Publiée au B.O. du 15 septembre, une circulaire sur « l’Acte II de la vie lycéenne impose de nouvelles obligations aux établissements, certaines étant inapplicables pour cette année scolaire… Pourquoi cet acharnement ?
Acte II de la vie lycéenne : la formule date déjà de 2013. Le 13 mai 2013, la ministre de la réussite éducative, George Pau-Langevin, présentait l’Acte II comme une révolution dans l’Ecole. » Il y a beaucoup de préjugés à combattre pour faire avancer la démocratie pour les élèves… Il faut se concentrer sur l’idée de la responsabilisation des lycéens… Responsabiliser les élèves c’est leur permettre d’agir de manière autonome en ayant conscience qu’ils devront répondre de leurs actes ».
Depuis l’effort initial s’est épuisé. En 2014, le rapport de l’inspecteur général Henri de Rohan-Csermak a décrit une réalité très éloignée d’une vie lycéenne démocratique dans les établissements. Le rapport souligne par exemple les conditions d’élection des Conseils d ela vile lycéenne (CVL) à de nombreux endroits. » Quant au taux de participation aux élections, il recouvre des réalités très diverses qui le rendent peu fiable comme indicateur de motivation ou de conscience civique », explique le rapport. » En effet, nombre de chefs d’établissements recourent à des procédés incitatifs, pour ne pas dire autoritaires, pour « convaincre » les élèves d’aller voter. Par exemple, on les conduit systématiquement à l’isoloir après la photo de classe, ou même on vient les chercher un à un dans la classe ».
La circulaire publiée le 15 septembre vise à nouveau à secouer les établissements et à agir concrètement au développement de la vie lycéenne.
La mesure phare est sans doute l’aménagement des emplois du temps : » Afin de faciliter la rencontre des élus et de leurs mandants, de favoriser l’émergence de projets lycéens et leur accompagnement par l’ensemble de la communauté scolaire, il est recommandé de dégager un créneau horaire hebdomadaire de deux heures au moment de l’élaboration des emplois du temps ». Publiée le 15 septembre, il est clair que cette modification éventuelle ne pèsera pas à cette rentrée sur les épaules de chefs d’établissement déjà hostiles à l’instauration d’une pause méridienne au collège…
Parmi les points forts, la circulaire invite les chefs d’établissement à réunir au moins trois fois par an le CVL, notamment avant le conseil d’administration. Elle demande à ce que » les absences aux cours justifiées par la convocation de ces instances (lycéennes) ne doivent en aucun cas être reportées sur le bulletin scolaire ». Le texte demande aussi que l’établissement veille « à faciliter la mobilité des élèves pour leur permettre d’assurer leur mandat, notamment en prenant en charge les frais liés aux déplacements des élus ». Une mesure qui fera aussi plaisir aux chefs d’établissement..
Accompagnée d’une Charte des droits lycéens, la circulaire est publiée trop tard pour avoir une application à cette rentrée. Entre la volonté du ministère de faire reconnaitre les élus lycéens et de développer la vie lycéenne et une école française qui ne reconnait pas la vie lycéenne et estime que l’élève doit attendre son élévation par le savoir avant de récupérer des droits, le ministère a mis toute l’épaisseur du temps…
François Jarraud
Le rapport sur la vie lycéenne