Pour faire de la lecture un événement, pourquoi ne pas créer un magazine de presse sur le livre lu ? Dans le cadre de leur projet i-voix, des lycéens de l’Iroise à Brest ont produit collectivement et numériquement un magazine numérique sur le roman de William Golding « Sa Majesté des mouches ». Les articles, variés, correspondent à différents genres ou rubriques journalistiques : éditorial, faits divers, reportages, portraits, interviews, histoire, idées, critique ciné, courrier, gastronomie, mode, beauté, jeux, tests psychologiques, dessins de presse … : Le projet, aisément transférable, montre comment articuler avec les programmes l’Education aux Médias et à l’Information, comment concilier apprentissages de la littérature et de la littératie.
A travers la création de « Sa Majesté Mag », il s’agit en effet de rendre compte, de façon créative ou informative, critique ou ludique, d’une lecture pertinente et précise du roman : chaque élève se l’approprie à sa façon, selon ses inclinations et ses réflexions propres ; chacun développe ses compétences tout en enrichissant son point de vue sur l’œuvre à travers les articles en ligne de ses camarades. Il s’agit aussi de développer une certaine habileté en translittératie : allers-retours de la littérature au web, transmutation du roman en interview, en poème, en slam ou en lettre, lecture de textes multi-supports, recherche et traitement de l’information, mise en relation des textes, des infos, des genres, appropriation par le pastiche ou la parodie, la manipulation et le transfert, de codes d’écriture journalistiques et littéraires, apprentissage des modalités et règles de la publication en ligne … Le travail de réécriture favorise l’immersion dans l’œuvre comme la distanciation par rapport à celle-ci : il permet de travailler tout à la fois les capacités d’empathie et d’humour.
Au bout de la transformation, bien des satisfactions : le plaisir de lire et d’écrire, le bonheur d’apprendre, de recréer et de partager, la nécessaire réconciliation de la culture du livre et de la culture numérique.
Jean-Michel Le Baut