« Sarkozy nous a enlevé des postes. Hollande fait pire : il nous prive de notre métier ». Ce qui justifie cette inquiétude de la Fnaren, l’association des maitres rééducateurs des Rased, c’est le projet de circulaire « relative à la formation professionnelle spécialisée et au certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive » qui sera discutée le 26 janvier au CSE. Un texte qui rencontre aussi l’opposition de la Fname, l’association de maitres E des Rased.
Rased : Un dispositif menacé
» Il existe des enfants qui, à un moment de leur scolarité, en l’absence de troubles ou de handicap, ou malgré le recours à des aides extérieures à l’école, ne parviennent pas à mobiliser leur pensée de manière efficace pour devenir élèves. Certains de ces enfants, « les inclassables », ne peuvent pas se saisir des aides qui leur sont proposées en classe et se trouvent en grande difficulté à l’école. Au sein de l’école française, un dispositif nommé RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficultés), prend en compte la situation de ces élèves pour leur apporter une réponse originale et individualisée, en complémentarité avec le travail de l’enseignant de la classe et dans une réflexion conjointe », rappelle la Fnaren dans un texte publié sur Médiapart.
Les Rased sont un dispositif que le ministère a tenté d’assécher sous Sarkozy en envoyant les maitres des Rased dans les classes et en supprimant les créations de postes. Depuis le robinet a été un peu ouvert mais le nombre de formations est trop bas pour permettre la reconstruction des réseaux. Les Rased sont volontiers accusés d’inefficacité dans les couloirs de la rue de Grenelle… Par contre leur aide est très appréciée sur le terrain où le Rased est le seul soutien dont peuvent disposer les enseignants face à des élèves qu’ils n’arrivent plus à gérer ou à faire réussir.
Une nouvelle formation insuffisante…
Le nouveau projet de circulaire, que le Café pédagogique s’est procuré, présente la formation que suivront tous les enseignants du premier comme du second degré enseignants du premier degré et du second degré exerçant sur un poste spécialisé dans une école, un établissement scolaire ou dans un établissement ou service social, médico-social ou sanitaire. Elle décrit les modules de formation et l’un d’entre eux concerne les Rased.
Les maitres des Rased lui reprochent deux points. D’abord cette formation destinée à tous les enseignants spécialisés préparant le Cappei réduit énormément la formation. Elle passe de 400 à 300 heures seulement alors que les associations de maitres demandent 750 heures. Le mémoire professionnel est supprimé.
Et qui attaque l’identité des Rased
D’autre part, le parcours de formation présente « deux parcours distincts : aide à dominante pédagogique et aide à dominante relationnelle », correspondant à deux catégories de maitres des Rased. Mais en fait il introduit un troisième parcours « être personne ressource » auprès des enseignants.
« Les missions des enseignements adaptés sont réorientées au profit de missions tournées exclusivement vers l’inclusion et le handicap, au détriment des élèves en grande difficulté scolaire. Les exigences et la qualité de la certification sont revues à la baisse : cette certification ne prend plus en compte la nécessité d’un mémoire professionnel et aura notamment une épreuve orientée uniquement sur la capacité du candidat à être une personne ressource de l’école inclusive », résume la Fname.
« Nos pratiques actuelles sont directement remises en cause », estime la Fnaren. En effet la circulaire ne présente plus les interventions directes en séances individuelles ou en petit groupe en dehors de la classe que pratiquent les maitres de l’aide « à dominante relationnelle ». Leurs interventions sont toujours présentées auprès des enseignants et non des élèves en face à face. « On choisit de régler par le tout pédagogique la question des « élèves inclassables » qui ne peuvent se saisir des aides apportées en classe », dit-on coté Fnaren.
Pour la Fname et la Fnaren la nouvelle circulaire est vécue comme une remise en cause de leur identité et une nouvelle et définitive étape d’un calvaire qui a commencé il y a10 ans.
François Jarraud