Comment mettre en place le Parcours Avenir, ce nouveau dispositif qui doit faire découvrir les entreprises et les métiers aux collégiens de la 6ème à la 3ème ? Le 22 novembre, N Vallaud Belkacem rencontre au collège Gréard à Paris des enseignants et des représentants d’entreprises qui ont mis en pratiques le Parcours. Une visite élargie pour découvrir les productions de l’Onisep et le projet d’une startup sous le regard du Conseil national éducation économie. Le message est clair : il y a plus d’une façon de cheminer sur le Parcours Avenir.
Le Parcours dans un collège favorisé…
Seul bémol au tableau de cette journée sur l’orientation : avoir choisi un collège très favorisé du 8ème arrondissement où les problèmes d’orientation ne se posent pas dans les termes d’urgence d’autres établissements. Cela n’empêche pas le collège Gréard de s’être engagé pour de vrai dans le Parcours avenir.
C’est un binôme inhabituel qui mène le parcours au collège. « Je me régale », dit Isabelle Fajardo, professeure documentaliste et co-responsable du parcours avec Mme Ponge, professeure de technologie, « une association qui fonctionne très bien » . Le collège a réservé 2 heures le vendredi après midi pour le parcours. Toutes les classes de 3ème participent à un EPI « Voir plus loin » qui permet cette découverte des métiers. Concrètement, les élèves réalisent un journal où ils partagent leur découverte des métiers. Pour réaliser leurs articles ils se déplacent et rencontrent des cadres d’entreprises assez variées. Ainsi ils découvrent les métiers manuels des Compagnons du devoir, à coté de grands groupes comme L’Oreal, Engie ou Air France. Dans les locaux de ces entreprises ils participent à du « speed dating des métiers » : des présentations ultra rapides des différents métiers représentés dans l’entreprise , du pilote ou du mécanicien avion au commercial par exemple chez Air France.
« Ils ont adoré », précise Mme Fajardo. Ces visites ne font pas qu’élargir les connaissances sur les métiers. Les élèves travaillent sur l’éducation aux médias quand ils réalisent leurs articles. Le Parcours avenir soulève aussi les représentations; « L’enseignement professionnel , je croyais que ce n’était que pour les gens perdus », explique une collégienne à la ministre…
Mais aussi en Rep+
Fabien Audy travaille dans u tout autre environnement, au collège Rep+ Doisneau à Clichy sous Bois. Son travail sur la découverte des métiers a déjà été salué par un article du Café pédagogique. Depuis il continue. Le collège est globalement impliqué dans le Parcours avenir avec des interventions différentes de la 6ème à la 3ème. Par exemple, en 4ème, il organise des jeux de rôle parent -enfant où les représentations sur les métiers s’échangent, un élève jouant le parent refusant une orientation à un jeune adolescent.
Ce que montre bien F Audy c’est comment intégrer l’orientation dans le cours de SVT, sa discipline. Par exemple un travail interdisciplinaire sur la chirurgie durant la 1ère Guerre mondiale, avec le professeur d’histoire, est l’occasion de montrer l’évolution des métiers de la santé depuis 1914. Un EPI sur le développement durable, associant le professeur de français et d’arts plastiques, élargit aussi le champ des possibles des élèves.
« Si tout le monde à un moment faisait cela, les élèves découvriraient davantage de métiers ». L’objectif pour lui c’est d’éviter les orientations non choisies. Un autre aspect c’est l’implication des élèves. « Des élèves absents en cours s’impliquent car c’est une façon concrète d’aborder des sujets disciplinaires », dit F Audy.
Des élèves entrepreneurs ?
« Ce qui compte c’est que chaque élève soit mis en situation d’entreprendre ». Pour Jérome Gervais, membre du Conseil national éducation économie et président d’Entreprendre pour apprendre, la clé c’est le développement de l’entrepreneuriat. Il le concède au sens large : entreprendre ce peut être organiser un voyage scolaire. Mais pour le CNEE, c’est cet esprit qu’il faut diffuser auprès des jeunes. Et le CNEE publie des guides pédagogiques en ce sens.
C’est aussi un élément qui est véhiculé par la startup Impala. Très soutenue par la ministre, Impala propose une application d’orientation qui permet la découverte des professions « proches de son profil ». On accède ainsi à un nuage de métiers possibles avec des informations sur chacun. L’application est sympathique et séduisante. A vrai dire, des applications Onisep font ça aussi très bien…
Impliquer les familles éloignées de l’Ecole
Parce que le grand spécialiste du Parcours avenir , ça reste l’Onisep. Michel Quéré, directeur de l’Onisep,met surtout l’accent sur les outils développés pour les parents. « On cherche à renforcer la culture de l’école dans les familles, surtout chez les ousiders de l’école », dit-il. L’Onisep a créé une série d’animations qui montrent comment fonctionne une école ou le collège, ce qui change en entrant en 6ème ou en CAP. Le tout dans 9 langues dont des langues rares de l’immigration. Un travail remarquable tourné vers les familles qui ont vraiment besoin de comprendre l’école.
Autre point fort de l’Onisep, Pro2sciences. Pour faire aimer les métiers scientifiques, l’Onisep et la Fédération des sociétés savantes ouvrent un site qui propose des séquences interdisciplinaires clés en main basées sur des objets du quotidien. « On utilise la science pour faire découvrir les métiers », explique Michel Quéré. A vrai dire, Pro2sciences fait aussi appel aux langues, au français, ou aux arts dans une démarche vraiment pluridisciplinaire. Pro2science c’est déjà 12 dossiers pluridisciplinaires imaginés par des équipes d’enseignants de 5 académies. Le site prend le prétexte de l’exploration guidée d’une série d’objets de la vie quotidienne qui ont modifié l’organisation sociale et qui sont porteurs d’innovation sociale (tablette tactile, montre et bracelet connectés, leds, imprimante 3D, casque de réalité virtuelle…), pour établir, comme le propose le parcours Avenir, des liens naturels entre disciplines et découverte du monde économique et professionnel.
Parcours avenir est possible à Paris 8ème come à Clichy sous Bois. Reste à faire partager par les enseignants un nouvel aspect de la culture professionnel. C’est là que des sites comme Pro2sciences , en apportant des solutions clé en main, peuvent faire la différence.
François Jarraud