François Hollande a assisté le 1er septembre à la rentrée scolaire dans une école et un collège Rep+ à Orléans. Pour le président de la République c’est l’occasion de faire un bilan de la politique éducative de son quinquennat. Et le choix d’un établissement prioritaire n’est pas anodin. Mais à Orléans, F Hollande a aussi amorcé ce que pourrait être le volet éducation de son programme pour les présidentielles.
Séduire l’électorat enseignant
Situés dans un quartier populaire du nord est d’Orléans, l’école élémentaire du Nécotin et le collège Jean Rostand sont des établissements Rep+ et ce n’est pas par hasard que F Hollande les avait choisi en ce jour de rentrée.
Pour le président de la République c’est un retour aux sources. D’une part, c’est à Orléans que le 10 février 2012 il a prononcé un discours sur l’éducation qui a lancé sa campagne pour les présidentielles.
D’autre part, l’électorat enseignant est particulièrement important pour le candidat Hollande. Or, selon une étude du Cevipof, le niveau de satisfaction des enseignants à l’égard de l’action présidentielle s’est effrité même s’il reste plus haut que celui des autres fonctionnaires et salariés du privé. L’électorat enseignant reste le noyau dur du candidat. F Hollande remporte 24% des intentions de vote chez les professeurs. C’est presque le double des salariés du privé. Ce chiffre peut être relié à celui du Baromètre Unsa, qui sonde les coeurs des enseignants chaque année. Selon lui seulement 22% des professeurs des écoles et 21% des enseignants du secondaire se déclarent en accord avec la politique éducative gouvernementale. Le malaise est profond et les mesures salariales annoncées n’ont pas changé la donne.
Des réformes assumées
Dans son discours, F Hollande a assumé toutes les réformes menées sous son quinquennat, y compris celle des rythmes scolaires. « La réforme a permis d’augmenter le nombre de jours de classe. Avec la 5ème matinée de classe cela permet d’insister sur les acquis fondamentaux.. C’est plus de français, de mathématiques, d’exercices oraux », a expliqué le président.
Mais F Hollande a rappelé la « première priorité, l’école primaire, car c’est la condition de tout ». Il a cité le dispositif plus de maitres que de classes. Il a défendu l’éducation prioritaire : » que ceux qui ne peuvent pas avoir les meilleures conditions sociales aient les meilleures conditions scolaires ». Pour F Hollande, » les résultats sont là il y a plus d’enseignants qui demandent à y enseigner », affirme-t-il reprenant un chiffre donné par la ministre le 29 août : le doublement des demandes pour aller en Rep+.
F Hollande a aussi cité le plan numérique. » Un quart des collèges sont équipés et on a beaucoup d’école avec un taux élevé d’utilisation du numérique », dit F Hollande. « Tous les élèves collégiens auront un outil numérique à la fin 2018 ». Il a salué l’accompagnement des enseignants et des parents.
» Les Espe ont permis d’avoir des enseignants qui ont la capacité de donner un soutien de qualité, ont une culture commune », a continué F Hollande.
Collège : L’autonomie est une chance
Le président a défendu la réforme du collège. » Il est rare qu’une réforme suscite l’enthousiasme général », a rappelé F Hollande. « Mais les enseignants ont été formés pour qu’on puisse réussir cette réforme… Il fallait une réforme pour tirer les conséquences du collège unique ». Il a précisé que » l’autonomie ne doit pas être comprise comme un risque mais une chance ». Pour lui, « il y a plus de langues enseignées et plus d’heures.. Cette rentrée il y a plus d’enfants qui vont apprendre le latin et l’allemand ».
Enfin arrivent les postes. « Les 60 000 postes seront là en totalité car c’était indispensable », dit F Hollande. Pour lui, » ceux qui veulent supprimer des postes d’enseignants affaibliraient l’école ». Le président a souligné le fait que l’éducation soit le premier budget du pays et palidé pour la continuité. » Ce travail doit être mené durablement, continûment, c’est avec le temps que l’on peut mesurer les résultats ».
Le lycée, prochaine étape
En conclusion, F Hollande a ouvert des perspectives sur ce qui pourrait devenir un thème de campagne du candidat Hollande : la réforme du lycée. » Le lycée doit être la prochaine étape des réformes, général et professionnel », dit F Hollande. « Il faut mieux assurer la transition entre lycée et supérieur… Dans 10 ans 60% d’une classe d’âge sera dans l’enseignement supérieur. Nous aurons aussi à faire en sorte de mieux assurer la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur ».
Alors que le ministère n’a pas publié de bilan de la réforme du lycée, il est invité à réfléchir à une refonte en profondeur du lycée pour pousser vers le supérieur davantage de lycéens. Ce n’est donc pas le « moratoire » des réformes mais un nouveau programme de réformes que semble préparer F Hollande et son équipe, à laquelle il faut probablement adjoindre N Vallaud-Belkacem.
François Jarraud
NB : L’appel a tout de suite été entendu par le Sgen qui a remis dans le circuit son projet de lycée. » L’organisation du lycée en filières hiérarchisées est en effet très rigide et enferme les élèves dans une structure tubulaire menant de la seconde à la terminale, faute de passerelles existantes ou suffisantes », écrit le Sgen. « Cette hiérarchisation des trois voies d’accès au baccalauréat correspond à une réelle ségrégation sociale ». Le syndicat propose un lycée modulaire et un rapprochement entre lycée et post bac. « Pour améliorer l’articulation entre le second degré et l’enseignement supérieur, il faut institutionnaliser des structures d’échanges et de contacts, et renforcer la progressivité et l’efficacité des dispositifs d’aide à l’orientation des lycéens ».