Les smartphones vont ils permettre de relever de défi de la scolarisation des enfants réfugiés ? C’est l’espoir que soulève la Semaine de l’apprentissage mobile organisée par l’Unesco et l’UNCR, l’organisme des Nations Unies pour les réfugiés. A l’appui de cette thèse, les engagements des organisations internationales. Mais aussi l’émergence de premiers logiciels créés spécialement pour alphabétiser ou intégrer une population de réfugiés qui explose.
Le plus grand nombre de réfugiés depuis 1945
« On assiste au plus grand déplacement de population de l’histoire depuis 1945 ». Qian Tang, assistant du directeur général de l’Unesco, situe l’enjeu auquel doit faire face la communauté internationale. On compte 15 millions de réfugiés internationaux (qui ont quitté leur pays) et près de 40 millions de personnes déplacées (dans leur pays). Des volumes que l’Europe a connu à la fin de la seconde guerre mondiale mais qu’on ne pensait jamais revoir.
« C’est 4 fois plus qu’en 2005. Et les déplacements ne vont cesser d ‘augmenter dans les années à venir ». L’origine de ces flux est connue : les conflits, le plus célèbre étant celui de Syrie. Mais aussi les catastrophes naturelles dont la fréquence devrait augmenter avec le changement climatique. « Il y a 70 ans l’unesco a été financée et fondée sur la conviction que les hommes et les femmes peuvent opérer des changements », rappelle Quian Tang. « Cela commence par l’éducation : c’est elle qui permet la résilience et la tolérance ».
« On travaille pour offrir des opportunités pour l’éducation », dit Ralf Gruenert, représentant de l’UNHCR en France. « Mais on ne peut pas attendre cet objectif ». L’éducation est le secteur le moins financé de l’aide humanitaire : elle perçoit moins de 2% de l’aide totale.
La moitié des enfants déscolarisés
L’UNHCR a des chiffres qui illustrent la catastrophe éducative qui se met en place et dont les effets humains et collectifs vont être durables. Les enfants réfugiés ont 5 fois plus de risque de ne pas être scolarisés que les autres enfants.L’UNHCR estime que 9% des enfants d’age primaire ne vont pas à l’école. C’est la moitié des enfants réfugiés. Pour les jeunes qui sont en âge de suivre le secondaire, 17% sont privés de collège ou lycée dans le monde mais 75% des jeunes réfugiés. Des chiffres qui sont confirmés par ce qu’on sait des enfants syriens réfugiés en Syrie : seulement 52% vont à l’école primaire et 31% dans le secondaire.
« Ceux là sont inscrits dans les écoles les plus dures au monde, surpeuplées, avec des enseignants sous qualifiés » dit R Gruenert. Qian Tang parle d’Alep (Syrie) ou trois écoles sur 4 ne fonctionnent plus. « Les enfants sont dans des classes de 80 élèves où seulement 6 sont assis à une table. Il n’y a ni eau, ni électricité. Et dans ce chaos, des parents attendent des heures pour inscrire leur enfant ».
C’est là qu’intervient le mobile. « 98% des réfugiés ont un mobile », explique R Gruenert. « Il faut utiliser cette technologie pour atteindre les inaccessibles et leur rendre le sentiment de leur autonomie », dit Qian Tang.. « Le mariage d la technologie et de l’éducation a un potentiel immense ».
Le mobile, l’arme des minorités
Lors des Semaines précédentes, l’Unesco avait montré comment le mobile était utilisé pour enseigner à des catégories sociales isolées. Par exemple pour alphabétiser et entretenir le niveau éducatif des femmes pakistanaises. Ou encore pour former des enseignants africains en zone rurale. Pour les organisations internationales, le mobile apparait comme l’ultime outil pour aider ceux qui sont inaccessibles pour des raisons sociales politiques ou économiques.
« On a testé différents modèles d’apprentissage mobile. Mais il faut aller au delà et créer des programmes accessibles à tous », dit R Gruenert. La semaine est justement là pour échanger ces expériences et créer de nouvelles dynamiques au bénéfice des enfants réfugiés.
François Jarraud
Semaine de l’apprentissage mobile