Quoi de plus hétérogène qu’une classe d’Upe2a, c’est à dire pour « élèves allophones arrivants » ? Au lycée Jacques Decour, les 16 élèves de Milène Brovelli sont de 15 nationalités différentes et s’échelonnent de la 6ème à la 3ème. Pour faire face à cette hétérogénité, Milène Brovelli utilise la classe inversée qu’elle vit comme une « libération ». Les élèves s’y sont faits et M Brovelli estime que les résultats sont au rendez vous.
Beaucoup a déjà été dit sur la classe inversée. Mais il y a une dimension qui n’est pas souvent évoquée. La classe inversée c’est aussi (d’abord ?) des profs qui décident de travailler ensemble et de rompre la solitude des rangées de pupitre et l’ennui des couloirs jaune fadasse.
Des capsules pour une UPE2A
Justement Milène Brovélli n’aime pas s’ennuyer. De professeure de lettres elle est devenue professeure de FLE au lycée Jacques Decour. Et au bout de 9 ans l’envie de changer la prend à nouveau ce qui l’amène à essayer la classe inversée.
Le 28 janvier elle accueille dans sa classe une dizaine d’enseignants eux aussi hétérogènes : les professeurs d’un lycée étranger de la capitale, une professeure des écoles, des professeurs de FLE, une professeure documentaliste… Tous des enseignants en recherche de solution et bien vite réunis autour de victuailles…
Pour sa classe, M Brovelli prépare des capsules vidéos, notamment avec Tellagami, une application qui permet de créer des animations que l’on peut personnaliser. Visiblement les élèves en raffolent car elle intègre des éléments de leur vie quotidienne. Les élèves retrouvent le cadre du lycée, le son de la voix du professeur , du texte, autant d’éléments rassurants. Et c’est vrai qu’Alexandre, un jeune tchétchène actuellement en 6ème, se présente avec aisance et plaisir grâce à l’application Tellagami.
Faire face à l’hétérogénéité
Pour moi la classe inversée est une libération », nous dit M Brovelli. « Je me libère du cours magistral ». Pour elle la classe inversée lui permet de mieux gérer l’hétérogénité de ses élèves. « J’essaie de différencier les capsules vidéos », dit-elle. « Mais la classe inversée me permet surtout d’avoir davantage de temps en classe avec les élèves pour les accompagner ». Elle a aussi remarqué que les élève stravaillent davantage avec les capsules vidéos.
Mais elle est surtout contente d’avoir atteint un autre objectif : encourager le travail entre élèves. « Je remplace le face à face par le cote à cote », dit-elle. Les élèves sont répartis en ilots de 4 personnes et ils travaillent ensemble.
Chaque ilot est un petit morceau de la planète. « Les élèves ont deux grandes qualités », continue M Brovelli. « Ils nous font davantage confiance que els élève ordinaires », explique-t-elle. « Et comme ce ne sont pas des classes d’élite, les parents ne refusent pas l’innovation pédagogique ». Et ça plait bien à Milène qui a toujours envie d’essayer autre chose.
François Jarraud