La mode médiatique serait plutôt au retour des écoles non mixtes et à la séparation entre filles et garçons. Pourtant, en dehors de ses vertus sociales et politiques, la mixité a tendance à améliorer les résultats scolaires et particulièrement ceux des garçons. C’est ce que montrent plusieurs travaux, y compris l’Insee…
On pourrait croire que dans l’école républicaine, totalement soumise à des programmes nationaux et des corps d’inspection et d’enseignement nationaux, la mixité règne de façon identique dans les cours d’école. Il n’en est rien comme le révèle une publication de l’Insee basée sur des statistiques régionales.
Des résultats parlants
L’Insee a eu l’idée de montrer les écarts entre garçons et filles selon les régions pour l’accès aux diplômes d’études supérieurs, la réussite au bac général, la scolarisation à 18 ans, l’inscription en bac professionnel et la lecture efficace à 17 ans.
On sait globalement que les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons mais que les garçons sont surreprésentés dans les filières les plus sélectives et en lycée professionnel. Ces tendances se retrouvent partout. Mais les écarts entre les sexes varient énormément d’une région à l’autre.
L’insee montre particulièrement la situation en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Voilà deux régions qui ont les meilleurs résultats du pays. Par exemple, rappelle l’Insee, le taux de réussite au bac général est 95% pour les filles et 94% pour les garçons contre 93 et 91 pour la France. Or c’est en Bretagne que les écarts entre filles et garçons en terme de réussite scolaire sont les plus faibles. Comme le dit l’Insee, « les bonnes performances scolaires semblent aller de pair avec de faibles inégalités entre les sexes, les garçons réussissant mieux relativement à ceux des autres régions ».
Les garçons ont davantage besoin de l’égalité que les filles…
Mais d’autres arguments poussent à la mixité. Ainsi le travail de Mieke Van Houtte sur 12 000 élèves du secondaire en Flandres belges. M Van Houtte montre l’impact des cultures jeunes sur les résultats scolaires.
Pour elle, les mauvais résultats des garçons s’expliquent par leur culture macho. « La culture des garçons est moins orientée vers l’école » souligne-t-elle. Elle montre même que dans l’enseignement professionnel, la culture des garçons se heurte à celle de l’Ecole. Les garçons seraient plus sensibles à l’image qu’ils donnent dans le groupe des pairs. Or « la culture scolaire n’attire pas ».
Or observant les résultats des filles et des garçons dans des classes mixtes et non mixtes, elle établit que « plus la proportion de filles dans une classe est élevée, plus les garçons progressent ». Les garçons seraient donc sensibles à la culture des filles et pas seulement à leur propre groupe. L’étude montre l’impact des cultures adolescentes sur les résultats scolaires. Dans ce cas elle se fait au bénéfice des garçons. Ce sont bien eux qui ont besoin de la mixité.
François Jarraud