Comment se former au spatial avec le CNES ? Tous les 2 ans se tient l’université d’été Espace-Education à la Cité de l’Espace de Toulouse. Proposée par le Centre National d’Etudes Spatiales et « sur la base des programmes en vigueur de collèges et de lycées », cette formation a rassemblé 100 enseignants du second degré du 11 juillet au 15 juillet 2016. Que font ces professeurs durant leur semaine ? Pour quel réinvestissement par la suite en classe ? Le Café Pédagogique s’est entretenu avec 3 participants revenus ravis de leur semaine :
Benjamin Didier, enseignant de SVT au collège Jules Michelet de Tours (37)
Laure Mercier enseignante de SVT dans l’académie de Clermont-Ferrand ( )
Sabrina Ben Brahim, enseignante de sciences-physiques au lycée Edgar Quinet (75)
Comment résumez-vous cette université d’été Espace-Education ?
BD : L’université d’été est pour moi une très belle expérience, très intense, mais d’une richesse incroyable aussi bien humaine qu’intellectuelle.
LM : Cette université d’été, la première pour moi, a été un grand moment de partage, riche en apport de connaissances et en découvertes techniques. La semaine était organisée autour d’ateliers co-disciplinaires et disciplinaires, et de conférences. Une soirée d’observation à l’observatoire de Jolimont a permis de découvrir l’historique (lunettes, télescope, méridienne) et d’observer au télescope T83 Saturne et la Lune. Une grande partie des ateliers était consacrée à l’utilisation des images satellites, sur le logiciel Qgis.
SBB : Ce fut une expérience intense et riche, tant sur le plan des rencontres que sur celui des contenus.
Quels thèmes avez-vous appréhendé au cours des ateliers, visites et conférences ?
BD : Les thèmes étaient nombreux, tous basés sur le spatiale et l’observation de la Terre depuis l’espace. Les TD étaient principalement sur l’utilisation des images satellites et de l’observation de la Terre et ce que l’on peut en faire en disciplinaire et en co-disciplinaire à l’aide du logiciel Terr’Image développé par le CNES. Les Conférences présentées par des scientifiques passionnés avaient comme thème l’espace. La préparation de la mission de Thomas Pesquet dans l’ISS par Remi Canton, une autre sur le développement d’un sismographe (SEIS) par Philippe Laudet destiné à l’étude du sol Marsien, et la plus renversante était la conférence par Jean-Pierre Bibring sur la mission Rosetta et la fabuleuse aventure de Philae !
Les visites portées sur l’observation du ciel depuis la Terre dans l’observatoire de Jolimont avec des explications sur l’histoire de l’astronomie et des appareils associés (lunettes, télescope…) et une belle observation de Saturne. Enfin, la visite d’un site d’Airbus Defence&Space où nous avons eu la chance d’entrer dans les chambres blanches où s’effectue l’assemblage de satellites. Nous y avons vu également les différentes étapes de tests avant lancement, une visite incroyable !
LM : J’ai participé aux ateliers co-disciplinaires :
– « déforestation et impacts sur les écosystèmes amazoniens et caraïbes » (HG/SVT) au cours duquel il était principalement question des arrivées de Sargasses sur les littoraux
– « La vie ailleurs » (PC/SVT), dans lequel on a pu se poser de question de l’habitabilité des planètes, et des recherches associées sur Mars
-« la gestion des risques » (maths/SVT), avec utilisation des logiciels scratch et géogebra.
Parmi les ateliers disciplinaires :
– « exploration des écosystèmes depuis l’espace », avec Qgis et des images du satellite Pléiade (résolution 0,70m pour un pixel).
– « Espace et géologie : mesure de la déformation depuis l’espace », ou comment l’interférométrie radar permet de mesurer des déformations.
SBB : Au cours des conférences, de nombreux thèmes liés à l’actualité spatiale ont été abordés :
– Le programme Copernicus (programme d’infrastructure européen centré sur l’observation de la Terre avec – notamment – les satellites Sentinel)
– La mission Proxima de Thomas Pesquet, qui va rejoindre l’ISS (station spatiale internationale) au mois de novembre, pour une mission de 6 mois, avec de nombreux enjeux scientifiques et pédagogiques
– Les résultats de la mission Philae et l’enjeu global de cette mission, présentés par le célèbre astrophysicien Jean-Pierre Bibring
– Les missions martiennes, et notamment la présentation du sismomètre (SEIS, fabriqué par le CNES) qui sera embarqué lors de la mission Insight, en 2018
– Un bilan de la COP 21 et un point sur le changement climatique.
Que pensez-vous réinvestir en classe l’an prochain ?
