Le Journal du CNRS revient sur l’agonie des colonies de vacances sous la plume de Magalie Bacou et Yves Raibaud. » On évoque souvent la démocratisation des voyages et l’allongement des congés payés (obtention de la 5e semaine en 1981), encourageant les départs en famille, pour expliquer les faibles effectifs actuels des colonies de vacances. Mais c’est faux : la dégradation des conditions sociales et économiques font qu’aujourd’hui un enfant sur trois ne part pas en vacances », écrivent-ils. Ils fustigent « une gestion technocratique » conduisant à la fermeture de nombreux lieux devenus non conformes à une réglementation tatillonne.
S’y ajoute des politiques publiques mal cadrées. » Ce recul de la mixité sociale est aggravé par les politiques publiques. De l’autre côté du périphérique, les séjours et activités organisés par les municipalités (séjours courts, séjours « Ville Vie Vacances ») sont clairement orientés vers la prévention de la délinquance et proposent des activités spécialisées vers un public cible : les jeunes garçons des cités. Rap, hip-hop, futsal, boxe, graff, BMX, karting ou laser-park, même si ces activités ne sont pas réservées aux garçons, elles sont consacrées par l’usage3. Mettre l’accent sur elles revient à exclure les filles de ces « colos des pauvres »… La politique de la Ville achève ainsi d’entériner la « fracture sociale » (selon la formule de Jacques Chirac en 1995) et le développement séparé des populations. Les colos des années 1960, dont il reste de très nombreuses archives, mélangeaient beaucoup plus facilement les classes sociales, les âges et les sexes. »