La circulaire de rentrée est-elle à la hauteur d’une rentrée exceptionnelle qui voit à la fois le changement des programmes du CP à la 3ème et la réorganisation du collège ? Publiée habituellement en juin, la circulaire de rentrée arrive trop tard pour avoir un effet sensible sur le système éducatif. Cette année, la circulaire sort à la mi avril ce qui laisse plus de temps pour qu’il en soit pris connaissance. Malheureusement ce texte particulièrement long enchaine les déclarations. Les équipe y trouveront peu d’appui fonctionnel par rapport aux enjeux de la rentrée. Mais quand même quelques informations come par exemple le retour du B2i….
Une circulaire de rentrée fait normalement 8 à 10 pages. Le nouveau texte passe à 12 pages qui évoquent la transformation du système éducatif, la priorité au primaire, la réforme du collège, le lycée, le plan numérique, l’école inclusive et les valeurs de la République.
Un point commun : l’évaluation
Grand projet de la ministre la réforme de l’évaluation prend place dans la circulaire. » Le niveau de maîtrise de chacune des composantes du socle commun de connaissances, de compétences et de culture est apprécié, en fin de cycle, selon une échelle de référence comportant quatre échelons. Les attendus de fin de cycle étant précisés dans les programmes, les équipes enseignantes, les élèves et leurs familles disposent de repères pour mesurer leur acquisition. Les professeurs disposeront en outre d’une banque d’outils d’évaluation leur permettant, pour certaines compétences, d’objectiver le positionnement des élèves sur l’échelle de référence en fin de cycle. En cours de cycle, les modalités de l’évaluation sont laissées à l’appréciation des équipes ».
La circulaire pointe deux moments clés d’évaluation. » Une évaluation du niveau des élèves en français et en mathématiques, à des fins diagnostiques, est mise en place au début de la classe de CE2 pour permettre aux équipes pédagogiques d’identifier les difficultés et de mettre en place une réponse adaptée aux besoins de chaque enfant. Pour les y aider, une banque d’outils d’aide à l’évaluation diagnostique en ligne sera mise à leur disposition durant le premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016″. Outre le lapsus sur la date, on notera qu’il s’agit d’une évaluation diagnostique en maths et en français et qu’elle aura lieu » au moment choisi par eux au cours des premières semaines de l’année et en fonction des objectifs poursuivis au sein de la classe ».
Autre moment l’entrée en seconde : « Dès l’entrée en seconde générale et technologique, en seconde professionnelle et en première année de CAP, les équipes pédagogiques seront attentives aux acquis des élèves issus de troisième et organiseront, notamment dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, le soutien adapté à ce premier diagnostic. »
Enfin, la circulaire confirme la généralisation à la rentrée du livret scolaire numérique. » Ce livret scolaire… comprend des bilans périodiques, qui se substitueront aux actuels livrets des écoles et aux bulletins des collèges. En outre, ce livret comprendra, à chaque fin de cycle, des bilans de fin de cycle et les attestations obtenues par l’élève à l’école ou au collège. Ce livret scolaire revêtira une forme numérique, avec l’application nationale Livret scolaire unique numérique (LSUN), qui permettra, pour la première fois, de disposer d’un outil numérique national de suivi des acquis de l’élève tout au long de chaque cycle et de l’ensemble de sa scolarité à l’école et au collège ».
La réforme progressive des ELCO
« Les enseignements de langue et de culture d’origine (Elco) évoluent vers un dispositif inspiré des sections internationales existant dans le premier degré. Ces enseignements de langues vivantes étrangères seront dispensés en sus des 24 heures habituelles, et seront ouverts à partir de la classe de CE1 à tous les élèves volontaires, quels que soient leur origine, leur nationalité et leur niveau linguistique de départ ». La volonté ministérielle de mettre fion, en les transformant graduellement, aux Elco, accusés de nuire à l’intégration des jeunes, est confirmée. » L’enseignement sera assuré par des enseignants mis à disposition par les pays partenaires et l’attention portée à la qualité de ces enseignements sera renforcée. Au collège, la continuité sera assurée principalement dans le cadre de dispositifs bi-langues. À la rentrée scolaire 2016, des académies pilotes expérimenteront ce nouveau dispositif avec deux pays partenaires, le Maroc et le Portugal. Un premier bilan permettra d’opérer les ajustements nécessaires avant l’élargissement à d’autres académies et d’autres partenaires, à la rentrée 2017, puis sa généralisation à la rentrée 2018. »
A l’école maternelle
La circulaire valide le développement et le maintien des accueils multi niveaux des moins de trois ans. » Si les efforts consentis pour l’ouverture de classes dédiées aux enfants de moins de trois ans marquent une étape importante dans l’amélioration de leurs conditions d’accueil, ils ne doivent pas pour autant conduire à une réduction de l’accueil en classe multi-niveaux là où les effectifs et l’environnement permettent un accueil respectueux des spécificités des enfants de cet âge. »
A l’école élémentaire
La circulaire annonce un effort de formation plus important en 2016-2017 mais elle ne reprend pas le chiffre de 3 journées de formation avancé à un moment . » Les 18 heures inscrites au titre des obligations réglementaires de service ne sauraient suffire à répondre à l’ensemble des besoins, accrus par la rénovation des cycles, des enseignements et de l’évaluation. Aussi, l’effort conséquent de création de postes pour l’enseignement du premier degré à la rentrée 2016 doit permettre d’augmenter substantiellement les capacités de remplacement, notamment pour le temps consacré à la formation continue ».
