En apparence rien n’a changé : l’éducation nationale est toujours au 4ème rang dans l’ordre protocolaire du gouvernement. Simplement elle n’est plus prioritaire depuis le 11 février…
Attendu pour le 12 février le remaniement ministériel a été à l’heure. Le président a remercié 4 ministres. Parmi eux, F Pellerin, ministre de la Culture qui avait travaillé avec N Vallaud-Belkacem sur le parcours artistique. Ou encore M Lebranchu qui disparait de la Fonction publique alors que vont s’ouvrir les négociations salariales. 19 personnalités entrent au gouvernement ou voient leur portefeuille retaillé. Au total le gouvernement passe de 32 à 38 membres.
Certains intitulés font sourire. Ainsi la France compte une secrétaire d’Etat à « l’égalité réelle », une autre à « l’aide aux victimes ». Il y a même une ministre « de la famille, de l’enfance et des droits des femmes », un intitulé un peu antithétique…
Pour l’éducation rien ne change ?
Pour l’éducation, N Vallaud Belkacem reste ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle est assistée d’un secrétaire d’Etat, inchangé, à l’enseignement supérieur. Ceux qui pensaient que la réforme du collège la ferait tomber seront déçus. Le gouvernement veut bien aller au bout de la réforme.
Mais « l’empire » de la ministre n’est pas tout à fait à l’identique. Un secrétariat d’Etat à l’apprentissage est crée. Or le sujet est un point délicat entre l’Elysée et elle. Le 28 janvier elle déclarait : » C’est ce que je demande au président.. Dans nos discours il faut avoir des ambitions pour tous les types de formation en alternance aussi bien l’apprentissage que le lycée professionnel qui sont tout aussi performants ». L’Elysée répond en élevant l’apprentissage…
Pour autant rien n’est changé dans l’ordre protocolaire qui fixe l’importance des ministres. N Vallaud Belkacem est toujours au 4ème rang derrière M Valls, le nouveau ministre des affaires étrangères et la ministre de l’environnement (dotée d’une armée de secrétaires d’Etat).
Cet ordre protocolaire a un sens. Il fixe normalement le priorités du gouvernement et cela a des retombées sonnantes et trébuchantes quand il s’agit de défendre le budget.
L’éducation n’est plus dans les priorités ?
Mais ce schéma gouvernemental ne correspond plus aux priorités de F Hollande. « Ce gouvernement devra réformer et aura trois priorités : la sécurité, l’emploi et l’écologie avec ce grand accord de la COP21 », a explique F Hollande le 11 février dans son entretien télévisé.
Depuis 2012, l’éducation et la jeunesse étaient la priorité affichée du quinquennat . Cela valait à l’Ecole de disposer d’un budget qui n’est pas seulement le premier de la Nation mais aussi celui qui échappe aux coupes budgétaires. Sur ce terrain, N Vallaud Belkacem a été un peu moins performante que ses prédécesseurs. Mais elle a quand même assuré pour 2016 un budget en légère croissance.
Qu’en sera-t-il pour 2017 si l’éducation n’est plus la priorité gouvernementale ? Le ministère devra affronter en cette année électorale une autre exigence : celle de réconcilier les enseignants avec le candidat à la présidentielle. On a bien compris que le gouvernement entend lâcher un peu de marge salariale en 2017. Cela sera-t-il jugé suffisant par l’Elysée ?
François Jarraud