Pour donner du sens aux textes que nous écrivons, j’ai proposé à mes élèves de CE1-CE2 de les lire aux GS de l’école voisine afin de leur montrer la richesse, le plaisir que l’on gagne en apprenant à lire (et surtout à écrire !). C’est un dispositif qui existe depuis longtemps dans notre école et qui permet aux GS de venir se familiariser avec la « grande » école. Habituellement, les CE1 ou CP lisent une histoire d’un livre qu’ils ont saucissonnée (que l’adulte a saucissonnée plutôt) et dont chacun lit laborieusement sa partie. Autant dire que l’objectif de donner le goût de la lecture aux non lecteurs n’est pas tout à fait atteint !
J’ai changé cela pour ma classe en arrivant dans l’école. Les deux premières années, je leur ai proposer de choisir un JMagazine (JMagazine) seul ou à deux et d’en lire une histoire ou un poème. Avec séances de critiques du groupe pour être intéressant en public. Et cette année, leurs textes libres sont tellement riches, variés, dynamiques que je leur ai proposé de les partager.
Le dispositif est le même depuis trois ans : des petits groupes de 4-5 élèves de GS tournent sur les groupes de CE1-CE2 (4-5 aussi) répartis dans différents lieux accueillants (coin regroupement, BCD, etc). On s’appuie sur les adultes disponibles : 2 enseignantes, 1 ATSEM, et 2 services civiques (ils prennent un groupe à eux deux) ou l’AVS. Les GS entendent donc les 21 CE1-CE2 en se déplaçant d’une salle à l’autre et les grands lisent 4 fois leur création. C’est très dynamique, et adultes comme enfants se régalent à chaque fois.
Depuis quelques jours, nous travaillons la lecture-mise en scène.
Un enfant a même, contre ma consigne (c’était la veille de la lecture !), écrit un nouveau texte car les autres ne lui convenaient pas. D’une richesse remarquable pour cet enfant d’imagination d’ordinaire timide. Il a bien eu raison.
Aujourd’hui c’était la dernière séance de critiques par le groupe avec les critères élaborés ensemble. J’étais, comme eux, très émue. Poèmes, histoires ou émotions personnelles étaient au rendez-vous.
Par l’écriture de textes libres le programme, que d’aucuns disent ne pas être traité en pédagogie Freinet, est largement dépassé en français, et avec bonheur et fierté !
C’est vraiment délicieux de voir le bonheur des enfants partageant leur création. Ils aiment la proposer à entendre et à voir, souvent lue avec leurs camarades préférés. Les dialogues prennent ainsi une couleur sensible, douce ou énergique. Et le trac diminue !
Voir les yeux des enfants briller à la lecture de leur création ou les entendre éclater de rire au détour d’une petite phrase lue est magique pour tous. « C’est moi qui les ai fait rire ? Ils ont donc aimé ce que j’ai écrit ? » Ils se sont relancés passionnément dans l’écriture ! Et les maternelles attendent les nouvelles créations… en demandant à l’enseignante d’écrire leurs propres textes !
Pascale Henquinez
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