La circulaire invite à de nouveaux emplois du temps » pour reconsidérer l’équilibre journalier, hebdomadaire et périodique entre les différents domaines d’enseignement, tirer profit des opportunités offertes par la cinquième matinée, afin que l’organisation du temps et des activités pédagogiques puisse profiter pleinement aux apprentissages des élèves ».
Au cycle 3, la circulaire demande la création d’un conseil de cycle 3 avec invitations croisées des enseignants du primaire et du secondaire. « La mise en œuvre des enseignements de ce cycle 3 exige une coopération plus large et plus approfondie entre les enseignants des premier et second degrés… Dans les écoles élémentaires, à partir de la rentrée scolaire 2016, le conseil du cycle 3 accueillera des professeurs exerçant en classe de sixième dans le collège du secteur de recrutement ; réciproquement, des professeurs de ces écoles pourront participer aux conseils des classes de sixième du collège de leur secteur ». A noter le « pourront »…
Au collège
La circulaire rappelle l’arrivée étalée des nouveaux manuels. » L’équipement en nouveaux manuels sera échelonné sur deux années en fonction des disciplines : à la rentrée 2016, tous les élèves recevront de nouveaux manuels de français, mathématiques et histoire-géographie ; les élèves de cinquième auront également un nouveau manuel de langue vivante 2 et les élèves de sixième un nouveau manuel de sciences ; les autres manuels seront fournis à la rentrée 2017-2018. »
Au lycée
La circulaire rappelle le déploiement de l’option Informatique et création numérique dans les classes de 1ère de S, ES et L. Elle rappelle aussi la réforme de la série hotellerie (STHR) qui reste sur trois ans (et non deux) mais avec un alignement des enseignements généraux sur les autres séries technologiques..
La circulaire consacre un paragraphe à l’éducation à la santé. Il précise notamment que » S’agissant de la consommation de tabac dans les établissements scolaires, le cadre fixé par la loi Évin reste la règle. »
Le lycée professionnel
Le lycée professionnel occupe une longue place dans la circulaire du fait des nouveaux dispositifs mis en place à la rentrée. C’est d’abord la période d’accueil au début de l’entrée au L.P. pour les CAP et 2des professionnelles. C’est ensuite l’orientation réversible. » Pour prévenir les risques de décrochage et permettre à chacun de réussir dans une formation en adéquation avec son profil et ses aspirations, sera mise en place, dès la rentrée 2016, une période de consolidation et de confirmation de l’orientation, de la rentrée scolaire aux vacances de la Toussaint, pour tous les élèves qui entrent en seconde professionnelle et en première année de CAP… Un élève qui s’est manifestement trompé d’orientation pourra ainsi, sur proposition de l’équipe pédagogique et avec l’accord de l’élève et de sa famille, changer d’orientation vers une autre spécialité, un autre diplôme ou vers une autre voie de formation. L’application nationale Affelnet permettra de diffuser les places vacantes, d’exprimer le vœu d’affectation de l’élève et de procéder à l’affectation ». La circulaire n’annonce pas de création de places pour répondre à ces demandes…
La préparation au stage professionnel est présentée aussi comme une nouveauté, même si elle existe souvent depuis longtemps.
