Constatée au primaire, la poussée du privé concerne aussi le seconde degré affirme une récente étude de la Depp. A la rentrée 2016, le collège public a perdu près de 10 000 élèves quand le privé en gagne plus de 6 000. L’étude met en évidence une autre évolution : la baisse du redoublement fait gonfler à la fin de la seconde les filières technologiques. La voie professionnelle continue à perdre des élèves. Les réformes jouent-elles contre l’Ecole publique ?
Le privé et la réforme
Avec 9 905 élèves de moins à la rentrée 2016, le collège public parait moins attirant d’autant que les effectifs augmentent nettement dans le privé avec 6 334 élèves en plus. Pour les détracteurs de la réforme du collège c’est le résultat de la réforme mise en place à cette rentrée. Elle aurait découragé les parents de mettre leurs enfants dans le public.
Quelque soit la portée des débats liés à la réforme, les chiffres montrent une situation plus nuancée. La baisse porte surtout sur la 3ème et la 4ème (9 000 et 5 000 élèves) deux années où le privé voit ses effectifs stables. Il y a pourtant bien une attirance plus grande du privé que l’on constate à chaque entrée de niveau. On l’a constaté à l’école. Au collège la moitié de la hausse des effectifs de 6ème se fait dans le privé, en 5ème presque les deux tiers. Le phénomène se voit également en seconde où le public perd 3 948 élèves alors que le privé en gagne 608.
Si la réforme a pu faire reculer quelques parents, il semble qu’on assiste à une montée généralisée du privé dans le système éducatif. La hausse a d’ailleurs lieu dans les académies où le privé et le public sont dans une concurrence bien installée : Rennes, Nantes, Lyon, Versailles. A Nice, à Amiens, la hausse du nombre d’élèves est faible mais va quasi intégralement vers le privé.
Mais comment le privé peut-il accueillir ces effectifs supplémentaires ? Il a sans doute rempli les classes. Mais il a aussi dégressé son enseignement professionnel : 2000 élèves en moins à cette rentrée ce qui devrait renforcer la ségrégation scolaire…
La baisse des taux de redoublement contribue à la baisse des effectifs et à l’orientation
La rentrée voit aussi une nette baisse des taux de redoublement. C’est en fin de troisième que le redoublement se maintient le plus : il chute quand même de 3 à 2.2% depuis 2015. En fin de 6ème ou de 4ème le taux a été divisé par trois.
En fin de seconde le taux passe de 6.7 à 4.3%. Cette baisse se traduit par un glissement vers l’enseignement technologique des élèves : le taux de passage passe de 22.6 à 24.2%. Cette situation entraine des classes très chargées dans plusieurs lycées des académies de banlieue. La baisse du redoublement en fin de 2de n’a pas bénéficié à la série L qui continue à chuter (de 9.9 à 9.6% des orientations).
Globalement à cette rentrée la pression démographique au collège s’est allégée dans le public mais dans une proportion quasi invisible aux équipes. Au lycée général et technologique il ya 41 000 élèves de plus et la pression doit se faire sentir…
François Jarraud