Coordonnateur du dernier numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres (CIEP) consacré à l’enseignement professionnel, ancien recteur et administrateur du Cnam, Christian Forestier connait bien l’enseignement professionnel. Il revient pour les lecteurs du Café pédagogique, sur les préconisations publiées par le Cnesco le 8 juin.
Dans la Revue de Sèvres vous défende l’idée qu’il est nécessaire de remonter le niveau scolaire des élèves du professionnel dans les fondamentaux. Cette idée est-elle reprise selon vous par le Cnesco ?
On ne construit pas une formation professionnelle sur un enseignement général au rabais. Cette idée se retrouve dans les préconisations du Cnesco à plusieurs reprises par exemple quand ils demandent de s’assurer de la maitrise des fondamentaux par les bacheliers professionnels.
Le Cnesco recommande des lycées polyvalents. Qu’en pensez vous ?
C’est une idée que j’ai appliquée déjà quand j’étais recteur de Créteil dans les années 1980. Il faut mélanger les publics si l’on veut éviter des ghettos professionnels. Il faut surtout éviter les lycées professionnels « purs ». Enfin il est important que les STS soient proches de ces lycées.
Justement le Cnesco recommande un accompagnement des bacheliers professionnels en BTS. Qu’en pensez vous ?
Les quotas en BTS qui existent maintenant ne sont qu’une solution d’urgence. Pourquoi demande -t-on toujours aux bacheliers professionnels pratiquement d’abjurer leur diplôme professionnel pour faire des études supérieures ? Personnellement j’aurai tendance à inverser le raisonnement. Les bacheliers professionnels ont des compétences utiles pour les BTS. Il faut s’appuyer là dessus et repenser les BTS en partant des acquis du bac professionnel.
On doit construire les BTS en partant des compétences des bacheliers professionnels. Du coup on devrait pouvoir proposer un BTS en 3 ans aux bacheliers généraux qui voudraient aller en BTS. C’est une façon d’afficher que les BTS doivent être la suite du bac professionnel.
Le Cnesco pointe les faiblesses des bacs professionnels tertiaires. Comment les améliorer ?
Il faut dire quelques vérités même si elles sont difficiles à entendre. L’orientation en fin de 3ème est à dominante sociologique. A notes égales, le fils d’un cadre supérieur ne sera pas orienté en professionnel come celui d’un ouvrier.
Pour répondre plus directement, le faible niveau dans les fondamentaux de ces élèves est souvent apparu à l’école primaire ou au collège. Cela pose la question du socle. Il n’est pas normal que 20% des élèves ne maitrisent pas le socle à la fin du collège.
C’est une illusion de croire que la voie professionnelle peut réparer cela. Il faut améliorer le système éducatif et voir ce qu’on peut faire pour que le professionnel cesse d’être une orientation par l’échec.
Quelque chose qui n’est pas dans le rapport du Cnesco ?
Il est impératif de développer l’apprentissage en lycée professionnel. Là où il existe le taux de chômage est plus faible et e temps de crise cela compte. Il faut donc rapprocher les deux voies en lycée.
Propos recueillis par François Jarraud
Enseignement professionnel : Le DOSSIER