Les jeunes français sont-ils traités avec égalité quant à leur scolarité ? La publication d’une nouvelle édition de la Géographie de l’école, un atlas réalisé par le ministère de l’Education nationale (Depp), montre de fortes disparités entre départements et régions. Peut on lier les inégalités de réussite du primaire avec le devenir scolaire des élèves ? Où dépense-t-on leplus pour les élèves ? Ces dépenses se traduisent-elles par des taux de réussite meilleurs ?
Difficultés de lecture et décrochage
Quel poids peuvent-avoir les premières années d’enseignement dans le devenir scolaire des jeunes ? Deux cartes de l’atlas permettent d’aborder la question. La première montre la part des jeunes en difficulté de lecture. Outre les DOM, on voit apparaitre la Picardie et le Nord ainsi que quelques départements d’une grande couronne autour de l’Ile de France. A noter que ces départements sont très différents. A coté du Nord Pas de Calais à forte population ouvrière, on va trouver l’Indre, la Creuse , l’Aube et la Haute marne : des départements ruraux à densité faible. Point commun à ces départements: une cris économique ancienne, le départ des jeunes, un vieillissement de la population.
La seconde carte représente la part des jeunes décrocheurs. La similitude des deux cartes est frappante. On retrouve le Nord la Seine Saint Denis, l’Indre et des départements ruraux du centre est. Pour ces jeunes, les difficulté du primaire ne trouvent pas de remédiation dans l’Ecole. Ils prennent la sortie de secours.
Dépense-t-on davantage pour certains élèves ?
Dans le système éducatif français l’éducation est une compétence exercée à la fois par l’Etat , qui rémunère les enseignants, et par les collectivités locales qui entretiennent les locaux et peuvent financer des politiques éducatives complémentaires de l’Ecole.
Les dépenses de l’Etat pour le premier comme le second degré varient beaucoup selon les régions.On voit qu’elles sont nettement plus fortes sur une bande qui va du nord est au sud ouest. Il s’agit en fait e la « diagonale du vide » une zone de faible densité où l’Etat est obligé d’entretenir des équipements scolaires pour un faible nombre d’élèves. Inversement on voit des dépenses faibles de l’Etat sur l’ouest , l’ile de France et Rhone Alpes : trois zones où le privé est important ce qui fait baisser les dépenses de l’Etat.
Et pour quel résultat ?
Mais les écarts sont plus forts entre collectivités locales. Certains départements dépensent trois fois plus que d’autres pour leurs collégiens. L’Ile de France, certains départements du centre ou du sud méditerranéen investissent beaucoup dans le collège. Ce sont souvent les mêmes qui mettent de l’argent dans les lycées. Inversement des départements investissent peu. Les régions de la partie est du pays investissent nettement moins que celles de l’ouest dans les lycées. Résultat les conditions de travail des élèves ne sont pas les mêmes.
Cela affecte-ils résultats ? Plus que le taux de réussite au bac nous sélectionnons la carte de l’espérance d’obtenir le bac quand on est en 6ème. On va de 54 à 80% c’est dire si les écarts sont importants. La comparaison des deux cartes ne montre pas de lien absolu. Des régions qui dépensent peu ont de un taux de bacheliers élevé comme la Bretagne ou l’académie de Lyon. Inversement le Languedoc dépense beaucoup pour des résultats faibles.
Cette situation interroge sur l’efficacité des dépenses des collectivités locales. Ne pouvant pas intervenir pédagogiquement dans la classe, les collectivités territoriales alimentent des politiques éducatives à la porte de la classe dont l’efficacité semble hasardeuse.
François Jarraud