Ce mercredi 14 septembre 2016, dans les écoles, collèges et lycées a lieu la journée nationale du sport scolaire. Plusieurs manifestations sportives et ludiques se déroulent partout en France afin de promouvoir le sport scolaire et ses valeurs autour de l’échange, du partage, du dépassement de soi. Cette année, cette journée est aussi l’occasion de lancer officiellement l’Année de l’Olympisme de l’école à l’université » à travers le thème de la journée : « l’Ecole s’engage pour Paris 2024 ». Et si on s’engageait plutôt pour les élèves ?
Que faut-il comprendre par l’Olympisme et par ses valeurs ?
Comment ne pas évoquer le discours inaugural du baron Pierre de Coubertin à la Sorbonne en 1894 où ce dernier précise : « Il plane une sorte de discrédit sur les qualités corporelles et qu’on les a isolées des qualités de l’esprit. Récemment les premières ont été admises à servir les secondes, mais on les traite encore en esclaves, et chaque jour, on leur fait sentir leur dépendance et leur infériorité ». L’enjeu pour Pierre de Coubertin est bien d’afficher l’interdépendance et encore plus certaines valeurs : «Il n’y a pas, Messieurs, dans l’homme, deux parties, le corps et l’âme : il y en a trois, le corps, l’esprit et le caractère ; le caractère ne se forme point par l’esprit : il se forme surtout par le corps ». Nous percevons bien ici l’importance de faire du corps un instrument de formation incontournable et indispensable. Cependant, qu’en est-il de cette idée de l’Olympisme aujourd’hui ?
L’Olympisme moderne
Il serait évidemment maladroit de notre part de ne pas évoquer l’évolution de nos sociétés, qui force est de constater, sont de plus en plus tournées vers « le culte de la performance » (Ehrenberg 1991). Il s’agit de faire des individus et des corps des instruments de différenciation et de classement. Comment ne pas évoquer les enjeux économiques et politiques qui monopolisent l’attention lors de ces jeux olympiques! Qui a pu échapper au tableau des médailles ou aux différentes marques omniprésentes ? Et qui n’a pas eu son avis sur la présence ou l’absence des athlètes russes aux jeux de Rio ? Le sport business pollue, véritablement et de façon systématique dans l’histoire, les valeurs éducatives de l’Olympisme et des Jeux. Par conséquent, que faut-il faire ?
Quel impact d’une Année de l’Olympisme sur l’Ecole, l’EPS et le Sport Scolaire ?
La diversité des compréhensions et des représentations autour de l’Olympisme obligent légitimement à préciser les finalités qu’on lui attribue. Le sport scolaire et l’Ecole entrent bien évidemment dans les plans de communication pour l’obtention des jeux olympiques à Paris en 2024. On imagine le fort lobbying bien présent derrière. Mais dans la réalité, quel impact sur l’Ecole ?
Par exemple, la circulaire précise la mise en place d’un comité de pilotage national pour coordonner les actions, mais également une banque de ressources accessibles pour les enseignants, ou encore la création d’une semaine olympique et paralympique du 21 au 29 janvier 2017. Vous l’avez compris, si évidemment cette année peut être un support intéressant, nous aurions pu aborder légitimement l’Olympisme (notamment dans la construction d’un sens critique autour des spectacles sportifs) sans elle. Dès lors, l’impact reste minime.
Le sport scolaire dans la réalité !
Il est vrai que, même si les valeurs de l’Olympisme animent une grande majorité de notre profession, nos préoccupations au quotidien en sont bien éloignées. Il s’agit le plus souvent d’essayer de faire participer un maximum d’élèves, en trouvant de nouvelles organisations, de nouvelles pratiques. Il convient aussi surtout de boucler le budget de son association en organisant des ventes de gâteaux, des tombolas ou encore en s’occupant des photos de classe, tout est bon pour équilibrer les budgets et réussir à finaliser ses projets. A titre d’exemple, dans un grand nombre d’établissements, notamment en lycée, les charges d’adhésion à l’UNSS et le paiement du forfait représentent à peine, voire pas du tout, le montant des recettes des adhésions. Alors logiquement, plus que l’Olympisme, il nous semble essentiel de souligner l’incroyable travail des enseignants d’EPS qui consacrent une énergie considérable au service du Sport scolaire et encore en cette journée nationale du Sport scolaire.
Antoine Maurice et Benoît Montégut
Note de service sur la Journée Nationale du Sport Scolaire
La circulaire : Année de l’Olympisme, de l’école à l’université