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Comment faire quand dans sa classe de maternelle, un enfant est intarissable quand l’autre est petit parleur, quand l’un écrit et l’autre trace laborieusement son initiale ? Il faut différencier. Christine Lemoine a pour cela sa méthode qu’elle expose ici : l’atelier échelonné.

Il est souvent demandé aux enseignants d’afficher « leur » progression dans la classe. Ces parcours sont généralement organisés par section et planifiés sur l’année : en période 1, les élèves de GS « apprennent » à dénombrer jusqu’à 5, en période 2… Les éditeurs travaillent aussi dans cette optique. La différenciation, lorsqu’elle existe, est envisagée pour les élèves « en difficulté » comme une remédiation.

Dans les ateliers échelonnés, plusieurs niveaux de difficultés sont proposés d’emblée à tous, ajustés s’il le faut à la réalité de la classe. Les enfants les investissent non pas en fonction de leur section, mais en fonction de leurs compétences (les sections sont d’ailleurs mélangées dans notre classe, dans l’esprit des cycles d’apprentissages.) La différenciation est envisagée ici en amont, en tant que médiation entre les apprentissages et nos élèves. Chacun va pouvoir construire son parcours sans que j’aie eu à me cloner en 25.

C’est au contact de mes élèves de petite, moyenne et grande sections que j’ai imaginé ce dispositif et en observant les enfants de la crèche parentale à laquelle je participais il y a une vingtaine d’année.

Pourquoi ?

L’atelier échelonné répond à l’extrême diversité des enfants de maternelle, même au sein d’une seule section : l’un raconte ses aventures de la veille, l’autre prononce à peine une phrase ; celui-ci commence à écrire à la moindre occasion, celui-là trace laborieusement son initiale ; un autre calcule l’air de rien quand son voisin n’a qu’une vision globale de toutes petites quantités.

En proposant d’emblée plusieurs niveaux de difficultés et en permettant à l’enfant d’explorer plusieurs fois l’atelier, il peut se tromper, recommencer, tenter un travail voisin, un plus ou moins difficile, évacuer son besoin de patouille, mettre à profit le temps du bilan pour tenter un défi personnel…

Les enfants « rapides » ne s’ennuient pas et gardent le goût des apprentissages, les enfants « plus lents » progressent à leur vitesse. Certains prennent confiance en eux en pratiquant des activités qu’ils maitrisent déjà : ils ne perdent pas leur temps. Ils engrangent le plaisir de bien faire, une bonne estime d’eux-mêmes sur laquelle ils vont s’appuyer pour gravir de nouveaux échelons.

Parfois, c’est l’enseignant qui a l’occasion de modifier un atelier qui ne correspond pas aux compétences des élèves. L’enseignant s’est trompé. L’erreur dans les métiers de l’humain est plutôt rassurante : elle témoigne de la diversité des personnes. La construction au contact des enfants des apprentissages me permet d’adapter sans cesse les dispositifs, en gardant en ligne de mire, les attendus de fin de cycle.

Quel niveau d’apprentissage pour quel enfant ?

Les enfants ne prennent pas le niveau le plus facile pour aller jouer : les coins jeux sont ouverts en permanence dans notre classe. Ils ne sont pas réservés à ceux qui ont fini « leur travail ».

Certains ateliers ne posent pas de problème quand au choix du niveau : les enfants suivent leur parcours le plus loin possible.

Mais pour d’autres dispositifs, la question se pose. Dans ce cas, j’essaie autant que possible de laisser les enfants se déterminer par eux-mêmes. Ils naviguent dans la graduation proposée : « si c’est trop difficile, je prends le niveau en dessous, si j’ai besoin de me rassurer, je commence par quelque chose de facile. » La difficulté n’est pas honteuse, elle touche tout le monde à sa façon. Elle fait partie de l’aventure, comme un indice à analyser.

L’élève trouve dans cette recherche de son « meilleur niveau », l’occasion de prendre conscience de ce dont il est capable. Il cerne mieux les composantes d’un apprentissage, ses orientations et peut se situer : voilà ce que je sais faire, voilà ce qu’il me reste à apprendre. Mon rôle est de rendre autant que possible l’enfant autonome dans sa gestion des parcours d’apprentissages.

L’atelier échelonné dans l’organisation de la classe

Il n’y a pas QUE des ateliers échelonnés dans notre classe, même si ce dispositif reste central.

Voici comment il s’articule avec l’organisation de notre classe.

Christine Lemoine

PE circonscription de Dammartin en Goële

Auteure du site www.maternailes.net

Pour en savoir plus

La carte « Organisation de la classe et réussite scolaire »

Le répertoire de brevets, qui présente une foule d’ateliers échelonnés.

Les rouages de l’organisation de la classe