« Partager les recommandations des conférences de consensus sur la numération et la lecture avec la communauté éducative, à travers un accès libre et aisée à des conférences virtuelles est central ». Alors que le Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) lance trois conférences virtuelles largement ouvertes aux professionnels, Nathalie Mons, présidente du Cnesco, explique le choix des sujets et détaille l’interactivité de ces conférences.
Le Cnesco organise 3 conférences virtuelle interactives sur vos recommandations issues des conférences de consensus sur la numération et la lecture ainsi que sur PISA. Pourquoi cette formule ? Qu’en attendez vous de plus que les colloques dont elles sont issues ?
Dès le début le Cnesco a souhaité développer une évaluation participative. Il s’agit, tout au long du processus, de pouvoir construire l’évaluation avec les acteurs qui sont évalués. De cette façon, les recommandations, issues des conférences de consensus du Cnesco et de l’Ifé/ENS de Lyon, peuvent être mieux comprises, acceptées et mises en œuvre que s’il s’agissait de recommandations hors sol pensées par les seuls membres du Cnesco.
Dans cette logique, partager les recommandations des conférences de consensus sur la numération et la lecture avec la communauté éducative, à travers un accès libre et aisée à des conférences virtuelles est central.
Depuis le début, nous avons dit que le travail du Cnesco ne s’arrête pas à la publication des recommandations ou des rapports. Nous visons à ce que la communauté éducative s’empare de ces contenus pour faire évoluer positivement les politiques et les pratiques éducatives. Une fois que ces recommandations sont produites, il s’agit bien de partager nos recommandations, quitte à les compléter au regard des retours du terrain, notamment sur des domaines d’application précis. C’est pour cela que nos conférences sont interactives : un tchat permet aux participants de réagir et d’échanger avec les experts. C’est un dialogue avec les praticiens qui doit s’engager et non des injonctions dans un processus vertical. Nous avons la chance, grâce à notre partenaire, l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, d’avoir une technologie très efficace pour les interactivités, profitons-en ! Faire entrer les nouvelles technologies dans l’école c’est aussi cela. Les acteurs s’en emparent si elles sont utiles.
Le Cnesco a beaucoup travaillé l’année dernière. Vous avez fait un choix de 3 sujets. Pourquoi (seulement) ceux ci ?
Nous avons décidé de lancer ces conférences parce que nous avons énormément de demandes des académies sur ces sujets. Je ne pensais pas que cette phase II du Cnesco allait arriver aussi rapidement. Jusqu’alors, nous nous étions développés surtout nationalement mais maintenant nous voyons clairement qu’il y a une demande locale pour aider les équipes académiques à s’approprier ces recommandations. Elles ont eu un fort impact local, pour deux raisons. D’abord parce qu’elles sont issues d’une réflexion commune entre des praticiens (le jury de la conférence qui élabore les recommandations) et des chercheurs, elles ont donc une double autorité, l’expertise du scientifique et l’expertise et la connaissance du terrain et des conditions réelles de travail apportée par le praticien.
Ensuite, comme elles ont été écrites par un jury de praticiens, leur contenu est traduit dans un langage non jargonnant et accessible aux professionnels mais aussi aux parents. C’est pour cela, je crois, que nous avons eu ces demandes de plusieurs académies pour les aider à diffuser les recommandations et favoriser les échanges avec les chercheurs. Michel Fayol, qui présidait la conférence sur la numération, et Jean-Émile Gombert, qui présidait le jury de la conférence sur la lecture, interviennent dans les conférences interactives.
Au côté de ces rencontres virtuelles, les experts du Cnesco participent aussi à des journées de formation en présentiel autour des recommandations sur la numération et la lecture. Dans les prochaines semaines, cela sera le cas dans les académies de Lyon et Créteil et dans le département du Haut-Rhin. Plusieurs centaines de formateurs et des milliers d’enseignants seront ainsi sensibilisés aux recommandations du Cnesco. Nos recommandations ont aussi servi à alimenter la réflexion des groupes en charge de l’élaboration des documents d’accompagnement dans le cadre des nouveaux programmes notamment pour les mathématiques au primaire.
Quel public recherchez-vous pour ces conférences ?
Ce sont des conférences qui sont très ouvertes, à tous les membres de la communauté éducative, les enseignants, les conseillers pédagogiques, les inspecteurs, … toute la chaîne d’encadrement de l’Éducation nationale, des parents qui s’intéresseraient au sujet, des formateurs en Espé qui veulent dialoguer…. Plus les profils seront divers, plus les échanges seront intéressants.
Les participants en virtuel pourront ils avoir accès à des documents liés aux conférences ?
Oui bien sûr ! Les participants peuvent déjà consulter l’ensemble de nos productions sur la numération et la lecture sur notre nouveau site internet. Le Cnesco s’attache à proposer des formats variés, du plus synthétique au plus précis, pour que chacun y trouve ce dont il a besoin.
En décembre paraitra Pisa 2015. Pourquoi une conférence sur ce sujet ?
Il s’agit d’une analyse des méthodologies utilisées à la fois dans PISA, et dans une nouvelle évaluation internationale, TIMSS, dont les résultats vont être publiées fin novembre et qui porte sur le primaire et la terminale, en sciences et en mathématiques.
Cela correspond au mandat légal du Cnesco qui doit analyser les méthodologies des enquêtes internationales. Nous publierons un rapport sur le sujet en amont. Par ailleurs, nous pensons, au Cnesco, qu’il faut que les membres de la communauté éducative connaissent mieux les outils de comparaisons internationales, à la fois pour en saisir l’intérêt mais aussi pour prendre de la distance par rapport à certaines interprétations sauvages des résultats. Par exemple, si un media nous dit que, entre 2000 et 2015, la France a progressé de 4 rangs dans le classement, alors que l’écart des résultats n’est en fait pas statistiquement significatif, c’est un contre-sens dans la lecture des résultats qui donne une vision erronée de notre système scolaire. Donc il faut être capable de savoir lire PISA et avoir la bonne distance par rapport aux interprétations multiples qui en sont données. Les évaluations sont centrales pour l’école, surtout quand elles sont indépendantes et internationales, mais il faut en maîtriser les significations.
Le ministère fait beaucoup de formation à distance. Les conférences y sont-elles incluses ? Ou est-ce à dire que les travaux des conférences ne sont pas assez portés par l’éducation nationale ?
Nous travaillons actuellement pour que les conférences virtuelles interactives du Cnesco puissent être intégrées dans les plans académiques de formation dans les années à venir.
Propos recueillis par François Jarraud
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