Comment analyser les effets de l’homme sur la nature en 2de Méthodes et pratiques scientifique ? Un vaste programme d’étude sur le sol et sur les interactions plantes-insectes est mené au lycée Mariette de Boulogne-sur-Mer (62). Eric Petit-Berghem, enseignant de SVT réalise des suivis scientifiques annuels de population avec ses élèves de seconde. De l’orchidée aux mésanges en passant par le bourdon, les lycéens passent facilement de la pratique grâce au coin nature à la théorie en classe. Comment l’enseignant utilise-t-il cet espace vert en cours ? Comment cet emplacement peut-il créer des liens avec des associations extérieures à l’établissement ?
Comment menez-vous un projet « Développement Durable » autour d’un coin nature en MPS ? Que font vos lycéens ?
En classe de seconde option MPS (Méthodes et pratiques scientifique), le choix a été fait de montrer aux élèves, par une approche scientifique, comment l’Homme agit sur son environnement de l’échelle locale jusqu’à l’échelle planétaire. En SVT, après avoir mis en évidence les menaces sur la biodiversité, des actions sont proposées dans le lycée pour favoriser celle-ci. C’est là que le « coin nature » dans l’enceinte du lycée prend toute son importance. Ainsi des élèves, le plus souvent volontaires, vont être amenés à faire des recherches sur l’intérêt du compostage/recyclage, les caractéristiques du sol, les interactions plantes/ insectes pollinisateurs … ils vont utiliser de nombreux outils allant de l’arrosoir à l’ordinateur et donc étancher leur soif de connaissances !
Quelques mots sur ce travail de comptage et d’estimation de population réalisé avec les oiseaux et les insectes…
Plusieurs « suivis scientifiques » annuels sont réalisés par les élèves : un suivi des oiseaux nicheurs dans le lycée, un suivi des insectes pollinisateurs grâce à 2 gîtes à insectes installés dans le « coin nature » et le suivi d’une population d’Ophrys apiféra, une orchidée sauvage qui pousse dans les pelouses du lycée.
Chaque automne, des élèves ont par exemple pour mission d’ouvrir les 16 nichoirs du lycée, de noter leurs observations afin d’en déduire le taux d’occupation des nichoirs. Les résultats sont intéressants ; ils montrent que certains types de nichoirs sont plus efficaces que d’autres, qu’il n’existe pas que des oiseaux dans les nichoirs. Par exemple, on a pu montrer après enquête, qu’un nichoir a été d’abord occupé par des mésanges bleues puis « parasité » par le « bourdon des arbres » lui même parasité par les larves de la pyrale du bourdon …
Ce qui est bien, c’est qu’il y a un côté « explorations » avec parfois des surprises. On ne sait pas toujours ce qu’on va trouver … et les « découvertes naturalistes » permettent d’aborder les sciences de manière ludique. C’est comme ça qu’on a découvert l’extraordinaire cigare de la mégachille coupeuse de feuilles dans un gîte à insectes …
Quels liens avez-vous avec l’extérieur ?
On a plusieurs partenaires qui interviennent dans les classes : un « spécialiste du jardinage » qui s’occupe du jardin potager : Lucien Noël, président de l’association « Opale solidarité Nature ». Lucien, a fait construire par les élèves 2 composteurs pour recycler des déchets de la cantine et initie depuis 2 ans les élèves à la permaculture. La dernière récolte produite dans le jardin « solidaire » a, par ailleurs, été offerte aux restos du cœur en juin dernier.
Un apiculteur qui montre son travail aux élèves et livre le lycée en miel cuisiné ensuite à la cantine. On a travaillé aussi avec des professionnels de l’environnement et de l’aménagement des espaces : Eden62 et le Parc naturel des caps et marais d’Opale.
Certaines données sont transmises enfin aux scientifiques (muséum d’histoires naturelles de Paris ) par le biais des programmes « Vigie-Nature Ecole »
Quel est ce projet « Château et Jardin » mené en SVT et anglais au lycée ?
Cette année, le volet « développement durable » a été décliné à l’internationale. Plusieurs sorties ont été organisées avec une classe autour du thème des châteaux et des jardins.
Plusieurs châteaux ont été visités en France ( Hardelot ) et en Angleterre dont le fameux château de Anne Boleyn au destin tragique. Autour du château de Hardelot, un chantier « nature » a été encadré côté français par Eden62 et plusieurs ateliers « développement durable » ont été encadrés par les Anglais dans les jardins de Stamner park côté Anglais. Au final, les élèves ont vu qu’il n’y avait pas que des pelouses coupées à ras en Angleterre … tout en progressant considérablement dans la maîtrise de la langue de Darwin et de Shakespeare.
Un autre projet en lien avec le parc naturel régional autour de la lutte contre l’érosion est également à votre actif. Qu’ont fait les élèves ? Pour quels objectifs ?
Avec le parc naturel régional, on a fait plusieurs chantiers « nature » à l’intérieur même du lycée. Sur un talus du lycée en forte pente, il a été choisi de stabiliser les terres par un couvert végétal. Les objectifs étaient multiples : faire connaître le problème de l’érosion par ruissellement certes mais aussi découvrir les essences arbustives locales du bocage boulonnais et les actions du parc naturel régional. Enfin, il s’agissait aussi de favoriser la biodiversité autant végétale qu’animale (insectes, oiseaux… ).
Les élèves, concrètement, ont fait des trous pour planter des arbustes mais bon, on a « creusé » aussi en classe d’autres aspects moins basiques des sciences de l’environnement.
Une partie de votre travail est accessible en ligne. Quels usages faites-vous de ce blog ?
Le blog « Mariette au naturel » est un outil d’abord de communication mais c’est aussi une banque de données archivées. Le principal but est de valoriser le travail de tous les acteurs du développement durable dans le lycée, en particulier celui des élèves.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café