Imaginé pour lutter contre le décrochage et faciliter les parcours et la conception des formations, le découpage des diplômes professionnels en « blocs de compétences » soulève des difficultés, explique un rapport de l’Inspection générale piloté par Jean-Michel Paguet et Pascal-Raphaël Ambrogi. Le rapport pose clairement des conditions à ce saucissonnage des diplômes professionnels.
Crainte de démantèlement
Le rapport souligne la « crainte de démantèlement » qu’elle a rencontré sur le terrain. » Les entretiens ont permis de relever une fracture entre, d’une part, une logique de professionnalisation visant à développer les compétences attendues sur le marché du travail et, d’autre part, une logique de formation, voire administrative, exprimée par les opérateurs ».
La mission a également écarté l’argument de la lutte contre le décrochage. » La mission est plutôt sceptique quant à l’incidence de cette introduction. Non seulement les sources de décrochage sont multiples, mais la reconnaissance d’une composante du diplôme pourrait conduire une partie des élèves à se contenter de cette reconnaissance partielle, qui certes aurait le mérite d’exister, sans chercher à faire aboutir le processus d’obtention du diplôme ».
Prendre en compte l’enseignement général
D’autre part, l’inspection souligne aussi la nécessité de la prise en compte de l’enseignement général dans les compétences professionnelles. » L’unité certificative prend en compte un certain nombre de compétences professionnelles, mais pas seulement. Elle intègre également des savoirs associés dont l’importance et le statut sont variables suivant la nature et le niveau de responsabilité des activités liées à cette unité. Il s’agit de connaissances relevant de la culture générale permettant une meilleure compréhension de l’évolution de l’environnement de travail, de savoirs fondamentaux du type « lire, écrire, compter » pour réaliser l’activité ou de connaissances professionnelles nécessaires pour appréhender correctement le contexte d’exercice d’une activité. Dans le cas où le diplôme serait décomposé en unités fondées uniquement sur des blocs de compétences, l’intégration de ces savoirs soulève des questions d’ordre méthodologique ».
En conclusion, le rapport préconise de réaffirmer » le rôle protecteur du diplôme comme facteur d’insertion sociale et professionnelle », par opposition au bloc de compétences. « L’intégration de blocs de compétences dans les diplômes professionnels ne doit pas aller à l’encontre d’un objectif majeur qui doit rester unique, celui de permettre à tous les élèves d’obtenir un diplôme et de limiter les sorties sans qualification ».
Le rapport estime qu’il est » indispensable d’associer dans les groupes de travail mandatés par les CPC des représentants de l’enseignement général, afin d’intégrer, lorsque cela est possible et souhaitable, l’enseignement général dans les blocs de compétences ».