« L’éducation a besoin de temps. Les réformes nécessitent de la stabilité pour porter leurs fruits ». Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, a longuement plaidé le 30 août, pour les réformes menées depuis 2012 , notamment celle du collège. Pour son syndicat, il faut laisser les textes s’appliquer au delà de 2017. Et se souvenir que « le gouvernement a tenu ses engagements ».
« Le logo change. Mais il n’y a pas de modification de l’identité syndicale », annonce Christian Chevalier en ouvrant la conférence de rentrée de son syndicat, le second chez les enseignants. Le syndicat étrenne bien un nouveau logo mais reste campé sur les mêmes orientations.
La réforme du collège est une affaire entendue
Au Se-Unsa, on soutient fortement la politique menée depuis 2012. Christian Chevalier en vante le caractère systémique. « On n’aura jamais ouvert autant de chantiers en cohérence dans le cadre d’un projet systémique avec une entrée sociale comme ligne de force en faveur des élèves en difficulté et des enseignants », affirme-t-il.
Le se-Unsa syndicalise à la fois des enseignants du primaire et du secondaire, alors que la Fsu les sépare en deux organisations, et le SE Unsa se félicite que la refondation « arrime le collège dans la continuité de l’école avec un cycle 3 à cheval sur les deux niveaux et un conseil école collège ».
Le Se-Unsa ne participe pas à la grève du 8 septembre dans les collèges. Il est clairement en faveur de la réforme. « Aucun collège n’a vu ses moyens régresser sauf cas de perte d’élèves », affirme Claire Krepper, secrétaire générale adjointe. « Mais il peut y avoir des tensions entre l’équipe et le chef d’établissement dans la gestion des moyens ».
Elle estime qu’il y a une « forte impulsion pour maintenir voire développer l’allemand.. Aucun établissement n’a renoncé à proposer le latin », ajoute-elle.
Pour C Chevalier, « il faudra du temps pour le nouveau collège fonctionne de manière satisfaisante » mais « la majorité des enseignants entrera dans le dispositif avec des degrès d’adhésion divers ».
Eviter des « désobéisseurs » du second degré
La grève du 8 septembre « ne marchera pas car les collègues ont compris que la réforme est une affaire entendue ». Et l’arrivée des dotations a calmé le jeu. « Les moyens ont là largement ».
Il attend de l’institution qu’elle accompagne et aide les enseignants qui n’appliquent pas la réforme. « Il faut éviter des désobéisseurs dans le second degré », allusion à un mouvement de désobéissance qui avait gagné l’école primaire après la réforme de 2008. C’est peut-être aussi une réponse à une petite phrase de la ministre qui le 29 aout a dit « Là où les certains enseignants ne sont pas prêts pour les EPI et l’accompagnement personnalisé, on enverra des inspecteurs et des formateurs pour les accompagner »… »
Révolution dans les ressources humaines
De la refondation, le Se Unsa retient la revalorisation, « une véritable révolution en matière de gestion des ressources humaines ». Les accords PPCR, qui entreront en application en 2017, dessinent une nouvelel carrière où « pour la première fois la rémunération n’est pas liée au diplôme et où on reconnait l’investissement ».
Les accords prévoient un avancement identique pour tout le monde sauf pour l’accès à la classe exceptionnelle qui sera réservée aux enseignants de l’éducation prioritaire, aux directeurs d’école, aux conseillers pédagogiques et à quelques autres chargés de mission.
La priorité au primaire « doit être continuée après 2017 » estime le Se Unsa. Le syndicat demande notamment un second concours exceptionnel du type de celui de Créteil pour l’académie de Versailles, où 200 postes n’ont pas été pourvus en 2016.
Des craintes pour la sécurité des établissements
L’inquiétude principale reste la sécurité. « Il faudra être vigilant car les élèves ne sont pas à l’écart de ce qui se passe. Le climat peut avoir des conséquences dans les établissements et libérer la parole raciste », craint-il. Il demande que les enseignants du second degré passent le certificat de premier secours comme ceux du premier.
Surtout, « la mise en place d’une culture commune de la sécurité va prendre du temps », explique C Chevalier. Sur ce terrain là aussi, le Se Unsa demande la continuité et du temps. Un 2017 sans alternance ?
François Jarraud