D’après le Snuipp Fsu, qui organisait le 30 novembre une manifestation des « exclus de la revalorisation », ils seraient 15 000 professeurs des écoles à ne pas bénéficier de la revalorisation de 1200 € qu’ont obtenu les 350 000 autres enseignants. Reçus par le cabinet de N Vallaud Belkacem le 30 novembre, ils n’ont rien obtenu. Leur cas reste à l’étude.
La case prison sans les 1200 €
Dans la manifestation, nous croisons Luc Favre. Jeune professeur des écoles il enseigne dans une prison du centre de la France. « Je me sens pleinement à ma place », nous a-t-il dit. Ce qui l’a amené là c’est un engagement social. L’idée qu’il peut être utile.
« J’apprends à lire et à écrire aux détenus illettrés, soit 20 à 30% de l’effectif de la prison », dit-il. Une petite minorité est composée de détenus étrangers qui sont illettrés dans leur langue. La grande majorité ce sont des détenus français qui soit n’ont pas eu une scolarité normale , soit ont perdu l’usage de la lecture ou de l’écriture.
Tous sont très motivés, nous dit-il. « Ils se rendent compte que c’est une opportunité de reprendre le contrôle de leur vie. Mais mon métier c’est aussi de leur faire reprendre confiance en eux ».
Luc Favre enseigne 21 heures par semaine. Il doit aussi deux heures de concertation avec ses collègues. Le reste du temps il est à la prison. Il visite les prisonniers dans leur cellule. Il doit aussi planifier ses interventions avec l’administration pénitentiaire.
« Mes collègues touchent une revalorisation de 1200 € pour le suivi des élèves. Les enseignants en prison ne la touchent pas. On ne comprend pas pourquoi. Nous aussi on suit nos élèves ».
Le cas des enseignants référents
Dans la petite manifestation organisée par le Snuipp le 30 novembre, nous avons aussi rencontré Lise Limousin , une enseignante référente de Vendée. Son travail c’est de faire le suivi des élèves handicapés. Enseignante spécialisée elle réunit chaque année soignants, enseignants et parents pour étudier le cas de chaque enfant et trouver l’aide la plus adéquate. Au service des enfants, elle fait le lien entre les parents, la Maison des handicapés et l’Education nationale. Elle aussi demande à bénéficier de la même revalorisation que les autres professeurs des écoles.
La même revalorisation pour tous
« Ils sont environ 15 000 à ne pas avoir été revalorisés », nous confie Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp. Ils touchent une Isae ou une autre indemnité partielle. Certains voient leur salaire diminuer avec le nouveau système. C’est le cas par exemple d’enseignants en segpa. « On demande une égalité de traitement pour tous les professeurs des écoles », explique F Popineau. « On est très satisfait des mesures de revalorisation prises par le ministère. Mais il faut maintenant régler le cas des exclus ». Elle souligne le fait que les salaires sont plus bas que dans les pays voisins et trop bas pour attirer des étudiants scientifiques, une situation que les résultats de Timss a mis en valeur…
Reçus par le cabinet de la ministre, la délégation du Sbuipp est ressortie les mains presque vides. Le ministère a décidé d’accorder un délai supplémentaire de remontée des enquêtes sur les professeurs référents, ce qui selon F Popineau, pourrait signifier qu’ils auraient un traitement à part.
François Jarraud