C’est l’école Rep + Albert Camus de Creil (60) que Jean Michel Blanquer, le nouveau ministre de l’éducation nationale, a choisi pour présenter le dédoublement annoncé des classes de CP de l’éducation prioritaire. Le 23 mai, lors de cette première visite, il a surtout parlé de lui et d’Emmanuel Macron. Sur les dédoublements et la façon dont ils seront mis en place, Jean-Michel Blanquer a peu de précisions à donner. Le sort des maitres surnuméraires reste peu clair. Un seul point semble décidé : il y aura finalement 2 300 classes dédoublées à la rentrée.
Un point du programme Macron contesté sur le terrain
La mesure de dédoublement des cours préparatoire est inscrite dans le programme d’Emanuel Macron. Le candidat a promis de ramener à 12 par classe le nombre des élèves de CP et CE1 des Rep et Rep+. Son équipe avait annoncé que ce serait fait pour les CP dès la rentrée 2017 pour tous les Rep+ et la plupart des Rep. Pour cela le candidat comptait utiliser les 5161 maitres surnuméraires en CP pour la rentrée 2017 et créer 5000 postes pour les CE1 en 2018. S’ajouteraient 2000 postes « redéployés » pour atteindre en 2 ans le dédoublement de 12 000 classes au total.
Mais c’était sans compter sur les réseaux qui se sont constitués sur le terrain autour des maitres surnuméraires. S’il n’a pas été évalué, le dispositif a déjà gagné sa légitimité sur le terrain. Les maitres surnuméraires semblent appréciés . De nouvelles pratiques pédagogiques collectives sont en train de s’installer et des collectifs enseignants se construisent. C’est tout cela que viendrait mettre à bas la réforme Macron. La pétition lancée par les « maitres + » a dépassé les 10 000 signatures en quelques jours et elle est soutenue par les principaux syndicats.
2300 classes dédoublées
Pour le nouveau ministre la question est de trouver les enseignants pour assurer les dédoublements de classes et combien de classes dédoubler.
Le 22 mai, sur RMC, JM Blanquer a lancé le nombre de 2 200 classes. C’est moins de la moitié de ce qui était prévu. Il y a environ 8 000 classes de CP en éducation prioritaire dont 850 ont plus de 24 élèves, 1 500 moins de 13 et 5 600 entre 13 et 24.
Le 23 mai, à Creil, JM Blanquer lance le nombre de 2 300 classes concernées à la rentrée. C’est une centaine de plus que la veille. Mais impossible de savoir comment ce nombre est établi. A partir de combien d’élèves le dédoublement sera-t-il effectif ?
« On adaptera pour la rentrée ce qu’il est possible physiquement et humainement de faire », affirme le ministre. D’où viendront les professeurs ? « Ils seront là », promet JM Blanquer. « Il n’y aura pas de problème car il y a des créations de postes et les recteurs et les inspecteurs sauront s’organiser ». Le ministre a rencontré les recteurs le matin du 23 mai. « Certains seront des maitres surnuméraires. D’autres viendront des moyens des inspections. C’est un sujet technique », répond le ministre.
Comment dédoubler ?
Le sort des « maitres + » ne semble pas tranché, le ministre expliquant qu’il ne « veut pas casser le dispositif ». Autorisera-t-on les maitres + à rester là où ils sont appréciés ? Peut-être. Mais ils devraient dans ce cas voir leur action recentrée sur les CP. La question se discute probablement avec les syndicats. JM Blanquer a rencontré les syndicats FSU le 23 mai et il reçoit l’Unsa le 24…
Comment dédoubler ? Si l’école de Creil a les locaux nécessaires pour ouvrir de nouvelles salles de classe, ce n’est pas le cas partout. Là où ce ne sera pas possible le ministère recommandera deux enseignants à demeure par classe.
Partout il semble bien que les IEN et Dasen auront en charge de faire le maximum pour la rentrée. C’est ensuite que les mesures définitives s’imposeront.
JM Blanquer a été très loquace sur cet après. « On lance l’opération 100% de réussite en CP », dit le ministre. « L’an prochain dans toute la France on sentira ce dynamisme en CP. Nous voulons remédier aux problèmes à la racine ».
Vocabulaire et fondamentaux
Ce dynamisme, le ministre le décrit. « Il faut à l’école maternelle acquérir un vocabulaire solide, une conscience grammaticale. Plus j’ai de vocabulaire, plus je comprends de choses. Plus j’ai de grammaire mieux j’orthographie. Moins j’ai de vocabulaire plus je suis violent. Plus j’ai de vocabulaire plus je suis sociable ». Il veut recentrer le CP sur la lecture, l’écriture, le calcul et la capacité à vivre en société.
Le ministre se veut « pragmatique » mais prépare déjà des formations. « On va déployer de la formation continue et initiale » promet-il. « Soyons rassemblés pour faire réussir nos enfants ».
Avec l’optimisme officie en prime, ce « dynamisme » ressemble beaucoup à ce qu’on a entendu avant 2012 quand JM Blanquer était à la tête de la Dgesco. Avec les résultats que l’on connait.
François Jarraud