Tout juste ouvert, le site Bonnenote.fr, propose de faire les devoirs à la place des élèves. La livraison est rapide. Le devoir est vite fait par un professeur ou un étudiant. Il est libre de tout plagiat, promet le site. Ce genre de service pullule aux Etats-Unis et au Royaume Uni depuis des années. Il arrive en France. Est-il compatible avec notre vision de l’Ecole ?
Commandez votre devoir…
« Bonnenote est une alternative aux sociétés spécialisés dans les cours particuliers, terminées les contraintes de temps, de déplacement et de budget. Les étudiants francophones du monde entier peuvent désormais commander en ligne des devoirs sur mesure (projet de groupe, dissertations, thèse, mémoire, fiches de révisions…) dans plus de 100 matières », affirme la publicité du site.
Le principe est simple : l’élève envoie un sujet à un rédacteur du site et paye en fonction de l’urgence du devoir à rendre et du nombre de pages attendues. Le devoir rédigé est promis original et fait sur mesure et de façon confidentielle. En principe il est réalisé par un enseignant ou un étudiant chevronné.
Les tarifs sont assez élevés : 17€ pour une page pour un devoir remis dans les 12 heures au collège, 18 au lycée. Le tarif descend à 9 euros par page si le délai est d’un mois. Le site propose des tarifs ascendants du collège au master. En principe il faut avoir 18 ans pour commander sur le site. Mais le site propose des devoirs dès la 6ème…
Un marché de 5 millions d’élèves
La société Bonnenote est installée à Londres. Elle a été crée par Victor Der Megreditchian, un tout jeune entrepreneur français. Sa page Facebook renvoie l’image d’un golden boy naviguant en smoking entre Moscou, Mougins et Londres. Dans ses « amis » on compte quelques membres des familles françaises les plus favorisées. Nous l’avons contacté.
« J’ai découvert ce type de service à Londres », nous a-t-il dit. « J’ai vu qu’il n’y avait pas de site similaire en France, pas de concurrent. J’ai travaillé sur ce projet durant mes études et j’ai monté la société ».
Le marché existe-il vraiment ? « C’est un très gros marché », nous a-t-il confié. « On mise sur 5.5 millions de clients potentiels, des élèves français, suisses et belges de 15 à 25 ans. On compte proposer d’autres services que l’aide aux devoirs :des révisions, des cours en ligne ».
Le site encourage-t-il la paresse ? Bonnenote s’en défend. « C’est comme les médicaments », nous a répondu Victor Der Megreditchian. « C’est un service excellent pour les élèves qui veulent s’améliorer. C’est ça notre modèle. Pour ceux qui en abusent c’est nocif ».
Le précédent de Note ton prof.
Dans le passé d’autres sites avaient pris les principes de l’école à rebrousse poil comme ce site qui notait les professeurs et qui avait du fermer. Bonnenote craint-il des réactions négatives en France ? « Il y a toujours un risque que certaines personnes ne comprennent pas notre Business Model. On essaiera d’expliquer au mieux notre service », dit Victor Der Megreditchian.
L’entreprise dit avoir déjà des clients et avoir recruté près de 500 rédacteurs. En fait, elle est en phase de lancement sur une plateforme de récolte de fonds britannique. Elle a besoin qu’on parle d’elle…
Le soutien scolaire ubérisé
L’Ecole n’a évidemment pas attendu Bonnenote.fr pour connaitre une évolution marchande. La tendance à transformer les élèves et parents en usagers, voire en consommateurs de l’Ecole est déjà là. En France le soutien scolaire représente un chiffre d’affaire d’environ 2 milliards d’euros. Il bénéficie d’aides fiscales importantes.
Mais ce que propose Bonnenote.fr va plus loin que le soutien traditionnel qui passe encore très largement par le contact direct entre un élève et un enseignant qui explique et accompagne. Bonnenote promet un dialogue avec le rédacteur. Mais ce qui est promis de façon explicite c’est la livraison du devoir tout fait. La plate forme met en contact un élève et un rédacteur. L’uberisation des devoirs à la maison est arrivée…
François Jarraud