Décidément les processus d’orientation informatisés vivent une semaine noire. Le 5 juillet, APB était sévèrement démonté par Libération. C’est maintenant un bug d’Affelnet, l’outil d’affectation au lycée, qui fait des vagues à Paris. Des enseignants du lycée Turgot se plaignent d’avoir 83% de boursiers en seconde à la rentrée 2016.
83% de boursiers parmi les nouveaux élèves de seconde
« Regrouper dans un même lycée, après un processus administratif qui devait permettre la mixité scolaire, plus de 80% de jeunes qui ont pour caractéristique commune d’être issus de milieux sociaux défavorisés, est inique », dit un collectif d’enseignants dans les colonnes de Libération. « Nous ne sommes évidemment pas contre la présence d’élèves boursiers dans notre établissement… Ce que nous déplorons, c’est l’absence de mixité sociale, voire de mixité scolaire, seul moteur, selon nous, de la réussite de tous les élèves et de la possibilité pour les classes sociales les plus défavorisées de voir leurs enfants accéder à des études supérieures de qualité ». Les enseignants demandent des moyens humains pour faire face à la situation : heures d’enseignement, postes éducatifs.
La Fcpe, pourtant très satisfaite qu’Affelnet ait supplanté l’ancien système d’affectation, évoque un « non-pilotage académique » et un « énorme bug qui aurait du provoquer la relance de la procédure ». La Fcpe demande au recteur « de faire en sorte que la situation revienne normale afin que la prochaine rentrée se déroule dans une parfaite sérénité ».
A l’origine de cette situation le barème d’Affelnet qui, pour encourager la mixité sociale dans les lycées parisiens, accorde des points aux boursiers et facilite leur entrée dans les meilleurs lycées du secteur. Cette année il semble que près de 800 demandes de boursiers se soient dirigées sur le lycée Turgot ce qui a noyé les autres demandes.
Les enseignants de Turgot reçus au rectorat
Interrogé par le Café pédagogique, le rectorat confirme que le lycée accueillera 83% de boursiers à la rentrée, pratiquement un taux double du taux habituel. « Le taux de réussite au bac et un article très positif publié dans la presse expliquent le phénomène » estime le rectorat qui le trouve flatteur pour l’équipe pédagogique du lycée…
Pour le rectorat le phénomène était « imprévisible et atypique ». Mais pour lui, si l’affectation de ces boursiers va affecter la mixité sociale dans l’établissement, ce ne sera pas forcément le cas pour la mixité scolaire. « Avec un tel afflux de demandes (800 demandes de boursiers pour 200 places en seconde) , on peut penser que les dossiers retenus à Turgot sont de bons dossier scolaires ». Le rectorat va étudier la situation et s’engage à recevoir l’équipe pédagogique du lycée.