Venus de différentes régions de France, les 300 premiers volontaires du service civique « Cinéma et citoyenneté » se sont réunis jeudi 9 juin à Paris. Engagés dans les collèges et les lycées pour développer la citoyenneté des élèves à travers le cinéma, ils ont échangé sur leurs pratiques. Les partenaires à l’origine de l’initiative –Centre national du cinéma et de l’image animée, association Unis-Cité, Agence nationale du Service civique, Education nationale- ont décidé d’élargir le dispositif.
Débats animés autour du cinéma
Dans différentes villes et régions en France(Marseille, Rennes, Tours, Rouen, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, Ile-de-France), 300 jeunes âgés de 16 à 25 ans ont organisé, pendant six à neuf mois, des projections de films suivies d’animations et de débats, aptes à susciter le dialogue citoyen, le partage d’émotions, la rencontre avec les autres et l’ouverture sur le monde. Ils ont sélectionné des films de fiction ou des documentaires proposés par le CNC, classés par cycles d’enseignement et classes d’âge mêlant des œuvres dédiées à la jeunesse, réalisés par des jeunes cinéastes (« Vandal », « Camille redouble », « Une bouteille à la mer ») et d’autres dues à des auteurs confirmés (« L’Argent de la vieille », « Jour de fête », « Habemus papam » ou « Timbuktu »).
Des longs métrages qu’ils n’auraient ‘sûrement pas eu envie spontanément d’aller voir en salle’, comme le souligne avec malice Loïc, 18 ans, originaire de la cité ‘Jardins’ de Nanterre. Il se sent ‘transformé’ par l’expérience. Un constat partagé par Fadela, 24 ans, originaire de Marseille, qui, sans être cinéphile au départ, se dit ‘emballée’ par la richesse des débats suscités par les projections et passionnée par la diversité des films programmés d’autant qu’elle devait ‘préparer les séances par une information sur les conditions de réalisation de chaque film’.
Mohamed, 22 ans, originaire de Tours, plus formé au numérique que féru de 7ème art, se dit surtout attiré par les ‘valeurs de tolérance et de partage’ présidant à l’entreprise. ‘Je me suis senti représenté’, ajoute-t-il, visiblement ému et ‘honoré’ d’être là.
Ainsi ces volontaires du service civique, du fait de la diversité des parcours, des origines sociales et des niveaux d’études, de la variété des motivations et des goûts culturels, ont réinventé le concept de ciné-club en organisant un millier de projections à travers le pays. Au contact de spectateurs plus jeunes et différents d’eux, dans la confrontation d’idées surgissant du partage cinématographique lui-même, beaucoup expriment les effets bénéfiques de pareille expérience sur le développement de leur personnalité : confiance, maturité, ouverture d’esprit.
Une mission de Service civique à amplifier
Cet engagement constitue une mission de service civique proposée à l’Agence nationale par le CNC à l’origine de cette forme d’initiation artistique et citoyenne. Comme le signale Frédérique Bredin, sa présidente, c’est ‘une façon nouvelle de renouer avec l’esprit fondateur des premiers ciné-clubs en répondant au puissant désir d’images de la nouvelle génération et en l’impliquant directement’. Des établissements scolaires, sollicités par les jeunes volontaires eux-mêmes, ont accueilli ces ambassadeurs du cinéma. Les représentants locaux du cinéma les ont accompagnés. Unis-Cité a fait office de ‘maître d’ouvrage’ de ce dispositif ‘pour faire émerger une génération de citoyens plus solidaires, engagés et respectueux des différences’, en accord avec la vocation de l’association, comme l’a rappelé sa présidente, Marie-Brucelle-Kane.
Le CNC et l’association Unis-Cité prévoient d’offrir cette déclinaison citoyenne et culturelle du Service civique à 1 000 nouveaux jeunes volontaires à la rentrée 2016. En attendant, aux termes d’une journée riche en retours d’expériences et en échanges de bonnes pratiques, ils ont assisté à la projection d’une œuvre rare, restaurée par le service des archives du film (direction du patrimoine du CNC),mélangeant fragments de fictions et documents d’époque, un film collectif à la gloire du Front populaire, réalisé en 1936 sous la direction de Jean Renoir et intitulé « La Vie est à nous ».
Samra Bonvoisin