Enfin l’orientation vers les STS des bacheliers professionnels est rappelée en des termes peu coercitifs. « Il est demandé aux lycées porteurs de sections de techniciens supérieurs (STS) de s’engager fortement sur l’accueil des bacheliers professionnels qui sont très majoritairement candidats à ces filières de l’enseignement supérieur. Cette modification des publics entrants doit aussi être accompagnée d’une réflexion pour développer une pédagogie différenciée afin de mieux prendre en compte les acquis des différents publics accueillis : la pédagogie en STS en particulier doit tenir compte de la diversité des publics et savoir valoriser les compétences des bacheliers professionnels ». On aurait du avoir le rappel des quotas d’accueil. Ce n’est pas le cas…
Le plan numérique et le retour du B2i
La circulaire annonce le maintien des 3 journées de formation au numérique en 2016-2017. Souvent elles n’ont pas pu avoir lieu en 2015-2016. La circulaire annonce « des ressources numérique spédagogiques couvrant l’ensemble du programme des cycles 3 et 4. » Ces banques de ressources offriront des contenus nombreux et variés ainsi que des services numériques complémentaires des manuels scolaires ». De la même façon est promis « le portail de recherche des ressources numériques pour l’école » dès la rentrée, un vieux projet dont on attend qu’il boucle la recherche des enseignants dans les bornes autorisées.
Plus intéressant, la circulaire annonce le retour du B2i mais sous une nouvelle forme. Le B2i a disparu des éléments évalués à l’école et dans le nouveau collège. Selon la circulaire, » les compétences numériques seront désormais évaluées dans le cadre d’un nouveau référentiel, commun à l’enseignement scolaire et à l’enseignement supérieur, qui se substituera à l’actuel B2i ». Ce nouveau B2i pourrait prendre la forme d’une certification reconnue par le monde professionnel, à l’image des certifications de langue qui existent sur le marché.
L’éducation prioritaire
Elle arrive en fin de circulaire pour rappeler le pilotage et la mise en place d’une aide aux devoirs. » Le référentiel de l’éducation prioritaire doit être utilisé … par les pilotes comme par les enseignants, dans le cadre des projets de réseau ; il constitue un guide et un cadre pour le travail commun et a notamment vocation à irriguer la réflexion conduite sur les enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires) dans les collèges, en cohérence avec la réforme. Le pilotage de la réforme doit lui aussi encore être consolidé, en inscrivant, dans les programmes académiques de travail des inspecteurs, les objectifs et modalités d’accompagnement des équipes des réseaux d’éducation prioritaire et en achevant la généralisation des lettres de mission des IA-IPR référents, des coordonnateurs et des formateurs de l’éducation prioritaire.
Les formations, mises en cohérence aux niveaux départemental et académique, seront conçues à la fois pour diffuser les principes dont le référentiel de l’éducation prioritaire est porteur et pour répondre aux besoins exprimés par les réseaux dans leurs projets. Les formations de réseau inter-degrés seront particulièrement retenues, afin de faire vivre concrètement le cycle 3 et de favoriser la continuité des enseignements ».
Un « nouvel » accompagnement est mis en place en rep+ : » l’accompagnement continu en sixième a vocation à être développé en Rep+ en priorité, complète l’accompagnement personnalisé et l’accompagnement éducatif. Il représente une véritable aide au travail personnel de l’élève, en le dotant de méthodes efficaces pour apprendre. Il est constitué de temps réguliers où les élèves, en petits groupes, sont accompagnés pour faire leurs devoirs et apprendre leurs leçons dans les temps laissés libres à l’emploi du temps jusqu’à 16 h 30. »
L’irruption des toilettes
L’aspect le plus nouveau de cette circulaire c’est l’irruption pour la première fois de la question des toilettes. C’est une vraie question qui a un impact très important sur la vie scolaire mais que l’institution ne daigne pas traiter.
» La question des sanitaires mérite d’être appréhendée par les équipes éducatives dans une approche globale de l’hygiène, de la santé individuelle et collective, mais aussi éducative », écrit la circulaire. « Il s’agit de développer chez les élèves la capacité à prendre soin d’eux-mêmes, à respecter les règles du vivre-ensemble et les lieux qu’ils utilisent. Cette approche doit être reliée à la promotion de la santé et au sentiment d’appartenance à l’établissement. Cela peut faire l’objet d’une réflexion au sein du comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC), de la commission d’hygiène et de sécurité (CHS), du conseil de la vie collégienne (CVC) et du conseil de la vie lycéenne (CVL). Des actions éducatives et pédagogiques peuvent ainsi être élaborées et la mise en place d’un projet doit supposer un travail commun de l’ensemble des acteurs concernés : élèves, parents, équipes éducatives et pédagogiques, équipe de direction, assistants de service social, agents, infirmiers et médecins, voire représentants de la collectivité territorial ».
Ainsi les toilettes sont à l’image de cette circulaire. Pour traiter cette question importante et relativement simple, le ministère élabore une formule compliquée en des termes malheureusement peu fonctionnels..