« C’est la première fois qu’on lève le voile », a dit N Vallaud Belkacem le 8 juin en présentant les données du premier tour d’APB, le logiciel qui affecte les bacheliers dans l’enseignement supérieur. Selon le ministère, une meilleure gestion des demandes a nettement amélioré l’orientation des jeunes cette année et réduit les affectations par tirage au sort. Si le ministère insiste sur ces progrès c’est aussi qu’il est sous la menace de poursuites de l’association Droits des lycéens…
8 candidats sur 10 satisfaits au 1er tour
« C’est un sujet essentiel ». La preuve : N Vallaud Belkacem a tenu à présenter elle-même les premières données du logiciel Admission Post Bac (APB) qui affecte les futurs bacheliers dans la quasi totalité des formations du supérieur. A l’issue de ce premier tour, les candidats inscrits ont reçu une notification sur leurs voeux. Ceux qui n’ont pas reçu d’affectation ou ne sont pas satisfaits par la proposition d’APB pourront relancer le logiciel à la mi juillet. Un troisième tour sera encore possible en septembre.
« L’objectif est de faire en sorte que le plus tôt possible le maximum de bacheliers ait des propositions et ensuite que les bacheliers soient tellement bien éclairés (sur les filières) qu’ils n’aillent pas vers des orientations qui ne leur conviennent pas », a expliqué la ministre.
Pour la ministre, les deux objectifs sont atteints. Malgré une hausse du nombre de candidats (761 659 dont environ 650 000 élèves de terminale), les affectations sont meilleures.
Le ministère est satisfait que 81% des candidats aient une proposition dès le premier tour. Un pourcentage légèrement supérieur à celui de 2015 (79%). Pour les terminales, 86% des élèves ont une proposition.
Le nombre de voeux vers les licences ont sensiblement augmenté (293 386 soit 15 000 de plus), alors que les voeux vers les STS diminuent un peu (227 260) et ceux vers les IUT (104 914) et CPGE (58 064) augmentent faiblement.
Le cas des formations en tension
Mais le gros motif de satisfaction du ministère c’est que les filières sous tension, celles où APB affecte après un tirage au sort parce que les places sont inférieures aux demandes, sont moins nombreuses. Cela ne concernerait que 78 mentions de licence contre 189 en 2015. En fait le tirage au sort ne sera nécessaire cette année qu’en STAPS (sport) et en psychologie dans quelques académies. En médecine (PACES), l’offre est cette année supérieure à la demande.
Dans l’entourage de la ministre on met en avant l’efficacité du « dialogue de gestion » entre les recteurs et les universités. Ce dialogue aurait continué début juin, « mention par mention » pour mieux ajuster l’offre et la demande.
Menaces lycéennes
La satisfaction du ministère est d’autant pus grand que l’association « Droits des lycéens » menace de le poursuivre. Cette petite association a été reçue au ministère. Elle avait demandé la publication de l’algorithme d’APB, et elle l’a obtenue partiellement. « Les recours ne nous inquiètent pas car ils n’ont jamais été suivis » dit-on dans l’entourage de la ministre. Mais on ajoute « qu’on a donné tous les documents que l’association demandait ».
L’association a publié un « guide pour contester la décision de l’APB » dans le cas des formations sous tension. Droits des lycéens, qui s’est entouré des conseils d’un avocat, juge illégale la présélection opérée par l’algorithme d’APB car elle serait contraire à l’article L 612-3 du Code de l’Éducation. Le tirage au sort n’aurait aucune base légale. On verra quel usage sera fait de ce Guide, sachant qu’un recours au moins a déjà obtenu satisfaction selon Droits des lycéens.
Les insuffisances d’APB
Les données publiées le 8 juin donnent quand même à voir des insuffisances criantes d’APB. Déjà le fait qu’un candidat sur 5 n’ait pas de proposition est un résultat critiquable. Surtout, le pourcentage varie selon le type de candidat. Ainsi 97% des terminales générales ont une proposition quand ce n’est que 56% des bacheliers professionnels.
Le nombre de bacheliers professionnels ayant demandé une STS aurait augmenté de 1000 jeunes, assure le ministère. Celui des bacheliers technologiques vers les IUT, de 500 personnes. C’est peu comme progression, alors que la ministre veut faire à terme de l’entrée en BTS un droit pour les bacheliers professionnels. On n’a d’ailleurs pas d’indications sur les demandes acceptées en STS ou IUT…
En 2016, 80% des voeux des bacheliers professionnels visaient des STS et 11% des licences. Pour les bacheliers technologiques, on trouve 50 et 19%. 20% ont demandé des IUT. Les voeux des bacheliers généraux vont pour 53% vers des licences et 19% vers des CPGE et des écoles d’ingénieur. Il y a encore 8% de voeux vers les STS et 14% vers les IUT. Il reste encore des progrès à faire pour l’orientation des bacheliers des familles populaires.
François Jarraud
L’association droits des lycéens
Les nouvelles mesures dans APB