Où en est la politique de mixité sociale amorcée dans les collèges par N Vallaud-Belkacem ? L’Education nationale réunit le 13 décembre à Paris une journée de travail et de retours d’expérience. Elle intervient après que Pisa 2015 ait montré une nouvelle fois l’éclatement du système éducatif. Objectif : montrer que la voie est bonne. Mais que peuvent peser 82 projets locaux face à un phénomène national d’aussi grande ampleur ?
« La ségrégation sociale n’est pas une abstraction. Ce n’est pas un « ressenti » ou un fantasme. C’est, en France, une réalité dont nous connaissons l’ampleur et la cartographie. Les collèges sont très hétérogènes : si 10 % des collèges accueillent moins de 15 % d’élèves d’origine sociale défavorisée, 10 % en accueillent plus de 63 %. Pourtant, nous avons besoin de mixité sociale. Nous en avons besoin, car l’École ne peut transmettre une appartenance commune à la République sur des processus plus ou moins conscients d’exclusion et de ségrégation. Nous en avons besoin car la mixité sociale améliore le niveau des élèves les plus fragiles, sans tirer les autres vers le bas ».
La ministre en appelle à « une politique de la preuve, fondée sur l’expérimentation et l’évaluation des résultats » pour juger de sa démarche. Et pour cela elle réunit à Paris le 13 décembre des porteurs de projets et des experts comme Elise Huillery, professeure d’économie à Paris Dauphine ou Axelle Charpentier, Sciences Po. Objectif : montrer que sa politique fonctionne et comment cela se passe concrètement dans les 82 projets retenus par le ministère.
Effectivement certains projets avancent bien. Début novembre, Véronique Soulé est allée à Redon constater ce qui se passait entre trois collèges dont un du privé. La nouvelle carte scolaire a permis de rééquilibrer en partie la population scolaire entre eux. Le ministère agit aussi en améliorant l’offre scolaire dans des collèges favorisés ou en signant des accords avec l’enseignement privé.
Reste que de nombreux projets n’avancent pas. C’est particulièrement le cas à Paris par exemple où rien ne bougera d’ici la rentrée 2017 et à condition que les réticence soient vaincues. Reste surtout que 82 projets pour un phénomène qui touche au moins 10% des collèges c’est très peu. Reste enfin que la ministre a au moins le courage politique d’associer son image politique à cette politique et de faire quelque chose dans un domaine où ses prédecesseurs ont brillé par leur absence.
F Jarraud