Comment faire aimer la lecture à une génération qui préfère parfois utiliser ses loisirs pour regarder en ligne des vidéos de youtubers ? Au lycée Goscinny à Drap, les professeures de lettres Célia Guerrieri et Sandrine Passeron ont choisi d’aller chercher les élèves sur leur terrain de jeu. Sur YouTube, elles ont créé une chaine de vidéos, « L’hibook et le mulot » : les élèves sont amenés à y partager régulièrement leurs lectures, personnelles ou scolaires. Le travail permet de travailler compétences orales et argumentatives, créatives et argumentatives. Il réconcilie l’écran et le livre en rapprochant les usages scolaires du numérique des pratiques réelles des élèves. Eclairages par les enseignantes…
Quelles ont été vos motivations pour lancer un tel projet ?
C’est un moyen d’attirer les élèves vers la lecture plaisir, pas seulement la lecture prescrite. D’un point de vue didactique, cela permet aussi de développer le travail de l’oral.
Concrètement, comment s’opère le travail pour parvenir à la réalisation de ces vidéos littéraires ?
Certaines classes ont l’obligation de participer, en particulier la 1ère L. Pour les autres classes, nous sommes parties sur la base du volontariat. Pour le choix des titres, il s’agit d’un mélange : entre les livres que les élèves ont envie de présenter et des propositions des enseignantes essayant de répondre aux goûts des élèves. Pour les 1ères L, il s’agit aussi de présenter les œuvres étudiées en classe, en œuvre intégrale ou en lecture cursive. Nous avons utilisé un lieu et un format commun, mais pour le matériel et le temps nous travaillons hors du temps scolaire et avec le matériel des élèves. La publication s’effectue sous notre contrôle : nous sommes les seules à avoir les codes du compte YouTube.
Les élèves ne réalisent pas que des critiques littéraires : pouvez-vous nous expliquer ce qu’on trouve dans les catégories « piles de livres », « débats », « polaroïds » ? D’autres déclinaisons de ce format vidéo vous semblent-elles possibles ?
Toutes les vidéos, que cela soit des « piles de livres », des « polaroïds » ou des « débats », sont des appropriations de l’œuvre, mais avec des variations dans la forme : créative pour les « polaroïds », argumentative pour les « débats », collaborative pour les « débats » et les « piles de livre ». D’autres déclinaisons sont effectivement possibles : mises en voix de textes, adaptations filmées et critiques de pièces de théâtre à l’issue de la représentation…
La question du droit à l’image des élèves vous a-t-elle posé problème ? Comment l’avez-vous résolu ?
Cela n’a pas posé de problèmes, même si certains élèves ont été plus réticents que d’autres.
Au final ; quels vous semblent les profits que tirent les élèves d’une semblable activité ?
Pour l’ensemble des élèves, nous avons constaté un gain des habiletés à l’oral. Pour d’autres, c’est tout simplement le fait de lire. Il s’agit aussi d’un vrai partage, d’un vrai travail collaboratif et même si nous avons empiété sur le temps personnel des élèves et le nôtre, cela a été un moment très agréable.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut