En visite à Grenoble le 26 septembre, la ministre a reçu le rapport du Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative (Cnire) comme le Café l’avait annoncé. Fruit de deux années de travail du Conseil, ce rapport léger se regroupent sur trois thèmes et 66 propositions qui survolent largement les réalités scolaires…
Littérature rose
« Il ne sert à rien de préconiser sans se préoccuper des conditions du changement et de transformation durable dans le système lui-même. Dans l’innovation, il y a une composante temporelle essentielle, c’est-à-dire une nécessaire ingénierie du changement inscrite dans une durée suffisante ». Clairement cette ingénierie du changement est absente du rapport du Cnire, à moins de considérer comme telle une préconisation reprise du rapport 2014 : » Développer dans toutes les académies, des équipes d’accompagnateurs des innovations et des expérimentations ». Ces équipes existent déjà : ce sont les Cardie, dont le rôle est diversement apprécié.
Le rapport du Cniré met l’accent sur trois domaines. Le plus intéressant c’est « développer la coopération ». Mais sa déclinaison fait l’objet d’une proposition très floue : » Faire de la coopération un enjeu et une pratique collective ; développer une culture de la coopération entre les élèves, entre les enseignants et tous les acteurs de la communauté éducative, afin que chacun assume des responsabilités et prenne des initiatives pour répondre aux défis actuels de l’école ».
Le second axe traite du développement de l’oral et aboutit à 3 propositions de la même eau : « développer l’usage d’outils numériques pour favoriser l’apprentissage de l’oral… Mieux évaluer les compétences orales, de manière positive… Favoriser l’apprentissage de la parole dès le plus jeune âge, afin que les générations futures se sentent à l’aise dans les prises de paroles présentielles et vidéos ». On fera grace du chapitre sur le « parcours » et la différenciation.
De nombreuses propositions relèvent du domaine des B.A. et de la psychologie positive : » Favoriser les occasions de convivialité et de plaisir d’être et de faire ensemble », » Inciter les acteurs du système éducatif à « aller voir ailleurs « , » « Vivre une semaine dans la peau d’un élève », proposer à un professeur stagiaire de suivre une semaine de cours dans les mêmes conditions qu’un élève de collège », » Faciliter la prise de fonction des nouveaux arrivants dans un établissement (débutants ou entrants), par des échanges sur les questions concrètes », » Que les professeurs devenus chefs d’établissement puissent, s’ils le désirent, conserver un service d’enseignement », « Mettre en place des « équipes d’amélioration de l’école » » par exemple. On pourra ranger au même rayon la proposition 67 qui demande d’utiliser le même mot « lycée » pour désigner les lycées généraux et professionnels.
Un rapport fort mince
On retiendra quelques propositions plus fortes. Le Cniré souhaite une gestion commune des personnels du 1er et du 2de degré dans le cadre de l’école du socle. Il demande l’entrée dans le monde scolaire « par la langue première dans les COM, c’est à dire l’enseignement en créole ou en langue locale. Il souhaite aussi l’introduction de la philosophie en série professionnelle.
Au total ce rapport, résultat de deux années, est fort mince. Cela tient aussi à son positionnement. Au lieu de s’effacer derrière les enseignants innovants, le Cnire ne sait que dire ce que l’innovation doit être. Mais sans remuer vraiment l’institution.
François Jarraud