L’enseignement scolaire coûte deux fois plus cher en Nouvelle Calédonie et en Polynésie, révèle le rapport de la Cour des comptes publié le 10 février. Les salaires des enseignants explique en partie cette situation. Mais la Cour dénonce aussi une gouvernance confuse voire quasi illégale.
« Dans les deux territoires, la dépense publique pour l’enseignement scolaire est comprise entre 10 et 12 % de leur produit intérieur brut (PIB), contre un peu moins de 5 % pour la métropole », relève le rapport de la Cour des comptes publié le 10 février. « Cet écart est dû notamment aux conditions de rémunération des personnels d’État en outre-mer, dont découle un coût supérieur au double de celui constaté en métropole. Il a aussi pour origine une plus forte proportion de jeunes de moins de 20 ans dans ces territoires et un effort éducatif supplémentaire, avec un nombre d’élèves par classe dans le secondaire inférieur à la moyenne métropolitaine (23,4 en Polynésie française et 21,4 en Nouvelle-Calédonie, contre 24,8 en métropole) ».
La Cour évalue la dépense scolaire par élève à 8 223 € en Polynésie française et 10 539 € en Nouvelle-Calédonie, contre 7 700 € pour la France métropolitaine et les départements d’outre-mer.
Elle relève aussi des résultats sans rapport avec l’investissement. « Si les moyens mis en oeuvre ont permis des progrès, les résultats restent en deçà des références métropolitaines. La réussite aux examens et le nombre de bacheliers toutes filières confondues ont progressé, mais la proportion d’une classe d’âge atteignant le niveau du bac est de 54 % en Polynésie française et de 55 % en Nouvelle-Calédonie (chiffres 2013) contre 83 % en métropole (pour un périmètre comparable). Les sorties du système éducatif sans diplôme ni qualification demeurent très élevées, environ 35 % des élèves en Polynésie française et 20 % en Nouvelle-Calédonie contre environ 10 % en métropole ».
Le rapport s’attache aussi aux dysfonctionnements administratifs dans les deux territoires. » Dans les deux territoires, l’organisation administrative, bien que différente, a donné lieu à des gestions difficiles ». Là c’est le partage des rôles entre Etat et administration locale qui est confus. En Polynésie, la Cour estime le régime des financements apportés par l’Etat selon une convention de 2007 « non conforme aux textes et à la logique de transfert des compétences ». En Nouvelel Calédonie, « la dualité de gestion est à l’origine de doublons… Il subsiste une incohérence pour les agents mis à disposition par l’État, mais de statut territorial (665 personnes sur un total de 2 050). Deux services, l’un au sein du service unique du vice-rectorat, la division du personnel, l’autre en dehors de ce service, la direction des relations humaines de la fonction publique de Nouvelle-Calédonie, sont en charge de leur gestion, ce qui est coûteux et engendre des erreurs et des pertes de temps ».
F. Jarraud