Association de référence sur l’éducation prioritaire, l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) organisait le 10 décembre un séminaire national sur le nouveau cycle 3, à cheval sur l’école et le collège. Ce cycle veut imposer la continuité pédagogique ce qui n’est pas une mince affaire. Pour Marc Douaire, président de l’OZP, il ne suffira pas de construire une cohérence pédagogique déjà difficile. Il faudra aussi assurer la cohérence éducative.
Publié début octobre 2016, le rapport de l’inspection générale sur la continuité écoles collèges avait montré la complexité du défi posé par le cycle 3. « L’harmonisation des pratiques entre l’école et le collège passe par un travail sur les progressions disciplinaires, une bonne maitrise de la construction et de l’évaluation des compétences du socle commun tout au long du cycle, l’harmonisation des pratiques de classe en matière de différenciation pédagogique et de construction de l’autonomie des élèves », disait-il.
Le 10 décembre l’OZP a invité un des co-auteurs, Marie Hélène Leloup ainsi que Marc Bablet , chef du bureau de l’éducation prioritaire à la Dgesco. Une centaine de personnes, essentiellement des acteurs de l’éducation prioritaire, ont participé aux conférences et aux 3 ateliers organisés par l’OZP. Marc Douaire, président de l’OZP, fait le point sur ce séminaire.
Pourquoi le choix de ce thème ?
Le nouveau cycle 3 concerne tout le monde. Mais c’est un enjeu particulier pour l’éducation prioritaire. Pisa montre bien que les questions de continuité et de cohérence éducatives sont des enjeux majeurs pour la réussite des jeunes, particulièrement pour ceux qui sont éloignés des codes de l’Ecole. Il se trouve que l’éducation prioritaire est en avance sur ce terrain.
Par exemple ?
Le séminaire a mis en valeur des expériences engagée sun peu partout. Partout en éducation prioritaire on va au-delà du simple cahier de liaison partagé entre école et collège ou de la simple visite de classe. On est déjà dans l’échange d’exigences entre les deux niveaux d’enseignement, avec des moments partagés longs où les écoliers passent plusieurs jours au collège. On voit aussi beaucoup d’actions communes comme des défi maths ou des défis lecture associant cm2 et 6ème.
Une nouvelle étape se dessine : une réflexion commune sur l’évaluation et sur la pédagogie différenciée. Les enseignants commencent aussi à découvrir les façons différentes de faire cours à l’école et au collège avec des séquences en école passées devant des enseignants mêlés. Cela fait bouger les représentations. On avance aussi sur la façon dont on amène les élèves à coopérer. Marie-Hélène Leloup, assez enthousiaste, parle même de « zones d’actions pédagogiques » en gestation dans l’éducation prioritaire.
Son rapport avait mis en avant de nombreux obstacles à la continuité entre école et collège. Dans l’éducation prioritaire que faut-il faire pour avancer en ce sens ?
Ce qui revient tout le temps dans les propos des acteurs, c’est qu’il faut du temps pour construire ces démarches. Il faut aussi un pilotage à tous les niveaux qui fasse confiance aux collectifs locaux et qui les aide, notamment en entretenant la mémoire de ce qui s’est fait.
Il y a aussi une forte demande de formation pour aider les équipes à avancer. Et globalement d’une reconnaissance des réseaux en terme de gestion des ressources humaines.
Cela veut dire que l’éducation prioritaire doit rester prioritaire à tous les niveaux de l’institution.
Quand on observe les différences entre cm2 et 6ème on est frappé par l’enthousiasme des cm2 et la passivité des collégiens. Quelle position sur ce point ?
Ce que nous disent les acteurs c’est qu’il faut répondre aux questions des élèves quand ils cherchent du sens à la multiplication des disciplines en 6ème. Une réponse originale c’est la constitution de classes communes cm2 -6ème où interviennent les enseignants des deux niveaux.
La posture de l’élève, le style des cours diffèrent dans les deux niveaux. Ca évolue ?
Comment les élèves s’approprient l’espace, le rôle des délégués de classe par rapport à un fonctionnement plus engageant à l’école, il y a beaucoup de différences entre école et collège. Tout ce travail sur la prise de responsabilités à l’école et dans les espaces de l’école apporterait beaucoup au collège. On se rend bien compte que la cohérence pédagogique ne suffit pas. Il faut aussi une cohérence éducative entre les deux niveaux.
D’un coté on a souvent des professeurs des écoles assez expérimentés, de l’autre des professeurs du secondaire débutants. Comment rapprocher les deux cultures ?
Il faut que les Espe prennent le taureau par les cornes. Il faudrait aussi que les référents soient reconnus dans leur professionnalité. Enfin il y a tout ce qui peut permettre de construire la relation comme une évaluation définie en commun.
En cloturant le séminaire, Marc Bablet a voulu vraiment encourager tout ce qui se fait déjà dans l’éducation prioritaire pour cette continuité et qui préfigure ne fait l’école du socle. L’Ocde reconnait que le travail engagé dans l’éducation prioritaire est pertinent.
Quels sont les prochains rendez vous de l’OZP ?
Nous publierons le 11 janvier un manifeste qui sera proposé aux candidats à la présidentielle début mars. Sinon le 25 janvier, V Bouysse, inspectrice générale, fera le point avec nous sur la scolarisation des moins de 3 ans.
Propos recueillis par F Jarraud