Comment éveiller les écoliers et jeunes collégiens par l’activité physique ? C’est ce que propose Jean Marc Rigal à l’origine de la création d’Actibloom, un site proposant une multitude de vidéos dans plusieurs activités sportives. On retrouve notamment des séances pour les 3 à 12 ans, mais aussi pour un public souffrant d’handicap, ou des ressources pour la préparation de l’épreuve EPS au CRPE.
Pouvez-vous nous présenter ce qu’est Actibloom ?
Actibloom vient de la contraction entre « acti » qui signifie activité et « blum » qui signifie éveil. Le but d’Actibloom est de mettre gratuitement à la disposition d’adultes de petites vidéos de 3-4 minutes pour initier un groupe d’enfants à une activité sportive, comme par exemple l’athlétisme, le jonglage ou les sports collectifs.
Autre aspect important à souligner, Actibloom est avant tout le fruit du travail collaboratif de plusieurs personnes ayant à la fois le profil de spécialiste de l’activité et aussi une expérience dans l’intervention auprès des enfants de 3 à 12 ans.
Pourquoi cette démarche ?
Etant dans le domaine du sport, je me suis rendu compte il y a 4-5 ans qu’il y avait en quelques sortes un vide. C’est à dire que plusieurs personnes avaient des questions autour de ces activités et autour de la formation.
En France, les enseignants dans le premier degré sont généralistes et ils ont une forte demande dans ce domaine. Ayant échangé notamment au sein de forums ou de plateformes collaboratives, je me suis lancé dans cette démarche de création de tutoriels avec l’aide d’autres personnes.
N’est-ce pas le rôle de l’éducation nationale de proposer ce type de site ?
Je partage, évidemment, votre opinion sur ce point. Toutefois, pour avoir rencontré de nombreuses personnes notamment au sein des inspections, elles avouent surtout ne pas avoir les moyens pour réaliser ce type de plateforme. De plus, Actibloom s’inscrit de pair avec les organismes de formations (à la fois initiale et continue), nous souhaitons vraiment construire un projet collaboratif, à destination et au service des enseignants.
On imagine que la gestion du site est complexe ?
Oui, c’est une tâche lourde. Nous travaillons alors avec un webdesigner, un webprogrammeur et une personne qui s’occupe du référencement. Toutes ces personnes ont permis le développement de la plateforme actibloom. Les deux chaînes Youtube et Viméo permettent le stockage qui aide énormément. Ainsi le plus compliqué concerne la mise en place du tournage pour avoir les séquences, réaliser le film et le monter. Il ne faut pas aussi oublier le côté juridique, il a fallu s’entourer des services d’une juriste, notamment au regard du droit de l’image audiovisuel de personnes mineures.
Pouvez-vous, pour nos lecteurs, prendre l’exemple d’une vidéo?
Je vais prendre l’exemple de l’échauffement en Athlétisme avec des enfants entre 8 et 12 ans. L’intervenant est à la fois un spécialiste d’Athlétisme mais aussi un intervenant auprès de la municipalité. Cette personne explique en 4 minutes le choix de ses exercices, les finalités de l’échauffement et surtout le « comment » à travers différentes séries d’exercices.
Justement, n’est-ce pas compliqué d’avoir du contenu en quantité et de qualité ?
Effectivement, il faut à la fois une certaine quantité de vidéos mais aussi une qualité de ces dernières. Nous sommes actuellement aux alentours de 120 vidéos, mais il est vrai que nous aurions pu en faire beaucoup plus.
La complexité notamment au regard des demandes que nous avons est de couvrir une grande palette d’activités physiques sportives et artistiques. Un choix important a été de mettre l’accent sur le pôle ludique notamment en collaboration avec l’AE-EPS.
L’association joue pour nous un rôle précieux car, riche de son expérience, il est évident que la finalité reste l’enfant. Notre préoccupation : Comment l’inciter à devenir pro actif et à participer à une activité sportive et aussi collective ?
Du coup, nous proposons plusieurs vidéos autour du plaisir et surtout comment faire en sorte que les élèves en trouvent lors des séances.
Ce format est pertinent pour présenter rapidement mais la formation de PE insiste sur les progressions, n’y-a-t’il pas un paradoxe ?
Oui justement, votre question est fort intéressante. Nous avons d’ailleurs relevé une augmentation du nombre de connexions pendant la période des oraux au CRPE. Ainsi, nous travaillons de plus en plus avec des personnes qui s’occupent des différentes formations, voire avec des jurys afin de proposer des ressources de plus en plus pertinentes aux candidats des différents concours d’enseignement du premier degré.
Quelle évolution, quels projets à venir ?
Notre volonté est de proposer lors des 12 mois à venir, plusieurs vidéos tout d’abord concernant les activités non traitées en privilégiant cette notion de progression. De plus, nous souhaitons réaliser plusieurs vidéos sur ce qu’est enseigner une activité sportive auprès des enfants, avec l’aide notamment de l’association des enseignants d’EPS mais aussi d’autres professeurs.
Nous souhaitons également développer toute une série de vidéos autour du handicap, du handisport ou du sport adapté. Le but est aussi de bousculer les idées préconçues en montrant que même un enfant à mobilité réduite ou déficient intellectuel peut et a besoin d’activités physiques, d’autant plus qu’il est jeune et qu’il faut l’inciter à pratiquer pour plus tard.
Autre point, il nous semble important de coller de plus en plus aux attentes institutionnelles, notamment celle des nouveaux programmes. Et puis évidemment il y aura d’autres nouveautés, à voir bientôt sur notre site.
Par Antoine Maurice et Benoît Montégut