble se dessiner dans un grand élan réactionnaire.
Bac : Orientation : Des pistes pour faire réussir les bacheliers technologiques et professionnels
Alors que le gouvernement prépare une réforme du bac qui pourrait mettre en place une véritable sélection à l’entrée dans le supérieur, reléguant les bacheliers professionnels et technologiques, il est intéressant de souligner que des voies de réussite existe pour ces jeunes. C’est ce que le Cnesco a montré lors de sa conférence sur l’enseignement professionnel. C’est aussi ce que devrait montrer un article de Gérard Lauton, maitre de conférences à l’UPEC, dans un article à paraitre en septembre dans la revue du Comité de réflexion Familles /Ecole de la Peep.
Bac : La Fcpe veut des places dans le supérieur, pas la sélection
« Le nombre de bacheliers augmente mais pas le nombre de places à l’université », écrit la Fcpe dans un communiqué commun avec l’Unef, Plus et l’Unl. « 17 000 jeunes, c’est le nombre d’élèves qui n’ont toujours pas d’affectation à l’issue de la deuxième phase d’APB qui s’est déroulée hier.. L’UNEF, l’UNL, PLUS et la FCPE s’inquiètent fortement de cette situation qui annonce une rentrée difficile : élève sans affectation, amphithéâtres bondés, orientation subie… Elles dénoncent le manque d’anticipation des pouvoirs publics quant à l’augmentation constante du nombre d’étudiants : 40 000 pour la seule rentrée 2017/2018 ».
Le modèle des héritiers c’est fini, explique Hugues Draelants
« Même parmi les classes moyennes supérieures, le modèle traditionnel de transmission culturelle par osmose, autrement dit celui des héritiers, décline et perd en efficacité », explique Hugues Draelants, dans un article de la revue française de pédagogie. Il revient ainsi sur une sociologie venue de Bourdieu dominante depuis la fin du 20ème siècle.
APB : 115 filières encore « sous tension »
La seconde phase d’APB, la procédure d’affectation dans le supérieur s’ouvre avec 115 formations « sous tension », annonce le ministère de l’enseignement supérieur. Le ministère souligne que des solutions ont été trouvées pour 54 filières depuis le 8 juin, notamment une des plus recherchées , les études de santé (Paces). » Parmi ces 115 formations, on compte 19 formations « pastilles vertes », soit 36 de moins que lors de la première phase, où il y en avait 55″, indique le ministère. Problème : les filières « pastille verte » sont celles que l’on a obligé les candidats à prendre en leur garantissant qu’ils y trouveraient dans tous les cas de la place…
Numérique
Bruno Devauchelle : Quelle place pour le numérique dans les fondamentaux ?
On ne peut qu’être rassuré d’entendre parler, par les décideurs politiques de l’école primaire, des fondamentaux etc. comme priorité de l’éducation. Chaque parent, chaque adulte ressent intuitivement que la première partie de la vie (entre 0 et 12 ans) est probablement déterminante pour la trajectoire qui va suivre. C’est pourquoi chacun de nous s’interroge sur les « bonnes manières » de faire pendant cette période pour donner le meilleur aux enfants. Bien que retournant le problème dans tous les sens, on peut penser que l’approche française est loin d’être la meilleure et que loin de favoriser chacun le système d’éducation reste bien sélectif et élitiste. Quant aux fondamentaux on est toujours dans le questionnement : quoi, combien, comment ? Et il y a des domaines de connaissances qui frappent à la porte des fondamentaux avec plus ou moins de bonheur. Ainsi en est-il de l’informatique et du numérique (considéré comme l’ensemble des pratiques sociales de l’informatique) qui depuis le début des années 1980 tente de trouver une place au sein du système scolaire. Il suffit de relire la trajectoire de l’informatique et celle du socle commun pour se rendre compte d’une étrange convergence.
Bruno Devauchelle : Le numérique et le pouvoir
Quel avenir aura le grand plan numérique initié en 2015 par le précédent pouvoir ? Quel sera l’avenir du numérique à l’école si on lit certains écrits de membres du pouvoir qui se met en place ? Mais surtout, comment se construisent les décisions politiques qui vont ensuite tenter d’inonder le « terrain » ? Ainsi pourra-t-on évoquer la place des savoirs scientifiques, celle des groupes de pression, celle des amis politiques, celle des intérêts à court terme ou encore celle des « gens de cours » pour tenter de comprendre comment se prennent les décisions. Le monde enseignant attend beaucoup du pouvoir comme prescripteur et comme protecteur, en même temps, il souhaite pouvoir faire des choix au quotidien. Une position souvent ambivalente qui conforte le pouvoir et le rassure quant aux méfaits de leur aveuglement.
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