En principe la question est simple : les professeurs des écoles travaillent dans les écoles et les certifiés et agrégés en collège et lycée. Mais en réalité ce n’est pas aussi simple. La preuve c’est que seulement 86% des enseignants des écoles sont affectés dans une école et que seulement 86% des enseignants du second degré sont dans des collèges et lycées. Où sont les autres et quelle logique se dégage des affectations ? Voilà la question…
Les affectations en école, collège et lycée
Selon le Bilan social du ministère de l’éducation nationale, près de neuf enseignants sur dix sont affectés dans une école ou un établissement. Ainsi 22% des professeurs des écoles exercent en école maternelle et 65% en école élémentaire. Où sont les autres ? Environ 7% sont en zone de remplacement et 5% « en circonscription » , c’est à dire qu’ils sont dans un Rased ou conseiller pédagogique. Est-ce pour autant que les enseignants sont affectés avec égalité ? Attendons pour voir….
C’est un peu plus compliqué dans le second degré car il y a quatre corps : les professeurs de chaire supérieure, les agrégés, les certifiés et les PLP. 20% des agrégés sont en collège et 1% en lycée professionnel. 77% sont en lycée général et technologique. C’est l’inverse pour les certifiés qui sont un tiers en lycée et deux tiers en collège. Les PLP sont à 82% en lycée professionnel , les autres exerçant en collège (5%) ou en lycée (8%), par exemple en STS. Quant aux professeurs de chaire supérieure ils sont à 100% en lycée.
Qui est sur plusieurs écoles ou établissements ?
Parmi les enseignants près de 10 000 sont affectés sur plusieurs écoles dans le premier degré et près de 28 000 dans le second. On a d’autant plus de chance d’être sur plusieurs établissements que l’on est jeune. C’est le cas de 13% des PE de moins de 30 ans contre 4% des PE en général. Là ça peut aller loin : la moitié des titulaires multi affectés sont sur plus de 2 écoles et 21% sur 4 et plus.
Qui enseigne en éducation prioritaire ?
On retrouvera le même écart pour les affectations en éducation prioritaire. 56 000 professeurs des écoles, 34 000 certifiés, 2600 PLP , 5000 contractuels et… 2 000 agrégés enseignent en éducation prioritaire, soit un PE sur 5, un certifié sur 7, un agrégé sur 20.
Ce qui caractérise les enseignants de l’éducation prioritaire c’est la jeunesse. On trouve 26% de moins de 30 ans dans le écoles prioritaires alors qu’ils représentent 11% des P.E. en général, 23% des certifiés alors qu’ils pèsent 10% dans l’ensemble.
Cette répartition inégale des enseignants explique que certaines académies soient nettement plus jeunes que d’autres : Versailles, Aix-Marseille, Martinique par exemple.
Une profession pas si égalitaire que cela ?
L’intérêt de ces différences d’affectation c’est qu’elle font apparaitre des logiques internes qui sont peu remises en question dans le système éducatif. D’abord les inégalités entre des corps de même niveau d’enseignement, comme entre certifiés et agrégés. On ne trouvera ces derniers qu’exceptionnellement en éducation prioritaire et rarement en collège.
Mais c’est un autre clivage qui apparait ici plus nettement : celui de l’âge. Les situations les plus difficiles vont aux plus jeunes, qu’il s’agisse de postes sur plusieurs écoles ou en éducation prioritaire, alors même que ce sont les enseignants les moins expérimentés. Dans une profession qui aime tant l’égalité, mais où les perspectives de carrière sont limitées dans la plupart des corps, tout se passe comme si la rétribution se faisait surtout par les affectations.
François Jarraud