Membre du conseil scientifique de La Main à la pâte et chercheur à l’Inria, Gilles Dowek parraine la publication de « 1, 2, 3… Codez ! » l’ouvrage de La Main à la pâte sur l’enseignement de l’informatique. Il nous dit pourquoi, pour lui, cet enseignement est nécessaire dès le primaire.
Pourquoi la Main à la pâte se lance-t-elle sur cet enseignement de la programmation ?
C’est plus sur l’informatique en général que sur la programmation. La Map a une analyse de l’évolution des sciences et souhaite contribuer au développement de toutes les sciences à l’école et au collège. Après avoir commencé par des sciences bien installées il est naturel qu’elle arrive à l’informatique.
Pourquoi faut-il le faire ?
Il y a 3 raisons. Une principale c’est que les élèves vivent dans un mode façonné par l’informatique et il est important qu’ils comprennent les tenants et aboutissants de ce domaine de connaissances. Les élèves comme futurs travailleurs vont avoir besoin d’une compréhension de l’informatique et l’Ecole a pour mission de préparer au monde du travail.
Les élèves sont aussi de futurs citoyens et certains problèmes politiques posés comme la neutralité du net ou l’uberisation de l’économie, demandent de prendre des décisions et pour cela de comprendre les concepts fondamentaux de l’informatique. Par exemple ce que ça veut dire de commander un taxi sur une plate forme, qui contrôle cette plate forme, qui les développe , comment ce secteur fonctionne.
L’informatique apporte une nouvelle manière de penser et il est important d’initier les élèves à la pensée informatique ou computationnelle.
Autrement dit il n’est pas question que de programmation ?
C’est une étape importante de l’informatique car c’est là qu’ils deviennent autonomes. A partir du moment où ils programment ils peuvent participer à la création du monde numérique. Mais ce qui est important c’est qu’ils comprennent les concepts de l’informatique : langage, machine, algorithme, information qui sont plus éloignés de la programmation. L’objectif ce n’est pas que les élèves sachent programmer mais qu’ils aient compris des choses.
La Map nous a habitués à des démarches concrètes. On les retrouve dans la publication ?
Dans la démarche il y a l’idée que les enfants doivent faire par eux-mêmes qu’ils apprennent « en faisant ». L’informatique et els sciences expérimentales sont d’accord avec ça. Avec la construction de programme on est dans cette idée de mettre les élève en activité. Et puis il y a l’idée qu’on découvre le monde en faisant des expériences. Là c’est moins vrai en informatique. La place de l’expérimentation est moins importante en informatique que dans les autres sciences. Toute les sciences ne sont pas sur le même modèle et La MAP peut le comprendre.
Vous ciblez le primaire ou le secondaire ?
Ce livre est destiné au primaire. Avec le primaire il est important d’insister sur les apprentissages précoces. De la même façon qu’il est plus difficile d’apprendre à lire à 15 ans, il ya un certain nombre de concepts et de manières de penser qu’il faut commencer tôt en informatique pour les maitriser. Cela a une grande importance.
Propos recueillis par François Jarraud