Cela aurait pu partir d’ailleurs, par exemple de Seine Saint-Denis. Mais cette année c’est dans l’académie de Versailles que la colère monte au nez d’enseignants du premier degré empêchés de muter par le rectorat qui refuse les « exeats » d’enseignants a qui on l’avait promis. Un collectif s’est constitué et sa pétition démarre fort.
« Suite aux résultats catastrophiques des permutations interdépartementales du mois de mars 2016, votre ministère a mis en place une liste de rattrapage, accordant la mutation à des personnels en attente depuis plus de deux ans, ayant des enfants, et relevant d’une ou plusieurs priorités légales. Treize collègues de l’académie de Versailles ont ainsi obtenu leur mutation pour des raisons de rapprochement de conjoints. Ces treize mutations ne représentent rien au regard de la quantité de celles encore en attente. Cependant, le recteur de l’Académie de Versailles bloque ces treize départs », écrit le collectif dans une lettre ouverte à la ministre.
Depuis avril, ces 13 enseignants sont tirés à hue et à dia par l’administration. Après un premier refus de sortie de leur département, une intervention syndicale, notamment du Snuipp, auprès du ministère en mai semblait avoir ouvert la cage. Mais finalement, le 16 juin, les Dasen de l’académie de Versailles annonçaient qu’ils bloquaient les sorties revenant sur les décisions du groupe de travail ministériel. Décision qui a entraîné la sortie des syndicats du CAPD. Car la décision est unanimement refusée par les syndicats.
» Certes, la situation déficitaire en enseignant impose des contraintes au Dasen, mais la calculatrice et le décompte en ETP ne peuvent aujourd’hui servir de seuls guides dans la gestion des ressources humaines… », écrit le Se-Unsa.
Interrogée par le Café, une des enseignantes en question montre l’absurdité de sa situation : ele a obtenu l’ineat du département qu’elle convoite, où travaille son conjoint, mais pas l’exeat. « Je me sens prisonnière », nous a-t-elle dit. « On nous pousse à perdre notre salaire », explique-t-elle. Séparée de son mari depuis plusieurs années elle n’envisage qu’une mise en disponibilité pour l’année prochaine. Au final, l’éducation nationale aura perdu un enseignant de plus alors qu’il a du mal à recruter. Et l’académie de Versailles n’aura rien gagné.
En mai dernier, le médiateur de l’éducation nationale a demandé un aménagement du mode de calcul du mouvement des enseignants. « Le mouvement fonctionne bien mais on observe des situations individuelles à la marge du barème qui traduisent des situations très difficiles et pénibles », notait C Bisson-Vaivre. Il s’inspire en cela des travaux d’Olivier Tercieux, Camille Terrier et Julien Combe que le Café pédagogique vous a présenté dès mai 2015.
» Comment voulez-vous que ces agents en attente depuis de nombreuses années, puissent s’occuper pleinement et être bienveillants envers les élèves, sans pouvoir s’occuper de leur propre famille dont ils sont séparés au quotidien ? », conclue le collectif.
François Jarraud
Le médiateur veut faire évoluer le mouvement des enseignants