Evoquant un « sournois endoctrinement de la théorie du genre », le pape a condamné le 2 octobre l’école française accusée aussi de » colonisation idéologique ». Le pape reprend ainsi à son compte les positions extrémistes. Il entraine en cascade des réactions du Secrétariat général de l’enseignement catholique, des éditeurs et de l’opposition…
« Une chose est une personne qui a ces tendances, et même qui change de sexe, mais autre chose est d’enseigner cela dans les écoles. On veut changer les mentalités, c’est ce que j’appelle la colonisation idéologique ». Selon La Croix, le pape a condamné un manuel scolaire français du collège et dénoncé l’enseignement de la théorie du genre dans l’école française. Une première déclaration a été faite le 1er octobre à Tbilissi puis une seconde le 2 octobre lors du voyage de retour.
Dès le 1er octobre, le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC) réagit en pubkiant un communiqué soutenant la distribution dans des établissements catholiques d’une brochure du collectif ViviGender soutenu par la Fondation Lejeune.
Le Sgec précise « qu’il est parfaitement légitime que la parole portée par les responsables de ces établissements soit habitée par une vision chrétienne de la personne et de la société… Le respect de la vie en général et de toute personne en particulier constitue l’un des piliers de cette vision chrétienne. .. Que l’on s’étonne qu’une parole chrétienne soit proposée à tous au sein des établissements catholiques en est une autre, et cet étonnement même a de quoi surprendre ».
La brochure ViviGender, qui est également envoyée à des écoles publiques, dénonce la lutte contre les stéréotypes sexués et contre l’homophobie et accuse l’école de manipuler les enfants et de les préparer à un « esclavage moderne ». Elle dénonce notamment le programme de SVT de 1ère, celui de SES de 2de, les programmes de l’école élémentaire ainsi que l’action ministérielle y compris la ligne Azur mise en place pour la lutte contre l’homophobie. Cette campagne invite les parents à se porter candidats aux élections des parents délégués qui ont lieu les 7 et 8 octobre.
Le premier syndicat des enseignants du privé, la Fep Cfdt, répond en estimant que « la présence de cet ouvrage dans un établissement sous contrat avec l’état n’est pas illégale tant que l’ouvrage n’est pas subrepticement introduit dans les classes et n’interfère pas avec les programmes d’enseignement » mais dénonce « un ouvrage tendancieux »
La ministre de l’éducation réagit le 3 octobre. Sur France Inter, elle « regrette les paroles légères et infondées du pape… Je n’imaginais pas que le pape se laisserait embarquer par des intégristes et leur folie mensongère. Ça me met en colère »,a-t-elle déclaré. Elle a invité le pape à rencontrer des enseignants français et à lire les manuels. « L’école a besoin de la confiance des familles »,a-t-elle ajouté. « Je les invite à ouvrir les manuels de leurs enfants ».
Annie Genevard, déléguée nationale Les Républicains à l’éducation, estime que « la ministre s’abrite aujourd’hui derrière la lutte contre les discriminations et pour l’égalité mais que beaucoup utilisent comme faux nez de la théorie du genre. En fait, Madame Vallaud-Belkacem adhère profondément à la théorie du genre, ses déclarations passées en attestent, mais elle n’ose plus le dire ».
Quant aux éditeurs des manuels scolaires, ils rappellent que « les différences entre les hommes et les femmes sont abordées sous l’angle factuel des transformations corporelles qui affectent les filles et les garçons au cours de l’adolescence en Sciences et via la lutte contre les stéréotypes et les discriminations dans le cadre de l’Enseignement moral et civique… Ils rappellent que leur liberté éditoriale, qui est le pendant de la liberté pédagogique des professeurs, s’inscrit dans le respect des programmes, en toute indépendance de pressions religieuses ou laïques ».
A quelques jours des élections des délégués des parents d’élèves, l’Eglise vient apporter une aide puissante aux candidats traditionalistes et semer le doute dans les esprits des parents. La position du pape aura aussi un effet sur les enseignants des établissements privés sous contrat particulièrement en SVT et en SES.
François Jarraud