» Prenons donc partie résolument pour l’autonomie des établissements, mais sans la confondre avec l’indépendance. Exigeons une « autonomie démocratique » et refusons l’ « autonomie libérale ». » C’est l’idée force du chapitre Education, rédigé par Philippe Meirieu, du livre programme de Benoit Hamon et Yannick Jadot qui sortira le 22 mars aux éditions Robert Laffont.
Un livre collectif
Sous le titre « La politique est à nous », Benoît Hamon et Yannick Jadot, avec Michel Wieviorka, invitent quarante personnalités de la société civile – acteurs sociaux, culturels, économiques, chercheurs – à enrichir le débat public sur des thèmes essentiels de la vie d’aujourd’hui, tels que la réinvention du travail, le sauvetage du projet européen, le digne accueil des réfugiés, l’indépendance de la justice, la confiance en la jeunesse, la démocratie environnementale. Parmi les signataires on retrouve par exemple J. Baubérot, N Hulot, B Latour, O Méda, E Morin, A Touraine et P Weil.
La danger de l’autonomie libérale
Le chapitre éducation est rédigé par Philippe Meirieu qui propose une autre autonomie pour les établissements. Reconnaissant que » l’institution, dans son ensemble, peine à relever les défis de notre temps. Elle peine à réduire les fractures de notre société », P Meirieu invite à une autre autonomie que celle des chefs d’établissement vantée à droite.
« C’en serait fini du projet d’une École de la République, porté par Ferdinand Buisson et Jean Macé, Jean Jaurès et Jean Zay, avec le fol et pourtant nécessaire espoir d’une réconciliation des humains à l’horizon de l’éducation », écrit P Meirieu. « C’en serait fini d’une institution capable de « fabriquer du commun » pour tous nos enfants afin qu’ils puissent construire ensemble un monde plus solidaire. Nous serions condamnés à voir notre institution scolaire se fragmenter sous nos yeux, livrée à la surenchère de traders éducatifs, caporalisée par des communautés rivales, gardiennes jalouses de leurs privilèges et recroquevillées sur leurs marqueurs identitaires ».
Une autre autonomie
Il invite à prendre » partie résolument pour l’autonomie des établissements, mais sans la confondre avec l’indépendance. Revendiquons des établissements autonomes, mais dans un « service public » qui reste une véritable institution d’État… Il faut assumer de construire une École qui soit véritablement jacobine sur ses finalités et radicalement girondine sur ses modalités. À l’inverse, exactement, de ce qui se passe aujourd’hui où l’État est jacobin sur les modalités dont il vérifie la minutieuse exécution par un contrôle technocratique, en étant totalement girondin sur les finalités, laissant, les établissements, au sein même de l’enseignement public choisir celles qui conviennent le mieux à leur clientèle ».
P Meirieu propose que l’Etat fixe des finalités qui s’imposent à tous les établissements, comme la mixité sociale, en donnant aux établissements les moyens de travailler de façon autonome. » Pour cela, il n’y a qu’une méthode possible : proportionner la dotation des établissements publics et privés sous contrat – en budget consolidé, c’est-à-dire salaires compris – aux difficultés sociales des élèves qui y sont scolarisés. Plus besoin, alors, d’exhorter à la mixité sociale ! Ajoutons la possibilité donnée aux établissements – et non aux directeurs – de recruter collectivement leurs enseignants sur des « postes à profil » quand c’est nécessaire », conclue P Meirieu.
François Jarraud
Benoît Hamon, Yannick Jadot, La Politique est à nous, Robert Laffont, ISBN 2-221-20034-9, 14€. Sortie le 22 mars.