Comment la nouvelle génération d’enseignants de SVT appréhende-t-elle la profession ? Quel est leur usage du numérique en classe ? Damien Vallo, enseignant de SVT à Bellac (87), Audrey Logodin à Jaunay-Clan (86), Julie Plessis, à Nantes et Axel Denys, agrégé, actuellement en Master 2 Recherche Minéralogie à Grenoble ont ouvert un site internet relayant leur pédagogie mise en place en classe. Ces enseignants, qui utilisent aisément Twitter et Plickers, ont rapidement perçu les avantages de l’utilisation des smartphones en cours. Soucieux de ne pas tomber dans la routine, ils sont à l’affut des nouvelles pratiques. « Nos élèves consultent davantage notre compte Twitter que le cahier de texte numérique. » Rencontre avec ces 4 enseignants qui découvrent la réalité du métier.
Que peut-on lire sur votre site Acanthoceras ?
Il s’agit d’un site lancé début janvier 2016 qui s’adresse aux futurs enseignants préparant le concours ainsi qu’aux enseignants en poste qui souhaitent découvrir de nouvelles ressources.
Il regroupe des articles sur diverses applications numériques, mais aussi des expériences, des modèles et des ressources pour réviser les concours de l’enseignement (capes et agrégation)
Le site regroupe des articles écrits par chacun des membres. Nous sommes 4 contributeurs, jeunes profs de SVT, rencontrés au détour de la prépa agreg d’Orsay.
Vous partagez de nombreuses informations notamment sur les pratiques numériques en SVT. Quelques mots sur vos usages personnels de ces outils (type ENTbox, Anki, H5P, Plickers, Skitch & co) pour la classe ?
Pour certains d’entre nous, l’utilisation du numérique est occasionnel et pour d’autres quotidienne. Nous essayons de diversifier nos pratiques et en ce sens, nous utilisons plusieurs de ces outils.
Damien utilise EntBox de Marc Aurélien Chardine. Cet ENT permet de générer un mini ent maison qui n’existe pas dans le lycée où il exerce. Plickers, application permettant le sondage d’un groupe d’élève via réalité augmentée, est quant à elle utilisée par Julie pour motiver ses élèves et varier les apprentissages dans un établissement où les pratiques numériques sont rares.
Vous gérez également plusieurs comptes Twitter évoquant les SVT. Quels sont les avantages de ce réseau ? Comment vous servez-vous de Twitter avec les élèves ?
Nous disposons d’un compte twitter commun @acanthocerasweb, car désormais il est difficilement envisageable de ne pas utiliser ce réseau social. Celui-ci sert à la fois à relayer les articles du site mais aussi comme veille professionnelle pour dénicher de nouvelles ressources.
Parallèlement, un compte spécifique à nos classes a été créé. Audrey l’utilise pour partager aux élèves des informations en rapport avec le cours et les activités réalisées en classe ainsi que sur l’actualité scientifique en lien avec les thèmes abordés. On remarque qu’ils le consultent beaucoup plus souvent que le cahier de texte numérique.
Utilisez-vous les ressources du Web pour préparer vos cours ? Comment procédez-vous pour l’élaboration d’une séquence ?
Les ressources numériques sont omniprésentes et même essentielles pour un jeune enseignant partant de zéro. Ces ressources sont souvent plus riches que les manuels scolaires mais pour autant moins faciles à trier. Il faut donc avoir une idée de ce que l’on cherche en ayant réfléchi en amont aux compétences que l’on souhaite développer. Les ressources web auxquelles nous faisons le plus souvent référence sont Eduscol, les sites académiques mais aussi d’autres sites de collègues de SVT.
Et vos élèves, prennent-ils leurs téléphones en cours de SVT ? Quel est votre regard sur le BYOD ?
Contrairement au collège, il est très facile d’utiliser les téléphones portables au lycée. Il s’agit d’un outil permettant d’accéder facilement à des ressources en ligne tel que des protocoles de dissection mais aussi aux documents déposés sur l’ENT de l’établissement ou sur l’ENT Box. C’est également un outil avec lequel on peut utiliser des applications facilement et gratuitement, notamment avec le lecteur de QR code. Enfin, il permet de faire des photos et vidéos de très bonne qualité. On s’en sert alors pour les observations au microscope et filmer des vidéos des manipulations réalisées.
Le BYOD, comme tout dispositif pédagogique, à des avantages et des inconvénients. Les avantages sont multiples : communication facilitée en dehors des cours, accès à de nombreuses ressources, interactivité, objet personnel permettant de prolonger le travail à la maison, … Néanmoins, nous avons conscience que l’accès à une tablette ou un smartphone performant n’est pas aisé pour toutes les familles et notamment pour les réparations du matériel.
Pour Julie qui est en collège, ses élèves n’ayant pas tous accès à des téléphones personnels, elle ne les utilise pas en classe mais utilise le sien pour les tests Plickers.
Vous étiez présents au salon Educatec-Educatice pour vous informer sur les nouveautés en SVT. En quoi est-ce important pour un enseignant de se déplacer dans ce type de salon ? Comment s’effectue votre formation continue ?
Effectivement, c’est même là que nous avons pu échanger avec vous et manger des Tagadas ! Le but était d’aller à la recherche de nouveautés, d’idées à ramener pour la classe. Il est pour nous important de saisir ces opportunités afin de nous former en découvrant de nouvelles ressources, de nous améliorer dans nos pratiques et plus tard nous renouveler.
Notre formation est pour cette année assurée d’une part par les ESPE de nos différentes académies et d’autre part par nos tuteurs terrains. Néanmoins, nous aimerions continuer à nous former durant notre carrière et notamment grâce à l’APBG où nous étions présents en novembre dernier.
Enfin, une rubrique sur Acanthoceras est consacrée à « Vis ma vie de prof ». En tant que nouveau(x) prof(s), quelle vision avez-vous désormais de la profession ? En quoi avez-vous toujours autant de plaisir à faire cours ? Trouvez-vous un décalage entre votre formation initiale et la réalité du métier ?
Cette année est notre véritable première expérience dans la peau d’un professeur. Nous sommes à la fois étudiants et enseignants et ce changement de posture d’un jour à l’autre peut parfois être perturbant.
Les stages effectués en établissement avant de passer le concours et les unités d’enseignements suivis dans le cadre de nos deux années de master nous ont permis de cerner la réalité de ce métier que nous exerçons, tous les jours, avec beaucoup de plaisir.
Notre vision de la profession n’a pas changé. Nous sommes ravis de rencontrer de nouveaux collègues avec différentes visions du métier afin d’enrichir notre expérience. Nous éprouvons du plaisir à faire cours par l’essai de nouvelles applications ou sites afin de ne pas tomber dans la routine.
Aujourd’hui, nous prenons conscience que, contrairement à ce qu’on avait imaginé en nous engageant dans nos études, notre travail ne s’agit pas de transmettre des connaissances mais de participer davantage à l’acquisition de compétences. C’est un point qui est pris en compte dans notre formation qui est, de plus en plus proche de la réalité du métier. Notre première expérience cette année a été très positive et nous confirme notre envie d’enseigner.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Sur twitter @acanthocerasweb