Présenté à la Commission des finances le 20 octobre, le rapport de la Cour des comptes sur l’enseignement français à l’étranger fait le portrait d’un système à bout de souffle. Il invite à des réformes profondes en terme de financement, de perspective et aussi de gestion des ressources humaines. Les heures des professeurs sous statut expatrié semblent comptées…
Pendant deux heures, le sénateurs ont échangé avec Jean-Philippe Vachia, auteur du rapport de la Cour des comptes et Christophe Bouchard, directeur de l’AEFE. Pour la Cour, » le réseau de l’enseignement français à l’étranger (EFE) se trouve ainsi placé à la croisée des chemins. Se limiter à préserver l’acquis reviendrait à ignorer une demande croissante qui, à défaut d’être entendue, trouvera sur le marché international de l’éducation des solutions souvent plus onéreuses pour les familles mais de qualité. Sous l’effet de la concurrence, cette tendance, déjà à l’oeuvre dans certains pays, affecterait le modèle économique de l’EFE comme son dynamisme. À l’inverse, conforter et développer le réseau pour répondre à la demande ne saurait se faire sans affirmer une volonté politique, sans opérer des choix et des redéploiements significatifs, voire sans sacrifices ».
Le rapport pointe une triple crise. Crise financière d’abord. L’enseignement français à l’étranger scolarise 130 000 jeunes français expatriés et 200 000 étrangers dans près de 500 établissements dans 136 pays. Il emploie 2 103 enseignants français détachés par l’Education nationale. Son budget se monte à près de 2.3 milliards dont 1.8 de frais de scolarité payées par les familles.
Le rapport pointe la baisse continue des subventions de l’Etat (-8% depuis 2012) alors que la demande augmente (+ 55 000 élèves) et qu’il faut la réajuster géographiquement. La part des crédits publics dans certains établissements est tellement réduite que la question du pilotage public se pose. Les établissements, come le remarque le sénateur Jean Yves Lecomte ont tendance à privilégier les élève solvables ce qui peut contredire les missions de l’établissement.
Une seconde crise existe dans la gestion des personnels. L’Education nationale plafonne les emplois détachés qui coutent cher. Le rapport demande leur réduction au bénéfice d’une augmentation des enseignants « résidents » et des enseignants recrutés locaux. Au passage la Cour soulève l’hypocrisie du statut de résident (souvent en fait des expatriés sans statut d’expatrié). Il veut aussi revaloriser les recrutés locaux.
La troisième crise est celle de la prospective. Sa résolution passe par a solution de la crise financière. Mais le rapport demande aussi que les élèves des établissements reçoivent un numéro INE pour qu’ils puissent facilement poursuivre après le bac dans une établissement supérieur français plutôt qu’aller dans des établissements étrangers. Lors du débat au Sénat, Anna Livia Susini Collomb, de la Dgesco, a annoncé que ce serait fait en 2017-2018. Voilà au moins une première avancée.