BD : A la rentrée, au collège Michelet, nous nous lançons dans un cours de Sciences et Technologie. Je serai donc professeur de Sciences et Technologie pour une classe de 6e et nous avons comme projet de concevoir un voyage vers une planète du système solaire, certainement Mars. Du coup, les thèmes abordés et les connaissances acquises pendant les UE2016 vont me permettre d’être plus à l’aise sur ces sujets. Cela m’a donné également des idées d’activités associées au travail du CNES et que l’on retrouve sur leur site internet en passant par le portail Eduthèque.
LM : Je pense utiliser le logiciel Qgis pour générer des documents pour certaines activités, notamment dans le cadre d’un EPI sur la gestion de l’eau, niveau 5eme. Si le réseau du collège le permet en terme de puissance, j’aimerais faire utiliser le logiciel Qgis aux élèves sur des documents simples, tout au long des 4 années du collège, comme j’ai tous les niveaux. Ils utilisent les images satellites déjà en géographie, mais cela permettrait de leur donner du concret, et de comprendre comment les teintes particulières de certaines images sont obtenues.
SBB : Je pense aborder le thème « l’homme dans l’espace » en MPS, avec le suivi de la mission Proxima de Thomas Pesquet. J’utiliserai donc abondamment ce qui a été vu lors de l’atelier « la vie ailleurs ? » et lors de la conférence liée à cette mission.
D’autre part, je vais réinvestir de nombreuses activités en 2nde pour l’étude du thème « L’Univers » (notamment sur les comètes et astéroïdes). Enfin, nous avons découvert au cours de ateliers une multitude de logiciels qu’on peut utiliser avec les élèves lors des séances de travaux pratique (Google Mars, Solstice, SolarWalk, Géogebra, animations Phet).
Comment avez-vous eu l’information concernant cette formation ? Quelles sont les démarches nécessaires pour s’y inscrire ?
BD : Je travaille en tant qu’enseignant chercheur à l’IFE (rattaché à l’ENS Lyon) et j’ai comme collègue Aurélien Augier qui était formateur aux UE2014, il m’en a parlé et cela m’a motivé à postuler. J’ai donc envoyé un mail à mes IA-IPR, Michel Khairallah et Jean-Marc Vallée pour me porter candidat. J’ai enfin validé ma candidature auprès des organisateurs.
LM : J’ai eu l’information par le secrétariat de mon collège. Je me suis pré-inscrite en novembre, en faisant passer ma candidature par mon chef d’établissement, au CNES.
Par la suite, j’ai été prévenue par J.M. Martinuzzi, du CNES, que l’UE passait au Plan National de Formation, et que je devais renouveler mon inscription, en passant cette fois-ci par mon IPR. Je n’ai pas été prise au PNF (60 places), mais ensuite j’ai pu candidater en « candidat libre » (40 places) et j’ai eu la chance d’être sélectionnée.
SBB : J’ai reçu un mail de la part du secrétariat de mon établissement, adressé à l’ensemble des profs de SPC, maths, SVT et histoire-géographie. J’y ai répondu rapidement.
En quoi cette université d’été était un temps d’échanges et de rencontres entre professionnels de l’éducation et scientifiques ?
BD : Les échanges sont permanents entre collègues de notre discipline, mais également des autres disciplines présentes (Maths, Physique, SVT, Histoire). Avec les Scientifiques qui assurés les conférences, nous avions un temps de questionnement qui permettaient d’approfondir le sujet ou de revenir sur des points abordés pendant l’exposé.
LM : La journée était organisée en ateliers, animés par des enseignants et des personnes du CNES. Les échanges étaient vraiment très intéressants, et permettaient d’apporter de la pédagogie au scientifique et inversement…
Les repas du midi permettaient également de nombreux échanges, ainsi que les visites : Airbus Defense & Space, CNES, MEDES (partie du CNES qui travaille sur les conséquences des vols spatiaux sur l’organisme) et CLS (projet Argonautica).
J’ai longuement discuté avec un ingénieur travaillant au sein du groupe THALES, qui participait à l’atelier « ballons » et encadre le projet « un ballon pour l’école ». Son parcours professionnel et ses missions étaient passionnants. En bref, une Université d’Eté vraiment enrichissante, dans un cadre approprié avec des formateurs tous passionnés.
J’espère vraiment pouvoir participer de nouveau à une université d’été. L’université d’été Mer Education m’intéresse beaucoup, alors je pense candidater une prochaine année.
SBB : Nous avons passé une semaine entière immergés à la Cité de l’Espace, nous avons donc rapidement tissé des liens entre collègues, notamment au cours des ateliers où les mises en activité étaient propices aux échanges entre pairs. Les repas et sorties furent également propices à renforcer ces liens.
Enfin, les professionnels que nous avons rencontrés étaient toujours très disponibles pour répondre à nos questions ou nous laisser leurs coordonnées pour un échange décalé dans le temps.
Entretiens par Julien Cabioch