La guerre scolaire va-t-elle quitter le prédicat pour se fixer sur le programme de Sciences économiques et sociales (SES) ? Déjà attaquées par l’Académie des sciences morales et politiques qui organise le 30 janvier un colloque sur le programme de SES, voilà qu’une querelle interne s’en prend au contre feu élaboré par la ministre.
L’Académie contre les SES
» Nous aurions dû associer dès le début le Conseil National Education Economie à cet aménagement du programme de l’enseignement d’exploration de SES de seconde, je le reconnais volontiers. Le coup était déjà parti car ce travail était en cours depuis longtemps déjà. C’était une ancienne et légitime demande des enseignants ». Le 22 novembre , N Vallaud Belkacem réagissait, dans Les Echos, à la démission surprise des 4 représentants patronaux du CNEE et présentait leurs successeurs.
La démission de Michel Pébereau et des ses collègues sonnait le premier coup du réveil d’un conflit que l’on croyait mort. En 2010, sous la pression de M Pébereau, les programmes de SES étaient revus à la grande colère des enseignants de SES regroupés dans leur association professionnelle , l’Apses. S’en est suivi plusieurs années de guérilla entre l’Apses et le ministère pour obtenir sinon une réécriture, un aménagement des programmes , finalement accordé par N Vallaud Belkacem. C’est cet aménagement minime qui entraine le départ de 4 membres du CNEE.
» Il faut réfléchir aux compétences et aux connaissances que doit maîtriser un élève ayant suivi un enseignement de SES au lycée. C’est le travail qui est attendu du CNEE et du conseil supérieur des programmes (CSP). Un groupe de travail est en train d’être mis en place par les deux conseils pour reprendre cette question, et tenir compte des arguments des professeurs pour un programme de SES qui tienne la route », déclarait la ministre dans les Echos.
Les ratés du groupe de travail ministériel
Le 19 janvier, en recevant la presse, la ministre revient sur cette affaire. » Afin d’éviter que l’on n’instrumentalise politiquement cette question fondamentale, j’ai saisi à la fois le Conseil supérieur des programmes et le président du Conseil National éducation-économie pour avoir leurs avis sur cette question et pour tirer toutes les conclusions à partir de leur expertise. »
Or le débat passe maintenant à l’intérieur des professeurs de SES. En 2010, un petit groupe entrainé par un formateur, Alain Beitone, avait accepté de participer à la refonte des programmes de SES alors même que l’Apses, qui est représentative de la profession, était tenue à l’écart.
Dans un communiqué diffusé le 14 janvier, les « Beitoniens », réunis dans un nouveau « collectif pour la défense et la promotion des SES » (CDP SES), attaque la composition de la commission mise en place par N Vallaud Belkacem. » Nous regrettons l’absence de l’inspection générale de SES qui est pourtant chargée d’observer dans les classes la mise en oeuvre des programmes », observe le CDP SES. « Nous trouvons contestable qu’un seul et unique enseignant de SES (Philippe Watrelot) qui s’est, à plusieurs reprises, publiquement exprimé contre les programmes actuels soit membre de cette commission. Nous considérons que, les règles minimales du pluralisme impliquaient que des professeurs porteurs d’orientations différentes de l’enseignement des SES participent aux travaux de la commission ».
P Watrelot n’est membre ni du CSP, ni du CNEE mais proche de la ministre qui vient de le mettre à la tête du Conseil national de l’innovation. Celui ci se défend d’avoir une position toute faite sur les programmes et d’avoir pris position. Mais sa présence dans la commission ministérielle est le point faible que cherche le CDP-SES.
Attaquée sur sa droite par les libéraux de l’Académie des sciences morales et politiques, la réforme des programmes de SES est aussi l’objet d’une offensive sur sa gauche par le CDP SES. Au centre les professeurs de SES n’ont pas envie de compter les points…
François Jarraud