Les résultats de Timss sont sans appel : en fin de CM1, les jeunes français ont un niveau nettement inférieur à la moyenne des 49 pays participant à l’enquête internationale TIMSS évaluant les compétences en maths et en sciences. En Europe la France se retrouve tout à fait en bas du tableau, 22ème sur 22. Ces mauvais résultats interpellent les enseignants et leur formation. La ministre a mis en avant la responsabilité des programmes de 2008 et de la suppression de la formation avant 2012. Deux mesures du gouvernement Fillon.
De mauvais résultats généralisés
Enquête internationale menée par l’IEA, Timss évalue le niveau de compétences en maths et sciences à trois niveaux. La France a participé à deux niveaux : la fin de CM1 et la terminale scientifique. On reviendra plus tard sur les résultats de terminale car le principal problème se situe en CM1.
En fin de CM1, le score des jeunes français est de 488 en maths et 487 en sciences. La France se situe nettement en dessous de la moyenne des 49 pays participants qui est de 500 points et en dessous de la moyenne européenne qui est de 527 points en maths et 525 en sciences. Ils sont aussi en dessous de la moyenne Ocde : 528 et 527.
Ce bas niveau est général. Seulement 23% des élèves français ont un bon niveau en maths contre 48% des européens et 42% de tous les participants. En sciences c’est respectivement 22, 45 et 46%.
Les résultats sont mauvais partout : en nombre (France 484 contre 526 dans l’UE), présentation de données (475 contre 525), géométrie (503 contre 529). Le niveau en physique est de 482 contre 522, en sciences de la terre de 484 contre 523.
Par domaine cognitif, les écoliers ont peu de connaissances en maths et sciences (484 et 482). Ils sont faibles en raisonnement (491 et 81) et en application (488 et 494).
La faute à qui ?
En commentant ces résultats le 29 novembre, N Vallaud-Belkacem a mis en cause le gouvernement Fillon. « Ces élèves de CM1 sont entrés en CP en 2011 », a-t-elle dit. « C’est la génération sacrifiée qui paye au prix fort les choix politiques du gouvernement Fillon. Ils ont suivi leur scolarité avec les programmes de 2008 dont l’Inspection générale a souligné les faiblesses. Ils ont connu les suppressions de postes et une formation réduite à peau de chagrin. Ces élèves payent le prix de cette politique. Ils le paieront à l’avenir si la même politique est appliquée ».
Les facteurs qui expliquent cette situation sont divers. La mauvaise qualité des programmes de 2008 qui chargeaient de façon excessive les apprentissages est réelle. Aucun des élèves testés n’a bénéficié des nouveaux programmes installés en 2016.
On peut aussi souligner la pression sur les postes. Les classes du primaire sont beaucoup plus chargées en France que dans les autres pays européens ou de l’Ocde. On sait aussi que les ruptures d’apprentissage sont fréquentes du fait du manque de remplaçants.
Mais l’analyse de la Depp souligne aussi d’autres éléments. Les enseignants français sont moins nombreux que les autres enseignants européens à se dire à l’aise en maths ou sciences particulièrement en ce qui concerne la compréhension ou l‘aide à apporter aux élèves.
Ces résultats sont par contre obtenus alors que la France consacre nettement plus d’heures de cours aux maths (et aux fondamentaux en général) que ses voisins. C’est donc bien la façon d’enseigner les maths qui est interpellée par Timss. La récente conférence de consensus sur la numération a pointé des difficultés précises pour cet enseignement au primaire.
Evidemment ces résultats de CM1 ne sont pas ceux de Pisa, passés à l’âge de 15 ans, que l’on aura le 6 décembre. Mais ils annoncent une tendance qui fait froid dans le dos.
François Jarraud