Résistants à tout changement les profs ? Certainement pas à en juger le succès du mooc « La classe inversée à l’ère du numérique » proposé par Canopé. Avec déjà 3500 inscrits il témoigne de l’appétit de formation des enseignants dès lors que celle-ci n’est pas engluée dans les relations hiérarchiques. Pour Jérome Staub, chef de projet, et Jean-Marc Merriaux, directeur général de Canopé, cette réussite est aussi un défi.
Etalé sur 6 semaines de cours à partir du 19 octobre, le mooc « classe inversé » veut former les enseignants au concept de classe inversée. Il se compose de deux parcours, le premier pour initier le concept et le second en approfondissement.
Particularité du projet : l’implication d’une douzaine d’enseignants , certains bien connus des lecteurs du Café pédagogique comme Marie Soulie, Alexandre Balet ou Olivier Quinet par exemple, pour animer des échanges entre pairs tout au long de la formation.
Le parcours d’initiation accompagne les enseignants dans la construction de leur projet de classe inversée. Le parcours d’approfondissement revient sur le plan de travail des élèves, l’évaluation, les outils, des sujets longuement débattus lors de Clic 2016.
« On est surpris de l’impact de ce mooc », nous a confié Jean-Marc Merriaux, directeur général de Canopé. « On ne s’attendait pas à autant de monde ». Pour Canopé, le mooc est aussi un véritable test pour l’outil de partage entre pairs Viaeduc , associé aux parcours du mooc. « On va utiliser le mooc comme un outil de partage de bonnes pratiques pour les bénéficiaires de la première session avec l’espoir de créer une véritable communautés d’anciens ».
Jérôme Staub, chef de projet Canopé pour ce mooc, revient lui aussi sur cette expérience et son succès.
Pourquoi organiser une seconde session cette année ?
Il y a des différences de taille entre la session de l’an dernier et la nouvelle. Cette année la session est ouverte également aux enseignants du primaire , ce qui n’était pas le cas lors de la session 1. Ensuite on va permettre à ceux qui ont fait la session 1 d’approfondir avec un parcours particulier. Il y a donc beaucoup de nouveautés cette année.
Peut-on dire que c’est une formation clé en main ?
Pas au sens où on apprend en regardant faire. Là on apprend à faire. L’objectif du mooc c’est de produire un projet et pour ceux qui approfondissent de partager une vision des résultats de ce qui a été fait.
Peut-on définir le concept de classe inversée ?
C’est un concept qui vient de l’enseignement supérieur. Mais il recouvre des pratiques fort différentes selon les besoins des enseignants.
Le mooc ne risque-t-il pas de normaliser le concept de la classe inversée ?
Les gens qui participent au mooc arrivent avec des questions précises qui tiennent à la mise en place de la classe inversée. Ils ne sont pas dans une volonté de normaliser.
Le fait que la formation soit appuyée par une équipe d’une douzaine d’enseignants c’est important ?
C’est fondamental. C’est ce qui permet de dégager la dynamique du groupe pour construire ensemble les projets en utilisant Viaeduc comme outil de travail collaboratif. Le but c’est bien d’arriver à constituer une communauté qui se développe au delà du mooc. Enfin sans eux on n’arriverait pas à accompagner la masse des inscrits.
Vous annoncez 3500 inscrits. C’est énorme. La classe inversée n’et elle pas devenue la bouée de secours des enseignants qui sont en difficulté ? Que vous dit ce succès ?
C’est une question. C’est une chose à regarder. Mais il faut aussi se poser la question de ce que cela nous apprend sur le rapport au travail et le travail collaboratif. Cette expérience va à coup sur être suivie de près par Canopé.
Propos recueillis par François Jarraud