« Dans quelle mesure le plan de travail favorise-t-il la différenciation des apprentissages et la responsabilisation des élèves dans deux classes de CM1 et CM2 ? » Alexia Rappelin et Anne Claude Morin, deux jeunes enseignantes, ont consacré leur mémoire de master à cette question qui touche de près à la pédagogie Freinet. Après observation, leur réponse, nuancée, est globalement positive.
Des élèves consommateurs
« Comment responsabiliser les enfants tout en différenciant les apprentissages ? Autrement dit, comment amener nos élèves à prendre en charge la construction de leurs propres savoirs et à s’engager dans un processus d’émancipation intellectuelle, tout en prenant en compte leurs spécificités et en répondant à leurs besoins individuels très divers ? »
Nommés dans deux classes de Cm1-Cm2 dans un quartier assez favorisé de Marseille, les deux professeures stagiaires se trouvent confrontées à des élèves ayant un niveau très hétérogène et une grande passivité. « Les élèves de nos classes, se positionnent en effet régulièrement dans une attitude d’attente ou de “consommation », notent elles.
Qu’est ce que le plan de travail ?
Comment dépasser cette situation ? Alexia Rappelin et Anne Claude Morin se tournent vers la pédagogie Freinet. Venu des Etats-Unis, le plan de travail est introduit en France par Freinet dans les années 1930. Les deux enseignantes optent pour des plans ouverts ou fermés selon leurs besoins.
» En ce qui concerne les outils et supports mis à disposition des élèves, nous retenons : des fichiers suffisamment explicites pour permettre aux enfants de rentrer dans l’activité de manière autonome, sans explication supplémentaire de la part de l’enseignant ; des fichiers autocorrectifs (aux éditions ICEM, PEMF ou Odilon) ; des outils d’aide ; une organisation de la classe en ateliers ou espaces dédiés permettant un accès facile et autonome aux ressources disponibles ; une disposition des tables favorisant la coopération et les échanges entre les élèves ; un système de règles limitant la circulation dans la classe et permettant la gestion du niveau sonore ; un temps dédié au travail individualisé pouvant varier de quelques heures par semaine à plusieurs heures par jour ».
Quel bilan ?
Comment observer et analyser les résultats ? Les deux enseignantes associent un enquête auprès d’une vingtaine d’enseignants et une observation minutieuse de leurs élèves.
De l’observation des élèves elles tirent la conclusion de réels progrès dans l’autonomie. « Toutes les composantes de l’autonomie ont progressé chez nos élèves, avec la mise en place de plans de travail », notent-elles. « L’autonomie cognitive avec davantage de recours spontané aux outils d’aide et une compréhension plus autonome des consignes ; l’autonomie sociale avec le recours spontané au tutorat ; l’autonomie morale et affective avec une mise au travail plus rapide et autonome ; l’autonomie fonctionnelle avec une gestion plus autonome du matériel ».
» L’organisation de l’enseignement induite par le plan de travail met les élèves en situation d’apprendre à organiser leur travail ; elle les met en situation d’exercer leur liberté et de procéder à des choix dont ils mesurent la portée ; elle favorise également leur capacité à interagir et à coopérer avec les autres. De ce fait, elle les met globalement en situation de développer leur autonomie », notent-elles. Elle » permet aux élèves, quel que soit leur profil, de travailler sur des tâches diversifiées, à leur rythme, à leur niveau, individuellement ou selon des modalités de regroupement variées, tout en bénéficiant d’un étayage non seulement personnalisé, mais aussi plus appuyé, de la part de l’enseignant. »